Dans cette arène
Histoire précédente : Libération
Chandra et Nissa sont parties à la recherche de Pia, la mère de Chandra, grâce aux contacts kaladeshis de Mme Pashiri, mais elles sont tombées dans un piège mortel, au fond d’une prison souterraine du Consulat. Ce n’est que grâce à l’intervention opportune d’Ajani Crinièredor, le Planeswalker léonin, qu’un choix cornélien leur a été épargné. Liliana, quant à elle, est partie de son côté, inquiète de la présence de Tezzeret sur Kaladesh. Jace et Gideon, enfin, se trouvent toujours sur Ravnica.
RAVNICA
Le carnarium était bondé, bruyant et rempli d’esprits bavards. Des acrobates aux dents et aux piques étincelantes se balançaient sur de longues chaînes suspendues au plafond. Jace était assis dans un rang au milieu de la salle, hors d’atteinte des funambules et des cracheurs de feu, mais au cœur des rires et du vacarme.
Ral Zarek, le mage d’Izzet assis près de lui, portait un gantelet de mizzium grésillant, qui émettait des arcs énergétiques. Dans l’aura électrique de son voisin, Jace perçut l’inquiétude, aussi s’ouvrit-il à son esprit.
Il entendit ainsi une pensée (Le Pacte des Guildes n’est qu’un…), uivie d’un torrent d’invectives aussi vulgaires qu’imagées.
Il poussa un profond soupir.
Ral, quant à lui, pouffait de rire. Je souhaitais seulement te tester et savoir si tu étais vraiment capable de lire mes pensées.
Test réussi, confirma Jace. Il se tourna vers la scène, observant les saltimbanques rakdos, spectateur comme les autres, enveloppé par le brouhaha. Nous aurions pu nous retrouver à la Salle du Pacte des Guildes, tu sais, à moins que tu n’aies vraiment souhaité assister à un spectacle.
Tous tes visiteurs officiels sont fichés et pistés, émit Ral. Notre entrevue aurait manqué de confidentialité.
Donc Ral n’était pas venu le pétitionner en sa qualité de membre de la guilde d’Izzet ; il voulait au contraire s’entretenir avec lui entre Planeswalkers. Alors, que se passe-t-il ? l’interrogea Jace.
Il s’est produit un transplanement anormal. L’esprit de Zarek marqua une pause, soit pour laisser à son interlocuteur le temps d’assimiler l’information, soit pour trouver le meilleur moyen de formuler la suite : Quelqu’un s’est transplané depuis Ravnica d’une manière, disons, irrégulière.
Comment ! Qui ? Et comment le sais-tu ?
Tu as vu les nuages dans le ciel, Beleren, ne m’oblige pas à te faire un dessin.
Tu vois bien, quand tu veux.
Jace plissa le front. Je croyais qu’on y avait mis un terme après la falsification de ses résultats.
C’est bien le cas, officiellement du moins. Les projections mentales de Ral s’enchaînèrent : des images d’orages électriques et de mécanismes capteurs lui emplirent l’esprit, accompagnés du souvenir des demi-vérités précautionneusement énoncées alors que le souffle chaud de Niv-Mizzet lui léchait le visage.
Jace ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil de côté pour voir l’expression de Ral : il avait le front barré de lignes d’inquiétude.
Entre-temps, celui-ci en était revenu à une communication littérale : Les détecteurs continuent de se déclencher lorsque quelqu’un se transplane. Je vérifie les résultats de temps en temps, en les dissimulant cependant à Niv-Mizzet et à la plupart des membres de ma guilde. C’est toi que j’ai contacté quand j’ai détecté le transplanement de Vraska.
Au nom de la gorgone, Jace grimaça.
Elle a quitté Ravnica, ajouta Ral, mais sans destination.
Sans destination, comment cela ?
Elle ne s’est pas transplanée vers un autre plan ; elle a simplement quitté le nôtre.
Mais cela n’a aucun sens !
Exactement.
La fiabilité des détecteurs serait-elle en cause ?
Ral eut un geste impatient de la main. L’expérience a parfaitement fonctionné. Le diagramme de départ était avéré, mais la destination a été consignée en anomalie, et nul n’a aperçu Vraska depuis, comme si elle s’était transplanée dans le néant.
Jace vit le diagramme électrostatique dans les pensées de Ral : celui d’un transplanement qui se dissipait dans le vide. Il perçut également à quel point cet incident troublait celui-ci, qui n’avait jamais rencontré, dans ses expérimentations, de schéma semblable.
C’est fascinant, communiqua-t-il. Mais, une petite minute, tu veux dire que tu continues de détecter chacun de mes départs de Ravnica ?
Zendikar d’abord, puis Innistrad, c’était bien ton dernier itinéraire en date ? Ral regardait toujours le spectacle, mais ses sourcils haussés l’étaient à l’intention exclusive de Jace. Alors, tu vas rester ici longtemps, cette fois ? Ou bien faut-il nous attendre à nous retrouver bientôt privés de nouveau de notre Pacte des Guildes ?
