Il y a quelque temps, j’ai commencé une série d’articles sur les raisons pour lesquelles vous voudriez mettre un nombre spécifique de cartes dans votre deck. J’ai déjà abordé quatre exemplaires d’une carte dans Cartes puissance quatre, et trois exemplaires d’une carte dans Le trio infernal.

Aujourd’hui nous allons ajouter un nouveau chapitre à cette saga. Et si vous avez suivi la progression jusqu’ici (ou si vous avez lu le titre de cet article), vous savez de quoi je vais parler : deux !

Alors, qu’est-ce qui pourrait bien vous inciter à inclure deux exemplaires d’une carte spécifique dans votre deck ?

Deux est un des chiffres les plus délicats pour construire un deck. Avec quatre, c’est assez évident de savoir pourquoi vous en voudriez autant : vous voulez la piocher aussi souvent que possible. Avec trois exemplaires, vous voulez la piocher parfois et idéalement pas à répétition. Mais deux ? Deux est un peu un cas à part.

En règle générale, deux est le chiffre que j’essaie d’éviter de jouer en trop grand nombre. D’habitude, quand quelqu’un me montre un deck plein de cartes à deux exemplaires, c’est le signe d’un deck mal peaufiné : vous ne savez pas quelle est la bonne carte à jouer, et par conséquent vous jouez avec plusieurs cartes à deux exemplaires pour couvrir vos arrières.

Mais il existe bien sûr quelques très bonnes raisons de procéder de cette façon. Examinons cinq raisons courantes pour lesquelles vous jouez avec deux exemplaires.

1. La carte dépend grandement de la situation

Certaines cartes sont extrêmement puissantes dans certains appariements, et quasiment inutiles dans d’autres. Souvent elles se trouvent reléguées à la réserve — mais pas toujours. Parfois le metagame ou une faiblesse dans votre deck vous pousse fortement à y avoir accès dans votre deck principal. Du coup, une carte traditionnellement de réserve fait son apparition dans votre deck principal.

Par exemple, partons du principe qu’un élément majeur du metagame soit des decks agressifs noirs et/ou rouges. Normalement, vous mettriez le Déferlement de droiture en réserve, mais avec la popularité de ces decks vous voulez peut-être l’inclure dans votre deck principal.

Alors que le Déferlement n’est pas complètement inutile contre d’autres decks — peut-être allez-vous rencontrer un deck Midrange avec quelques créatures noires ou quelque chose du genre — il n’est au fond présent que pour ces decks spécifiques. Il peut s’agir d’une carte complètement morte dans certains appariements.

Eh bien, deux exemplaires est un chiffre raisonnable à jouer. Vous allez en trouver un de temps en temps, en plus de vos autres sorts d’anti-créature, pour vous donner un coup de main contre ces decks beatdown et il apportera une différence significative. En même temps, vous avez très peu de chances d’en piocher deux, ce qui signifie que dans les appariements où la carte à deux exemplaires est catastrophique, elle ne va pas trop vous encombrer.

2. La carte est anormalement chère à lancer pour votre deck

Quand j’ai parlé des cartes à trois exemplaires, j’ai mentionné qu’un bon candidat pour ce chiffre est souvent quelque chose du sommet de la courbe de votre deck.

Eh bien, les deux exemplaires poussent cette idée à l’extrême.

S’il y a quelque chose de vraiment puissant mais d’exceptionnellement haut dans la courbe, alors il peut s’agir d’un bon candidat pour une représentation en deux exemplaires.

Et voici de bons exemples :

Vous vous rappelez des Titans ?

Les Titans sont incroyablement forts — à un tel point qu’ils peuvent renverser des parties qui semblent désespérément perdues. Cependant, si vous jouez un deck Midrange mono-rouge et que le sommet de votre courbe est à quatre manas, alors le Titan de la fournaise est un peu ambitieux. Mais pour les quelques parties où vous vous trouvez inondé, il peut changer la donne.

Deux est le chiffre pour lequel quelques joueurs rouges ont opté. Il y a très peu de chance que vous les piochiez tous les deux, et au pire vous vous retrouveriez avec une carte que vous ne pouvez pas lancer. Et si vous vous retrouvez avec une inondation ou que la partie tire en longueur, alors c’est l’atout qui vous permet de finir la partie.

3. Votre deck a le temps pour la trouver

Le deuxième point ne vaut pas seulement pour des decks Midrange ou agressifs, il peut aussi s’appliquer à des decks Contrôle. Cependant, le gros avantage de ces decks est qu’ils sont conçus pour jouer des parties longues.

Quand vous jouez avec la pioche de cartes et des moyens de voir de grands pans de votre deck, comme par exemple avec la Fouille temporelle et qu’en plus vous retardez la partie avec des sorts d’anti-créature et des nettoyeurs de table comme l’Homicide et la Fumigation, cela signifie que vous avez de bien meilleures chances de finir par trouver n’importe quelle carte. Cela rend les decks Contrôle plus adaptés aux cartes à deux exemplaires que certains autres.

Un finisseur est généralement une des places où cela se manifeste. Prenons Akroma, ange de la Colère comme exemple.

