Histoire précédente : Les survivants de la Roche céleste

Quand Kalitas et les Ghet ont menacé de faire de tous les vampires de Malakir les esclaves des Eldrazi, Drana a riposté, reprenant le contrôle de la ville et refoulant Kalitas et ses traîtres loin de ses murs. Mais cette victoire a été de courte durée ; les rescapés ont été repoussés à leur tour par des hordes eldrazi toujours plus fournies.

Des milliers de mortels, qui n'avaient d'autre choix que de se joindre à eux ou périr aux mains des monstres, ont grossi leurs rangs. Ils sont le dernier bastion de civilisation en Guul Draz, et ils arpentent le continent ravagé, en quête d'espoir ou de secours dans un monde où les deux se font de plus en plus rares.


Dans un ciel couleur de bois mort, un vol d'oiseaux s'interrompit subitement. Nulle force ne les avait entravés, nulle flèche et nul sort n'avaient perforé leurs ailes. Ils s'étaient immobilisés et étaient morts, tout simplement, leurs corps inertes cessant de les porter. Drana se dit qu'ils avaient tout bonnement abandonné. Peut-être était-ce le choix le plus raisonnable.

Autour d'elle, d'énormes traîneaux grinçaient et se déformaient sous le poids de milliers de réfugiés, vampires et mortels. Chacun d'eux était attaché à des centaines d'inféconds, bavant et balbutiant tandis qu'ils continuaient d'avancer, encore et toujours. Ils n'avaient plus de but. Ils fuyaient, c'était tout. Loin des Eldrazi, loin d'une mort assurée. Mais chaque jour voyait diminuer leurs options. Guul Draz se faisait envahir par toujours plus d'abominations.

Consciente qu'une vue d'ensemble ne lui offrirait guère d'espoir, Drana prit tout de même les airs. Il y avait là six traîneaux géants, avec les rares mortels encore aptes au combat et une petite bande éparse d'éclaireurs et de cavaliers vampires. Quinze mille âmes au plus, et il y en avait peut-être vingt pour cent dont les prouesses au combat se révélaient plus précieuses que le sang délicieux qui courait dans leurs veines. Au départ, quand ils avaient libéré Malakir des vampires renégats qui avaient succombé à l’appel des Eldrazi, quand ils croyaient encore qu'il était possible de gagner la guerre, leurs forces avaient été trois fois plus nombreuses et en majeure partie composées d'utiles guerriers vampires.

Drana prit de l'altitude pour observer l'immense horde d'Eldrazi qui progressait derrière eux. Elle aurait bien voulu qu'ils ne soient que quelques milliers, mais elle ne voulait pas se mentir. Ils étaient bien plus que des milliers. Leur nombre était si important qu'il était inutile de vouloir le déterminer. L'énorme père eldrazi trônait au beau milieu, dominant les collines avoisinantes de toute sa hauteur, seigneur incontestable de son domaine. Il n'avait ni la grandeur, ni l'envergure d'Ulamog, mais il était toutefois assez puissant et massif pour saccager le continent de Guul Draz. Ses multiples appendices ne cessaient de tournoyer dans le ciel. Face à ces membres dévastateurs, les vampires avaient essuyé de lourdes pertes lors d'assauts aériens, avant de constater clairement la futilité de telles entreprises.

Illustration par Tyler Jacobson

La horde eldrazi était colossale. Inexorable. Elle était la mort . . . mais au moins ne progressait-elle pas rapidement. Les traîneaux prenaient parfois plusieurs kilomètres d'avance, et leurs poursuivants n'étaient alors plus visibles. Mais des groupes plus petits étaient apparus sur la droite et sur la gauche et, en raison de détours successifs en vue de les éviter, la troupe de Drana avait permis à ceux qui la pourchassaient de la rattraper. Ils n'étaient plus qu'à deux ou trois kilomètres derrière eux, et les vampires n'allaient bientôt plus avoir la place de manœuvrer. Ils atteindraient bientôt la côte, et leur seul espoir serait alors de rebrousser chemin et de . . . vivre une journée de plus, se souvint-elle. C'était le nouveau but. Le seul. Vivre une journée de plus.

Cet objectif devenait chaque jour moins accessible.