C’est… Euh… Ral, écoute...
L’intéressé se contenta de se lever pour prendre congé. Bref, j’ai pensé que tu voudrais être au courant. Aux dernières nouvelles, Vraska ne t’appréciait pas vraiment.
Je… Merci. Mais, Ral, attends !
Jace trébucha sur les pieds de spectateurs qui protestèrent, se dirigeant à la suite de l’autre Planeswalker tandis que celui-ci se dirigeait vers la sortie du théâtre. « Ral !… » Il suivit le mage d’Izzet jusque dans la rue et le rattrapa enfin.
« Cesse de t’inquiéter, le rassura celui-ci, avec un geste apaisant de son gantelet. Je ne révèlerai pas tous tes secrets, mais souviens-toi que d’aucuns seraient prêts à tout pour ce poste qui t’est échu par hasard, alors essaie de faire un petit effort, entendu ? »
« Je vais essayer », répondit Jace. Il songea alors à Lavinia, convaincue qu’il se trouvait à son bureau, penché sur une pile de documents, occupé à tenter de maintenir le délicat équilibre délicat entre les guildes. Ou peut-être avait-elle déjà découvert l’illusion qu’il avait laissée derrière lui et qu’elle hurlait « PAAACTE DES GUILDES ! » en direction du plafond, en brandissant les poings, comme elle le faisait souvent.
Un doigt lui tapota l’épaule. Il se retourna, pour découvrir Liliana apparue derrière lui, portant encore sur elle le parfum d’un autre monde.
Celle-ci lança un regard à Ral, puis s’adressa à Jace, autoritaire et lugubre : « Toi. Moi : Kaladesh. Allons-y ! »
Ral croisa les bras, et ses sourcils remontèrent sur son front au comble de leur capacité à exprimer exaspération et ironie.
Jace serra les dents et gronda : « Ce n’est pas le moment ! »
« Je m’en moque éperdument. C’est prioritaire », rétorqua Liliana, péremptoire. Elle redressa les épaules avec son habituelle superbe, mais Jace remarqua qu’elle dansait nerveusement d’un pied sur l’autre. En outre, il n’y avait aucune trace du ton moqueur teinté de cruauté dont elle usait d’ordinaire.
« As-tu trouvé Chandra ? »
« Oui, mais j’ai aussi trouvé quelqu’un d’autre, précisa-t-elle : Tezzeret, en parfaite santé. »
Soudain incapable d’avaler sa salive, Jace s’étouffa.
Liliana jetait des regards vers le ciel, les pavés, les roues d’une carriole de marché, évitant de le regarder en face. Elle poursuivit à voix basse : « Je sais, il m’est aussi agréable qu’à toi que de te demander ton aide. Si j’avais le choix… Bon, écoute, suis-moi sur Kaladesh et emmène le gros bras. »
Sans même laisser à Jace le temps de répondre, la silhouette de Liliana se mit à scintiller. Or cela ne lui ressemblait pas, de se transplaner en beau milieu de la rue, devant un inconnu. Les deux mages échangèrent un regard. Jace eut du mal à trouver ses mots.
« Laisse-moi deviner, Pacte des Guildes, glissa Ral, tu dois… » Jace ouvrit les paumes dans un geste d’impuissance, les mains écartées comme pour s’excuser. « … partir. » Il rentra légèrement la tête dans ses épaules.
Ral le foudroya du regard, hocha la tête puis tourna ostensiblement les talons. Le cerveau de Jace imagina toutes sortes de justifications, mais aucune ne paraissait adéquate, aussi ne tenta-t-il pas de le retenir. Il se redressa, prit une grande inspiration et emprunta une ruelle pour aller chercher Gideon.
KALADESH
Nissa sonda les environs pour savoir si on les suivait : pour l’heure, Chandra, Mme Pashiri, le grand homme-félin et elle-même semblaient en sécurité sous le pont où ils avaient trouvé refuge : aucun soldat du Consulat ni de garde du Dhund, rien que le bourdonnement de la cité. L’un de ces énormes et pesants véhicules qui la sillonnaient passa au-dessus d’eux, faisant étinceler les rails. Nissa grimaça sous l’effet de la commotion de lumière et de bruit, mais au moins avaient-elles échappé au piège de Baral.
« Ajani, vous nous avez sauvées, le félicita Mme Pashiri, radieuse, se retenant à une poignée de fourrure sur le biceps du léonin. Merci. »
« Vous m’avez fait très peur, Mère-grand », ronronna ce dernier.
« Merci, Ajani », insista Nissa. Elle n’avait pas vu d’autres êtres comme lui sur Kaladesh et se demandait comment lui poser la question qui la démangeait : Vous êtes ici depuis longtemps ? »
« Là d’où je viens, mon apparence est moins, disons, incongrue, répondit-il, ajustant sa cape sur ses épaules massives. Nous suivons les déplacements de Tezzeret depuis des semaines. »
Mme Pashiri tapota la grosse patte d’Ajani. « Chandra aussi est à la recherche de quelqu’un : sa maman, Pia, capturée, justement, par les soldats de Tezzeret. »
Nissa lança un regard inquiet à Chandra : à faire les cent pas en claquant des pieds sur les pavés en mosaïque, la pyromancienne lui donnait l’impression d’un cheval de concours prêt à se cabrer.