En ce qui concerne les finisseurs super chers comme cet ange légendaire, vous aurez plein de temps pour essayer d’en trouver un. Vous ne voulez certainement pas qu’il se retrouve dans votre main tôt dans la partie. Il résiste également aux sorts d’anti-créature et vous n’allez donc pas en vouloir un deuxième car il est légendaire. Il s’agit certainement là d’un type de carte dont vous pourriez jouer deux exemplaires en plus d’autre chose.

Et ça ne concerne pas uniquement les finisseurs — peut-être mettez-vous dans votre deck principal des sorts d'anti-artefact ou d’anti-enchantement très situationnels, ou peut-être avez-vous un gros sort de gain de points de vie que vous ne voudrez trouver que de temps à autre pour vous stabiliser ? Toutes ces cartes peuvent être des sélections raisonnables si votre deck est construit pour durer.

Et pendant qu’on tourne autour du sujet de diviser les finisseurs…

4. Vous divisez ou vous complémentez

À quel moment deux exemplaires d’une carte ne sont-ils pas vraiment deux exemplaires ? Quand vous les divisez !

Comme je l’ai mentionné dans Le trio infernal, la division est une technique de construction de deck utilisée pour créer de la diversité dans les options à votre disposition. Si vous faites la sélection par exemple entre deux sorts d’anti-créature ayant chacun une restriction, alors vous voudriez peut-être jouer deux de chaque.

Plutôt que de piocher deux fois la même carte, il est souvent avantageux d’en piocher une de chaque. Si l’adversaire joue Anafenza, la Primordiale, vous allez préférer avoir Étouffer. S’il joue un Archange Avacyn, alors votre préférence va aller au Prix ultime. Disposer d’une plus grande variété — quand c’est approprié pour le metagame — vous aide à vous occuper de la bonne menace au bon moment.

Une carte à deux exemplaires peut également apporter quelque chose d’autre. Si vous jouez deux Frappe foudroyante en plus de quatre exemplaires de la Foudre, alors la fonction des Frappes est d’agir comme des Foudres supplémentaires. Il s’agit donc moins d’un « deux exemplaires » et plus d’un « six exemplaires ».

5. Vous ne disposez pas d’assez d’information

Il faut un peu de courage pour laisser sa fierté de côté— mais parfois vous n’en savez tout simplement pas assez.

Laissez-moi vous mettre en situation.

Vous voulez jouer un deck Contrôle blanc-bleu. Vous avez tranquillement travaillé sur votre deck pour déterminer quoi jouer. Puis, la nuit avant le tournoi, vous vous décidez d’essayer la Carcasse mécanique torrentielle et découvrez que dans votre deck spécifique elle est vraiment puissante.

Cependant, vous n’avez joué qu’une poignée de parties avec elle. Vous ne savez pas quels appariements pourraient souffrir en la mettant dans votre deck, et si vous éliminez d’autres conditions de victoire, vous pourriez accidentellement affaiblir votre deck et rendre la victoire difficile.

Une option est de simplement mettre la Carcasse mécanique de côté et de vous en passer pour cet événement. Mais si vous voulez la jouer, vous pourriez essayer de n’en jouer que deux. C’est beaucoup plus sûr : si elle se révèle aussi géniale que vous le pensiez, alors elle est toujours disponible dans votre deck, mais vous ne risquez pas de vous retrouver au tour deux à réaliser que vous avez considérablement affaibli votre deck par accident (bien que je ferai remarquer que dans de nombreux cas il est préférable de conserver votre construction antérieure si vous avez vraiment des doutes — mais c’est un sujet pour un autre article).

Il y a un petit côté méta à agir ainsi, mais si votre objectif est de vous offrir la meilleure chance tout en réduisant les risques, alors le mi-chemin est toujours une option à envisager — sans que cela ne soit bien sûr automatiquement toujours la bonne décision.

Double détente

Alors que je n’aime en général pas les cartes à deux exemplaires, quand je commence une construction il m’arrive souvent d’en ajouter plusieurs dans ma première version. Pourquoi ? Parce que je veux piocher une bonne variété de cartes pour voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Puis, à partir de là je peux commencer à peaufiner. Elles vous offrent de la variété.

Je vous encourage à essayer de le faire. Idéalement, vous n’allez alors jamais vous retrouver dans la situation 5 — et explorer de nombreuses cartes différentes dès le départ peut vous être d’une grande aide.

Voilà qui conclut mon exploration des cartes à deux exemplaires ! Avec les options deux, trois et quatre passées en revue, vous pouvez vous attendre à l’exploration des cartes en un seul exemplaire dans un futur proche.

En attendant, si vous avez des réflexions ou des questions, n’hésitez pas à me les communiquer ! Vous pouvez toujours me joindre en m’envoyant un tweet sur mon Twitter, me poser une question sur mon Tumblr, ou m’envoyer un e-mail à BeyondBasicsMagic@gmail.com.

Amusez-vous bien à sélectionner le bon nombre d’exemplaires pour toutes vos cartes dans vos decks. On se reparle la semaine prochaine !

Gavin
@GavinVerhey
GavInsight