Il y avait des Eldrazi partout, et la terre qu'elle avait connue depuis des milliers d'années s'évaporait sous ses yeux. Ni la pierre, ni le bois, ni la vie ne résistaient à la calcification crayeuse que l'attaque des Eldrazi avait laissée derrière elle. Drana se figura le cadavre du monde, drainé de son sang et de son essence pour nourrir la voracité insatiable d'un prédateur sans pitié. Nous avons été créés à l'ombre de nos créateurs, musa-t-elle, pas pour la première fois. Non à leur image, mais d'après leurs actes. La vérité douloureuse, essentielle, était que les Eldrazi étaient des vampires plus efficaces que les vampires eux-mêmes.

Elle porta son regard vers la côte, leur destination actuelle. Tazeem se trouvait après le détroit. Certains des vampires pensaient pouvoir y trouver refuge, mais ils étaient plus nombreux, Drana comprise, à se dire qu'il n'y avait aucune raison que là-bas fût différent d'ici. Si les vampires, la race la plus puissante sur Zendikar, ne pouvaient pas battre les Eldrazi, quelles chances avaient des êtres moins vigoureux ? Pourtant, davantage de vampires partaient chaque jour, dans l'espoir enfantin qu'un sanctuaire existait bel et bien quelque part.

Elle décela un point à l'horizon, bientôt accompagné de cinq, dix, vingt autres. Ils venaient de Tazeem, et plusieurs éclaireurs vampires s'envolèrent pour aller y voir de plus près. Un brigadier vint la rejoindre dans les airs. Les points se firent plus nets et ils purent discerner plus de détails. Ils étaient peut-être une centaine. « Ce sont des voiles volantes. Des kor. »

« On les accueille ou on les abat ? » Kan était un de ses brigadiers personnels depuis des millénaires. Il connaissait sa façon de penser et elle appréciait son efficacité laconique. Pourtant, il avait l'air las. Elle aussi était lasse. Elle était vieille de milliers d'années et, même si elle ne se souvenait que d'une fraction de cette vie, elle ne pensait pas avoir un jour été si épuisée. Une nouvelle expérience. Elle eut un sourire crispé. Je devrais m'estimer heureuse.

« On les accueille. Ils viennent nous rejoindre pour la fin du monde. Nous allons nous montrer avenants. »


Illustration par Dan Scott

Le chef de la délégation kor était grand et mince, mais il était également bien musclé. C'était un guerrier, comme tous les autres. Drana huma son sang, le délicieux parfum de la santé. Ces derniers jours, elle s'était peu nourrie et ne s'était repue que du fluide vital des infirmes et des moribonds. Le fumet de ces kor était sans pareil. Elle sourit de tous ses crocs et fut impressionnée quand il ne recula pas, qu'il ne porta même pas la main à son arme. Le sang des braves était le meilleur.

Elle mit son regret de ne pouvoir y goûter sur la liste des déceptions qu'elle dressait depuis l'ascension des Eldrazi. Cette liste s'allongeait de jour en jour. Quant au chef, il s'appelait Enkindi. Lui et le reste de sa bande avaient été envoyés depuis Porte des Mers par Gideon pour trouver d'autres rescapés à Guul Draz et leur faire rallier son armée. Drana avait entendu parler de lui par ceux qui avaient récemment rejoint leur groupe. D’après les rumeurs, c’était un puissant magicien et guerrier humain, mais quand Drana demanda s’il avait vaincu les Eldrazi à Tazeem, ils ne purent que lui répondre : « Non, mais il a survécu. » Elle ne voyait pas ce que ce Gideon avait de si spécial. Ils faisaient tous la même chose, ils survivaient, jusqu'à ce que le temps leur manque à jamais. Ne t'arrête pas aujourd'hui. Demain, peut-être.

Néanmoins, si ce fameux Gideon pouvait se permettre d'envoyer une centaine d'hommes valides chercher des alliés sur d'autres continents, il s'en tirait mieux que son armée à elle. Cela n'avait aucune importance, finalement. Par contre, que ces kor fussent capables de voler en avait.