« Je vais conduire Mère-grand Pashiri en sécurité, décréta le léonin. Ensuite, je pense qu’il vaudrait mieux nous séparer pour couvrir davantage de terrain dans nos recherches. »
« D’accord, approuva Nissa. En travaillant ensemble, je suis sûre que nous pourrons découvrir là où ils l’ont… Où ils pourraient l’avoir… Chandra, qu’y a-t-il ? »
La pyromancienne n’était plus qu’une colonne de feu. Elle fixait, pétrifiée, l’autre côté de la rue, la tête légèrement rejetée en arrière, les cheveux en flammes. Tous suivirent son regard en remontant les parois des tours.
Les oriflammes s’y déroulaient, sous l’action d’un mécanisme quelconque. Elles étaient identiques, énormes, arborant une imagerie racoleuse : un portrait stylisé et démesuré du Grand Juge Tezzeret, nimbé de rais de lumière. D’énormes lettres s’étiraient au-dessus de sa tête : INVENTEURS, VENEZ ASSISTER À LA CONFRONTATION DU SIÈCLE !
Dans un coin de la bannière, entourée d’horribles zébrures, figurait une caricature de Pia Nalaàr.
Le lettrage du bas donnait l’impression de hurler : « LE GRAND JUGE TEZZERET AFFRONTERA LA CRIMINELLE RENÉGATE PIA NALAÀR EN UN DUEL D’INGÉNIOSITÉ : LA GRANDE EXPOSITION. »
La titraille s’achevait par ces mots : « DEMAIN À MIDI ! »
« Chandra », dit Nissa d’un ton apaisant.
« C’est moi qu’il cherche à provoquer, répondit la pyromancienne. Je dois l’affronter. »
« En effet, c’est ce qu’il cherche, mais nous venons à peine d’échapper à l’un de ses pièges… »
« Ma mère est en vie, il n’y a rien d’autre à dire. »
Nissa se tourna vers Mme Pashiri et Ajani.
Ce dernier acquiesça : « Il n’y a rien d’autre à dire, en effet, mais, même à nous quatre, nous ne pourrons pas… »
Trois soldats armés portant la livrée du Consulat traversèrent la rue dans leur direction. L’un d’eux pointa directement Nissa du doigt. « Les voilà ! Par ici ! »
Nissa étendit instinctivement sa conscience pour atteindre les racines sous la rue, se préparant à alimenter leur croissance afin d'entraver les jambes des soldats. Elle se demanda également si elle pourrait démolir ce pont pour couvrir leur fuite. Ajani grogna et empoigna le manche de l’énorme double hache qu’il portait sur le dos. Chandra était déjà en feu, mais elle plia les doigts, prête à lancer de petites comètes de flammes. Même Mme Pashiri se prépara à agir : elle sortit des replis de ses robes un petit automate d’où jaillit une série de roues.
Pourtant, tandis que les soldats approchaient, leurs silhouettes se troublèrent et ondulèrent. Leurs corps parurent se liquéfier en ruisseaux pastel, révélant trois personnages, dont les visages furent bientôt reconnaissables, lorsque la distorsion prit fin : Jace, Liliana et Gideon.
« Il semblerait que ce soit une mission pour les Sentinelles », annonça le mage.
Nissa mit fin à son sortilège et se passa une main sur le visage. « Vos déguisements étaient un peu trop réalistes, et nous étions sur le point de vous écharper. »
« Nous voulions juste passer inaperçus, se justifia Jace. C’est donc vrai, Tezzeret est ici ? »
« En effet, et il a capturé la mère de Chandra, » expliqua Ajani.
« Que fait donc un léonin ici ? » demanda Liliana, toisant Crinièredor.
« Qui sont les Sentinelles ? » rétorqua celui en la dévisageant de toute sa hauteur.
Contrairement aux innombrables mécanoptères patrouillant la cité, l’un d’eux s’était arrêté dans sa course.
Il était pourtant identique à tous les autres, avec ses rotors bourdonnant et son objectif pivotant dans une cornée de verre. Celui-là, cependant, s’en tenait à un vol stationnaire. Il orienta ses lentilles vers un groupe de plusieurs humanoïdes dans la rue en contrebas, et son obturateur de laiton cliqueta. Une série de rouages et de prismes internes projetèrent les images ainsi captées sur des sels d’Éther, figés sur de petites plaques de cuivre, elles-mêmes fixées sur un rouleau à l’intérieur du châssis.
Satisfait, le mécanoptère inclina ses stabilisateurs, vira de ses rotors auxiliaires et prit de l’altitude.
Il atteignit ainsi le niveau des toits et grimpa encore, traversant un vol de grues migratoires. Il inclina alors ses volets de courbure pour éviter un drakôn trop curieux, puis continua de s’élever, visant une forme sombre dans le ciel. Un petit sas rond s’ouvrit dans l’énorme coque du Souverain des cieux. L’aéronef avala le mécanoptère, et le sas se referma en douceur sur lui.
Le petit appareil se posa sur une série de pinces mécaniques accrochées sur un tapis roulant, et ses rotors s’arrêtèrent. Les pinces retinrent le mécanoptère tandis que le convoyeur le transportait dans un conduit sombre des entrailles du Souverain des cieux, puis elles le relâchèrent pour le laisser rouler sur un autre tapis, plus rapide, à travers la cellule de reconnaissance de l’aéronef. Il passa ainsi d’un convoyeur à un autre, jusqu’à un carrousel de métal ouvragé, qui pivota pour, finalement, le livrer à des mains humaines.
Son Excellence le Consul Kambal posa le mécanoptère sur un bureau, ôta le capuchon d’un outil, inséra celui-ci dans l’abdomen de l’appareil et y ouvrit un panneau. Il sortit le rouleau d’images et souleva les plaques pour les tenir devant la lumière, maugréant en détaillant chacune d’elles. Il en choisit une en particulier, qui montrait clairement la cible : Nalaàr, fille de Victoire Renégate. Ses complices et elle avaient découvert les oriflammes.
« Où est l’ordonnance ? » aboya-t-il.
Une jeune femme apparut, immédiatement au garde-à-vous. « Un message, Excellence ? »
« Alertez l’Inspecteur Baàn : la cible va mordre à l’appât. Préparez la saisie. »
Pia baissa les yeux sur les chaînes à ses poignets et pensa à sa fille. Bien qu’aussi ouvragées que des bijoux, les menottes lui entaillaient sa peau, tout comme elles l’avaient probablement fait pour Chandra, alors que celle-ci n’avait que onze ans. La prisonnière s’appuya contre la paroi à laquelle elle était attachée, dans l’un des tunnels de service derrière l’arène : les « coulisses ».
Elle a dû se trouver dans cette même situation, songea-t-elle, à attendre, humiliée, déshumanisée. Tout comme ce jour-là, un homme sourirait à la foule, brandissant son bras métallique pour un spectacle de violence ainsi que de cruauté, puisque même le lieu était identique : l’arène où Chandra avait cherché sa mère dans les gradins, avant d’être arrachée de Kaladesh.
Pia espérait ardemment qu’elle ne l’y verrait pas. Ne viens pas, ma chérie, implora-t-elle. Reste en sécurité. Reste en vie ! Les oriflammes annonçaient que le spectacle se constituerait d’une exhibition de façonnage — un duel d’inventeurs, chacun des adversaires improvisant ses créations — qui opposera le Grand Juge à l ‘« infâme » Victoire Renégate. Mais elle savait voir au travers de ces mensonges : Tezzeret ne se contentait pas de l’offrir en pâture au public de la Foire des inventeurs ; elle servait d’appât.
Depuis l’arène, elle entendit les haut-parleurs aboyer au travers des murs. Sous les acclamations, un annonceur proclama Rashmi vainqueur du grand prix de la Foire. La voix du Grand Juge, bouffi de grandiloquence, décrivit ensuite tous les avantages qu’offrait le privilège de travailler à ses côtés. D’autres applaudissements résonnèrent, mais cette fois sans passion et amortis par l’épaisseur des couloirs.
Un officier arriva avec deux trousseaux de clefs. Pia ne leva les yeux qu’au moment où il prit la parole, aiguillonnée par cette voix, graveleuse et sadique, qu’elle reconnut immédiatement.
« Vous êtes prête à jouer votre rôle, Nalaàr ? » cracha Baral, soulevant son masque. Les cicatrices pâles sur l’un des côtés de son visage étirèrent son sourire, révélant la moitié de ses dents.
Pia se débattit contre ses chaînes, puis se calma. Une vague de révulsion l’envahit, mais elle leva crânement le menton, dirigea ses yeux derrière lui, sans le regarder, et l’interpela : « Cette obsession que vous vouez à ma famille, ce lobe malade de votre cerveau qui vous fait croire que nous punir vous conférera un quelconque mérite, eh bien, peu importe, car rien de ce que vous pourriez faire ne l’atteindra. »
« Oh, bien sûr, vous ne savez pas la nouvelle, la nargua Baral. Elles sont venues vous sauver, mais au mauvais endroit, je le crains. Cette tentative de sauvetage s’est en effet funestement terminée pour votre fille. »
Elle posa enfin les yeux sur son visage, horrifiée, mais se rappela que c’était celui d’un fabulateur. Elle détourna alors le regard vers l’arène et gronda néanmoins entre ses dents, en détachant les mots : « Si vous avez touché à un seul de ses cheveux… »
« Nous verrons bien, n’est-ce pas ? ironisa Baral. Croyez-vous qu’elle sera là ? Lorsque Tezzeret vous humiliera dans l’arène, accourra-t-elle vous sauver ? »
Ne viens pas, ma fille, supplia-t-elle. Je t’en prie, pour une fois, fais ce que te dit ta mère !