Les traîneaux géants avaient fait halte. Des brigadiers vampires marchaient parmi les inféconds enchaînés aux tiges de traction, sortant des poignées de viande avariée et dégoulinante de grands seaux. Les inféconds étaient les plus faciles à nourrir ; le reste de leur entourage, bien moins. Les mortels descendirent des traîneaux d'un pas mal assuré et on leur distribua une nourriture légèrement moins abîmée que celle des inféconds. Arrivés à ce stade, les mortels ne se révoltaient et ne se battaient plus pour la nourriture. Ils étaient trop épuisés. Mais pas assez pour rester sur les traîneaux. Quiconque en était capable s'en écartait. Tout le monde avait compris.

Illustration par Anthony Palumbo

Pendant que ses vampires écumaient les traîneaux, tirant quelque maigre pitance des morts et des moribonds, elle promena le kor par les milliers de réfugiés. Il restait encore des mortels qui avaient à la fois de l’énergie et de la compassion. Mages, guérisseurs, guerriers, tous visitaient les groupes entassés et portaient secours du mieux qu'ils le pouvaient. Mais tout le monde savait que c'étaient les vampires qui assuraient leur survie. Des chasseurs et des éclaireurs partaient sans cesse en exploration, ramenant tout ce qui pouvait ressembler à de la nourriture de leurs expéditions. Cependant, la tâche devenait de plus en plus difficile en Guul Draz. Quand ils revenaient, les éclaireurs ne rapportaient plus grand-chose. Le plus souvent, ils ne revenaient pas du tout.

« Vous mourez à petit feu ici », déclara sèchement Enkindi.

Il n’y avait toutefois aucun jugement dans sa voix, rien qu'une simple observation des faits. Celle de Drana trahit pourtant quelque énervement. « On vit au jour le jour. » Néanmoins, comme elle détaillait les visages souillés qui l'entouraient, éteints et désespérés, elle savait qu'elle trichait un peu sur le sens de « vivre ».

« Oui, au jour le jour. Mais dans quel but ? Pour aller où ? Gideon pense que nous pouvons résister. Que si nous sommes tous unis, nous pouvons. . . »

« Mourir ensemble ? »

« Gagner. Nous pouvons gagner. Beaucoup parmi vous ont encore toutes leurs forces. Nous savons de quoi vous êtes capables au combat. Joignez-vous à nous. »

« Et qu'est-on censés faire d'eux ? » Drana fit un geste en direction des grappes de mortels entassés les uns contre les autres et qui gardaient les yeux baissés tant qu'on ne leur disait pas de retourner sur le traîneau. Aucun ne regardait devant lui. Les mortels ne souhaitaient surtout pas attirer l'attention des vampires. Drana comprenait. Se repaître des mortels moribonds était le meilleur compromis qu'elle pouvait imposer à son peuple et, même si les mortels trouvaient cela horrible, elle n'en tirait pas plus de faveur de ses congénères.

« Je. . . » Enkindi hésita. « Je ne sais pas. Mais ils vont mourir dans tous les cas, à moins qu'on ne puisse battre les Eldrazi. » Drana les mena en direction d'un groupe de petits êtres installés non loin des traîneaux. Il y en avait une centaine, probablement davantage. C'était le seul et unique endroit où l'on pouvait discerner des déplacements qui n'eussent pas uniquement trait à la survie. Beaucoup restaient immobiles et recroquevillés, mais d'autres couraient, jouaient et criaient.

C’était aussi le seul endroit où Drana avait posté plusieurs gardes, ses gardes les plus efficaces et les plus dignes de confiance, là, autour de ce groupe—prêts à réagir au moindre trouble. Les Eldrazi n'étaient pas la seule menace. Même si les vampires n’avaient attaqué aucun mortel valide sous leur garde, du moins pas depuis que les premiers contrevenants en avaient payé le prix ultime, elle avait décidé d'y mettre des sentinelles en faction.

« Les enfants. Ils sont. . . » Sa voix se brisa tout à fait. Parfaits.

« Non, ce ne sont pas des enfants. Ce sont des guerriers. Comme toi. » La voix de Drana se fit douce et langoureuse, comme elle le devenait juste avant qu'elle ne croque sa proie. Si se nourrir vraiment lui était interdit, au moins pourrait-elle jouir de la traque. « Viens me voir, Melindra. » Elle ne cria pas, mais sa voix portait suffisamment.