« C’est l’heure, Victoire Renégate, annonça son ennemi mortel. Si vous voulez bien m’accompagner ? »
Il saisit ses chaînes et tira, mais elle écarta les poignets d’un coup sec et avança de son propre chef.
Ils s’arrêtèrent au pied d’une volée de marches éclairées par la lumière aveuglante du soleil de midi. Des gardes consulaires escortaient l’elfe Rashmi ainsi que plusieurs autres inventeurs dans l’escalier. Ces derniers étaient si absorbés par leurs discussions, enveloppés d’un tel un parfum d’excitation, qu’ils ne remarquèrent même pas Baral qui détachait Pia, ni les gardes qui leur confisquaient au passage leurs inventions lauréates.
« Et maintenant, amis et citoyens, déclama l’annonceur, nous vous demandons de rester assis pour le dernier spectacle de l’exhibition d’aujourd’hui : le duel de forgevifs qui sera sans nul doute le clou de la Foire ! Et voici le premier concurrent, le responsable de la Foire en personne, le Grand Juge Tezzeret ! »
Pia n’entendait même plus les acclamations ; elle réfléchissait. Depuis la porte de l’arène, elle scruta les tribunes. Elle ne vit aucun renégat, ni Chandra, ni aucune tête connue. Les agents de sécurité de Tezzeret avaient dû veiller à ne laisser entrer aucun de ses alliés. Peut-être qu’en fin de compte, elle ne servirait pas d’appât. Son seul espoir était d’être la plus divertissante possible, pour se gagner les faveurs de la foule, autrement dit faire tout ce qu’elle pourrait pour éviter de retrouver menottes et cellule.
« Je suis ravi d’avoir pu être là, susurra Baral. Je n’aurais raté pour rien au monde l’occasion de vous faire mes adieux. »
Que veut-il dire par là ? Prise d’une soudaine angoisse, elle sentit son estomac se nouer.
L’annonceur l’appelait dans l’arène : « Et maintenant, amis et citoyens, son adversaire : la trafiquante d’Éther terroriste, qui s’en est prise à votre Foire des inventeurs… Pia Nalaàr ! »
Baral lui pointa une lame dans le dos, et elle sortit sous les huées du public. Elle avança jusqu’à l’emplacement qu’on lui désignait, sans quitter Tezzeret des yeux. Celui-ci se tenait à l’autre bout de l’arène, impassible, sans même encourager la foule. Devant elle se trouvait un coffre recouvert d’un tissu brodé ; un second, identique, était posé devant Tezzeret.
La voix de l’annonceur commença presque comme un murmure avant de monter crescendo : « Aujourd’hui, dans cette illustre arène, nous allons assister au dernier défi : nous allons décider lequel de ces deux inventeurs célèbres est le meilleur. Ne manquez pas une seconde de cet affrontement, citoyens de Ghirapur, car il définira l’avenir de notre ville et de notre monde. Que le duel commence ! »
Pia retira la couverture du coffre et fit rapidement l’inventaire de son contenu : un assortiment de rouages et de plaques de métal, quelques pièces de verre soufflé, une alimentation éthérique sommaire et quelques outils rudimentaires. Pas grand-chose, en fait, en tout cas, pas suffisamment pour galvaniser la foule.
Elle leva les yeux. Tezzeret farfouillait dans son coffre et avait déjà à moitié construit une créature à pattes multiples. Quelle rapidité !
Pia plongea les mains dans son coffre et, au contact des métaux, son génie d’invention s’éveilla soudain. Elle misa alors sur ses points forts : l’assemblage, le montage et le soudage par point. Elle laissa les composants lui dicter ce qu’ils voulaient devenir, comme autrefois, et une création simpliste à quatre ailes commença à prendre forme. Elle la dota d’un châssis léger pour plus de vitesse ainsi que d’un dard sur le nez pour l’attaque. Si Kiran avait été là, il aurait donné au drone plus de manœuvrabilité, histoire d’épater la galerie...
Concentre-toi. Avant tout, il faut le faire voler !
Elle brancha alors le bloc d’alimentation éthérique à la partie où se trouvait le pignon, et le mécanoptère prit vie, déclenchant des « Ohhh ! » dans le public. Elle l’envoya voleter en direction de Tezzeret, espérant le distraire pendant qu’elle s’attelait à sa prochaine création.
Le Grand Juge avait déjà assemblé une sorte de mille-pattes argenté. Celui-ci se déplia, plus grand que son créateur, exhibant son châssis bordé de pattes et de pinces tranchantes. La foule l’applaudit à tout rompre. Mais comment a-t-il créé cette chose à partir des pièces fournies ? Il pourrait au moins faire semblant de ne pas tricher ! Le mécanoptère de Pia se mit à tournoyer autour de Tezzeret, le menaçant de son dard, mais il écarta celui-ci comme une mouche et dirigea son insectoïde vers son adversaire.