Une des plus jeunes enfants cessa de courir et vint rejoindre Drana et Enkindi. Elle avait les cheveux taillés ras—à l'aide d'une dague, par elle ou l'un de ses camarades. Elle avait les pommettes aussi anguleuses et la peau aussi pâle qu'Endinki, ce qui l'identifiait comme une kor, mais les similarités s'arrêtaient là. Elle avait le visage sale et était vêtue de haillons. Drana produisit un petit morceau de viande et le plaça dans sa paume. Elle l'engloutit et sourit. Elle avait un sourire magnifique.

« Êtes-vous des enfants, Melindra ? » poursuivit mélodieusement Drana.

« Non. On est des soldats. Tu as dit qu'on était une brigade. On est la Brigade des orphelins. Tu as dit qu'on devait se trouver un nom, et c'est ce qu'on a fait. » Tout en parlant, Melindra tira vivement une dague d'un fourreau artisanal entièrement fait de cuir et de corde. La dague, elle, était bien graissée et bien affûtée. « Tu l'as dit. On peut choisir. On est la Brigade des orphelins. »

« C'est vrai, Melindra. Alors c'est ce que vous êtes. La Brigade des orphelins. » Elle donna une petite tape sur la tête de la petite, qui leva les yeux et lui sourit à nouveau.

Enkindi regarda la gamine puis revint sur Drana, les yeux noyés de larmes et de colère. « Ce sont des enfants ! Des enfants kor. . . »

« Il y a aussi des humains, des ondins et des elfes. Les mortels n'ont qu'une vie. Devenir parent ne semble pas protéger du trépas. »

« Tu les envoies vraiment au combat ? Où t'arrêteras-tu ? Ce sont. . . »

Illustration par Karl Kopinski

« Des enfants, oui. » Elle continua de passer sa main dans les cheveux mal taillés de Melindra. « Être un enfant ne protège pas plus de la mort. C'est la guerre. Je sais d'expérience que les guerres sont très efficaces quand il s'agit de tuer des enfants. C'est peut-être bien là le but de la guerre. »

Enkindi serra le poing, fébrile. Il plissa les yeux comme ses larmes cessaient de couler. Drana devait désormais être prudente. Il était trop tôt pour le pousser à bout.

« Sauf que dans cette guerre, Enkindi, nous sommes tous des enfants, face aux Eldrazi. »

Les épaules du kor s'affaissèrent et il rouvrit le poing. Il la regarda, clairement hébété. Comment sauver ce qui ne peut l'être ?

« Je ne les abandonnerai pas aux Eldrazi. Je n'en abandonnerai pas un seul. Tu me demandes de passer le détroit pour combattre aux côtés de ce Gideon, pour tuer des Eldrazi là-bas et non ici. Pour sauver des enfants qu'on ne connaît pas plutôt que ceux qu'on a avec nous. Mais moi, je vous propose autre chose : je vous accompagne combattre avec Gideon à Porte des Mers, à condition que toi et tes guerriers luttiez d'abord à mes côtés. Aidez-moi à abattre les Eldrazi qui nous suivent, qui en ce moment même approchent, affamés. Aidez-moi à gagner ma bataille, et je vous aiderai à gagner la vôtre. »

Elle tendit la main, comme le font les mortels, et réprima l'envie de lui saisir le cou et d'y plonger ses crocs quand il l'imita. Melindra surjoua un peu quand elle rengaina sa dague et tendit elle aussi la main, mais Drana ne l’en aima que davantage.

Elle envoya ses lieutenants entamer les préparatifs et organisa une rencontre aérienne avec Enkindi. Ils avaient une bataille à planifier.


Les rayons faibles et pâles du soleil parvinrent à se montrer en début d'après-midi. Les Eldrazi paraissaient saper toute énergie, même celle de la lumière. Les plans de bataille avaient été rapidement établis. Un des rares avantages qu'il y avait à combattre face à un ennemi considérablement supérieur en nombre et un adversaire inexorable et décérébré, était que les stratégies de combat étaient simples. Chaque jour, chaque heure, son armée faiblissait. Il valait mieux frapper maintenant. Une rumeur courut dans l'assemblée. Après tous ces jours de fuite et de mort, une solution possible se présentait. Quelle que fût l'issue, la réalité de demain serait différente de la peur d'hier.