Pia bricola rapidement un servo basique, l’envoyant à l’assaut du mille-pattes tandis qu’elle terminait à peine de souder ses plaques dorsales. L’autre créature mécanique le mit en pièces, mais l’inventrice y avait emboîté une surprise : un petit détonateur. Le servo explosa ainsi en une déflagration de fragments et de fumée, détruisant avec lui les pattes du myriapode. Le public acclama. Et si je faisais mieux que de retarder l’inévitable ? Je peux peut-être gagner.
Pia bondit pour récupérer des éléments sur la machine de Tezzeret. C’était bien ce qu’elle pensait : celle-ci se composait de constituants absents de son propre coffre, et même de métaux qu’elle ne savait identifier. Elle désossa son châssis et commença à récolter des pièces pour sa prochaine création, espérant que son mécanoptère continuerait de distraire encore un peu son adversaire.
Elle se concentra, pliant des composants pour créer des assemblages inédits, mais, pour ingénieux que fussent ses appareils, Tezzeret parviendrait toujours à lui opposer un automate considérablement plus rapide, puissant et résistant. Elle se savait meilleure ingénieure que son adversaire, et pourtant, ses machines à lui s’étaient mises a phagocyter les siennes, obérant ses maigres réserves de matériaux.
Elle se précipita vers son coffre, mais un membre métallique pointu se ficha dans le sol à côté d’elle, et elle perdit l’équilibre. Elle leva les yeux : un automate tout neuf, en forme de crabe, la surplombait, son propre mécanoptère embroché sur l’une de ses pattes. Le petit drone battit encore une fois des ailes, puis rendit l’âme.
Pia jeta un regard en direction de Tezzeret. Il avançait à grands pas vers elle, sa main métallique dressée. Des bandes de métal s’incurvèrent par magie, sous l’effet de sa volonté, se transformant rapidement en une petite colonne d’automates aux pattes tranchantes, sur lesquelles ils se dressèrent, telle une armée sans visage aux épaules d’argent, et se mirent à l’encercler.
La foule scandait le nom de Tezzeret, applaudissant déjà sa victoire imminente.
« Vous avez perdu, Pia Nalaàr, dit le Grand Juge, à sa seule intention. Et maintenant, à l’endroit même où votre fille a été jugée pour ses crimes, justice sera rendue pour les vôtres. »
Il leva le bras, et l’armée d’automates chromés se dirigea inexorablement dans sa direction. Le métal du plus proche se distordit sur son torse, pour former un membre acéré. Tezzeret gardait le bras levé, la contemplant d’un œil sadique.
Il n’est pas seulement là pour régaler le public, pensa-t-elle. Il va me tuer !
Le Grand Juge abaissa brusquement le bras, et sa création métallique passa à l’attaque. Pia essaya de rouler au sol pour esquiver ou dévier le coup fatidique...
À cet instant pourtant, l’automate se bossela, puis s’affaissa sur le côté, avant de s’écrouler : un trou fumant et chauffé à blanc lui perforait le flanc. Le public poussa une exclamation de surprise, cherchant des yeux d’où provenait cette intervention extérieure. L’éclair de feu avait jailli des gradins, d’une jeune femme aux cheveux roux, visiblement furibonde.
Pas encore !
Combien de fois devrai-je te le répéter, Jace ? répondit mentalement Chandra. Arrête de me le dire !
La pyromancienne sauta des gradins pour atterrir au centre de l’arène. Le sort d’illusion avait fait son office pour la camoufler, mais il s’était dissipé aussitôt qu’elle avait commencé à utiliser sa magie.
Nous devons comprendre la raison de sa présence ici, insista Jace. Occupe-le !
Curieusement, sa mère affichait un air réprobateur et la fustigea : « Chandra, fiche le camp d’ici immédiatement. C’est un piège ! »
« Euh, oui, je sais. répondit la pyromancienne, canalisant du mana pour lancer un nouveau sort incendiaire. Et je suis venue pour te sauver. »
« C’est justement ce qu’il veut ! riposta sa mère. Laisse-moi et va-t-en immédiatement, jeune fille ! »
« Je ne suis plus une gamine ! se récria Chandra. Et je ne veux pas te perdre à nouveau ! »
« C’est donc toi, la plus jeune des Nalaàr ? s’exclama Tezzeret en se frottant les mains, chair contre métal. Tu te joins au duel que ta mère vient tout juste de perdre ? Comme c’est touchant ! »
Chandra vit que, partout, les spectateurs s’avançaient sur leur siège, hypnotisés par le psychodrame qui se jouait sous leurs yeux. « Je ne vais rien construire pour t’attaquer, Tezzeret, dit-elle, mais je te ferai quand même mordre la poussière ! »
« Quoi, ici ? ironisa Tezzeret. Précisément dans cette arène-ci ? Tu vas oser m’affronter à l’endroit même où tu as jadis failli… »
« Oui, éclata la pyromancienne. J’ai saisi : l’endroit où j’ai failli être exécutée. Je ne suis pas insensible à cette ironie du sort, mais pourrait-on se battre maintenant ? » Elle se concentra sur un point dans sa paume, et une boule de feu s’y arrondit.
Des murmures parcouraient la foule. Dans le même temps, des soldats consulaires se précipitèrent pour arrêter Chandra, mais Tezzeret leur signifia de ne pas intervenir. Il s’adressa néanmoins brièvement à l’un de ses hommes, puis congédia ses troupes et se retourna pour faire face à Chandra. Ses automates, qui lui obéissaient toujours, pivotèrent à sa suite.
« Oui, je vais t’affronter, petite », annonça Tezzeret, cette fois à l’attention du public. Ses machines firent un pas en avant. « Mais le combat risque d’être bien court si tu me combats toute seule. »
Chandra scinda la boule de feu en deux, et ses deux poings s’embrasèrent. « Mais qui a dit que j’étais seule ? » lança-t-elle.
C’est alors que plusieurs Planeswalkers apparurent les uns après les autres dans l’arène, au fur et à mesure que s’effaçait l’illusion qui les dissimulait jusque-là.
Les renforts de Chandra dégainèrent leurs armes et fourbirent leurs sorts. Elle remarqua que Tezzeret, à les voir, avait reculé presque imperceptiblement.
Après un instant de silence décontenancé, la foule se dressa dans un tumulte de cris, imaginant sans doute que cette apparition faisait partie du spectacle, estima Chandra, le couronnement de l’exhibition. « Tuez-les, Grand Juge ! » exhortaient certains. « Rossez-le, renégats ! » répliquèrent d’autres. Quelques voix lancèrent : « Tezzeret a triché ! »
Chandra, dit la voix de Jace dans sa tête. Je crois que ses automates bloquent ma télépathie ; il va falloir se rapprocher.
Alors, autrement dit, tu me demandes de faire sauter des zinzins en métal, répondit la pyromancienne. Mais avec plaisir !
Dès qu’elle vit Ajani et Gideon se précipiter pour protéger sa mère, Chandra passa à l’attaque : ses boules de feu percutèrent les machines de Tezzeret comme des coups de poings, les culbutant l’une après l’autre. L’un des automates fondit sans vaciller. Un autre s’approcha suffisamment pour entailler la joue de la jeune femme, mais se transforma aussitôt en tuteur rouillé pour plantes grimpantes.
Pourtant, d’un geste de la griffe métallique du Grand Juge, les fragments de métal se reforgèrent et formèrent de nouveaux simulacres, qui rampaient sous les rafales de la pyromancienne et se dégageaient des lianes de Nissa. Chandra projeta alors des jets de flammes, voyant du coin de l’œil que Gideon et Liliana la flanquaient, et que Nissa et Ajani broyaient un autre automate qui menaçait sa mère.
Pendant un moment, le public se demanda visiblement comment réagir, surtout que les démonstrations publiques de magie sans appareillage restaient rares, sur Kaladesh. Cependant, Chandra constata bientôt que, peu à peu, les spectateurs optaient pour les applaudissements.
Tezzeret recula, et pour la première fois, la pyromancienne crut déceler une hésitation avant sa prochaine riposte. Elle s’adressa à Jace en pensée : Tu as réussi à le sonder ?
Non, répondit le mage, qu’elle sentit particulièrement frustré. Quelque chose me bloque toujours.
Dépêche-toi d’y remédier !
Hélas, son esprit est trop bien gardé, objecta Jace. Nous avons ta mère. Je crois qu’il vaudrait mieux s’en aller.
Chandra lança un regard en direction de l’intéressée, puis de Tezzeret. Je crois que je ferais mieux d’en finir avec lui, ici et maintenant. Le feu qui lui recouvrait le poing remonta le long de son bras, et les flammes troublèrent sa vue.
Jace, cependant, l’enjoignit à la prudence : Chandra, s’il se savait devoir protéger son esprit, c’est donc qu’il était préparé. Il savait que nous allions tous venir. Nous avons commis une erreur grossière !...
Chandra ferma le poing, y comprimant le feu en un corpuscule de chaleur aveuglante. Elle serra les dents et frissonna. Il me suffirait de...
Liliana s’invita dans le dialogue télépathique, son injonction forte et claire : Tue-le !
Une immense ombre recouvrit soudain l’arène, et Chandra leva les yeux : le Souverain des cieux éclipsait le soleil. Sa forme majestueuse recouvrait toute l’arène, la survolant dans le ronflement de ses moteurs. Une énorme tourelle pivota sous son ventre, crépitant d’Éther ; elle ne tira pas, mais, manifestement, se préparait à cette éventualité.
Avec un large sourire, Tezzeret annonça à l’ensemble de l’arène : « Et ceci conclut la Foire des inventeurs, mes amis. Je remercie sincèrement tous les novateurs de ce monde. » Il s’inclina galamment pour saluer, puis s’éleva du sol sur une colonne d’acier filigranée.
Un panharmonicus entonna un hymne, et des feux d’artifice fusèrent des tours qui surplombaient le stade. Ces sons criards tranchaient sur la chape de silence qui s’était abattue sur le public.
Le regard de Chandra passa de la particule de feu aveuglante au creux de sa paume au visage de Tezzeret. Il battait en retraite ! Après avoir persécuté sa mère, il prenait la fuite !
« C’est terminé », lui souffla Nissa, près d’elle, et la jeune femme fut surprise de constater à quel point elle était soulagée. « Ce sera pour une autre fois. Aujourd’hui, c’est fini ! »
Chandra acquiesça, retenant des larmes de délivrance et de gratitude. La boule de feu concentrée dans son poing se dissipa, oubliée.
À onze ans, Chandra avait scruté cette même arène, avec le faible espoir d’y apercevoir le visage de sa mère, mais en vain ; aujourd’hui, elle faisait de même, mais celle-ci était là, devant elle.
Pia ouvrit les bras, et Chandra s’y précipita.
Elle avait mille fois rêvé de ce moment en contemplant les plaines volcaniques de la Forteresse de Keral, à s’interroger : si elle pouvait passer ne seraient-ce que quelques instants avec sa maman, que ressentirait-elle ? Celle-ci aurait-elle toujours ce parfum mêlant l’âpre odeur du métal d’apport pour la soudure et le nectar sucré des pétales de rose ? Et que lui dirait-elle ? Que pourrait-elle bien lui déclarer qui exprimerait adéquatement son affection pour elle, sa gratitude, son désir de rentrer à la maison et de se retrouver en sécurité avec elle ?
Elle ouvrit la bouche, ses yeux se remplirent de larmes et elle ne parvint qu’à articuler : « Maman… Pardon. »
Sa mère lui murmura à l’oreille des paroles de réconfort et la serra dans ses bras.
Au-dessus d’eux, Tezzeret continuait son ascension sur le filigrane qui n’en finissait pas de s’allonger. Le Souverain des cieux l’accueillit à son bord, et le sas se referma sur lui. Le panharmonicus continuait d’égrener ses notes triomphales, désormais vides de sens. La foule regarda, silencieuse, l’aéronef virer lentement de bord puis s’éloigner. Le ciel s’éclaircit de nouveau.
Ce n’est qu’au départ des premiers spectateurs que Chandra entendit des cris d’outrage. Elle traversa la foule, serrant sa mère dans ses bras, et les autres les suivirent hors de l’arène. Au milieu de cette masse compacte de visages inquiets et du vacarme de leurs voix alarmées, elle s’avisa des boucles grises dans la chevelure noire de Pia et des rides sur son visage.
Une femme à la robe décorée de filaments d’or ciselés les interpela toutes deux : « Je m’appelle Saheeli Rai, dit celle-ci, et je dois vous parler. À vous aussi, Madame. » Elle avait le visage grave.
« Qu’y a-t-il ? s’inquiéta Chandra. Que se passe-t-il ? »
« Les inventions. Elles ont disparu ! »
« Quoi ? » s’exclamèrent Pia et Ajani d’une même voix.
« Je crois qu’ils ont enlevé Rashmi et les autres, continua Saheeli, ainsi que tous les appareils présentés lors de la Foire : les inventions primées, les projets amateur, la découverte de Rashmi ; tout a disparu, tout a été confisqué ! Or j’ai vu ce dont vous étiez capable pendant l’exhibition. Pouvez-vous nous aider ? »
Chandra entendait à présent ce que tous criaient autour d’elle, tous ces inventeurs, participants au concours de la Foire : « Ma création ! » ; « J’ai mis tant de moi-même dans ce projet ! » ; « Comment ont-ils osé s’en emparer ? » Les soldats et les automates du Consulat étaient présents en force. La pyromancienne ne se rappelait pas que la sécurité eût été aussi stricte à leur entrée dans l’arène.
« C’était donc cela, le plan de Tezzeret ! s’exclama Pia, indignée. Une gigantesque diversion. »
« Nous devons sortir du stade et faire le point, conseilla Jace. Ensuite, il faudra mettre un terme à ses méfaits, car il manigance quelque chose, c’est certain. »
Ajani grogna « Je dirais qu’il construit quelque chose ! » affirma-t-il.
Histoires archivées Kaladesh
Profil du Planeswalker : Ral Zarek
Profil du Planeswalker : Tezzeret
Profil du Planeswalker : Saheeli Rai
Profil du Planeswalker : Ajani Crinièredor
Profil du Planeswalker : Chandra Nalaàr
Profil du Planeswalker : Nissa Revane
Profil du Planeswalker : Liliana Vess
Profil du Planeswalker : Jace Beleren
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