Drana était peu portée sur l'introspection, mais il lui était difficile de ne pas être consciente que ce jour était peut-être le dernier de son existence. Elle avait vécu plusieurs milliers d'années. Mais, rien qu'après plusieurs siècles de cette vie, elle avait compris qu'elle avait le choix. Elle pouvait se consacrer à l'évocation de son passé, passer chaque jour à tenter de garder les souvenirs de centaines d'années en vie, ou encore . . . y renoncer. Elle avait choisi de lâcher prise.

Quand on jouit d'une exceptionnelle longévité, les souvenirs sont un édifice délicat de petits cailloux empilés. Elle discernait encore vaguement les plus gros d'entre eux mais, après toutes ces années, tout ce qu'il y avait au fond d'elle, ses plus jeunes moments, était enseveli. Elle désirait les retrouver, car ils seraient essentiels pour permettre aux vampires de survivre à cette guerre. Aujourd'hui, elle retrouverait ces souvenirs ou elle mourrait. Elle se réjouissait de la perspective d’une clarification, quelle que fût sa forme.

L'opportunité de clarifier les choses approchait de trois côtés. La horde principale eldrazi, centrée sur son énorme père, arrivait de l'est. Deux autres plus petites convergeaient du nord et du sud. Elle avait placé le gros de ses hommes de façon à engager la grande masse grouillante, et la majeure partie de ce contingent était composée de vampires soutenus par des mortels auxquels elle pouvait faire confiance au combat. Les mortels trop méfiants pour suivre fidèlement ses ordres, quant à eux, avaient la responsabilité des faibles et des infirmes. Elle ne s'embarrassa pas à donner de consignes en cas d'échec. Il leur resterait alors très peu de temps, et ils aviseraient bien assez tôt.

Les meilleurs brigadiers de Drana géraient les quelques centaines de créatures volantes qu'il leur restait. Avec la centaine d’hommes d’Enkindi en renfort, ils représentaient la clé de voûte de sa stratégie. Elle ne quitta pas le père eldrazi des yeux. Il était à la fois la difficulté principale et l'objectif de cette bataille. Ils pouvaient tuer tous les Eldrazi qu'ils voulaient, mais s'ils ne parvenaient pas à abattre le père, rien d'autre n'aurait d'importance. Et ils n'avaient aucune chance d'y arriver sans créatures volantes.

Les Eldrazi étaient tout près. Il y en avait des milliers, des dizaines de milliers, davantage encore ; de formes et de tailles différentes, courant, rampant, glissant, dégoulinant sur le sol rocailleux, aux frontières de Guul Draz. Quelques-uns même volaient, leur corps grotesques et déjetés souillant son domaine. Parfois, des ondulations déferlaient dans l'assemblée et des corps eldrazi explosaient ou se faisaient engloutir par la terre. Zendikar lui-même ondulait pour se débarrasser des envahisseurs étrangers, se servant du Roulis pour mener sa guerre.

Illustration par Raymond Swanland

Mais les armes des Eldrazi étaient plus redoutables. La vie s'éteignait à leur contact. La matière se désagrégeait à leur contact. Le monde se déformait à leur contact. Ils sont la fin de toute chose. Les Eldrazi déferlèrent sur eux.

Mortels et vampires encaissèrent l'assaut initial avec une sauvagerie féroce. Ils se déchaînèrent, jouèrent de la lame et se frayèrent brutalement un chemin parmi les nodules de faim décérébrés qui se présentaient à eux, ces formes tentaculaires gélatineuses. La peur et le désespoir des dernières semaines se muèrent en rage et en puissance. S'ils vivaient là leurs derniers instants, ce serait épique. Les contes et les chansons allaient en garder la mémoire pour des millénaires.

Les Eldrazi n'en avaient cure. Ils continuaient d'avancer.

Un de leurs drones fit claquer un tentacule acéré vers la tête de Drana. Elle le trancha d'un coup de crocs et s'empara de l'appendice, le faisant à son tour claquer dans les airs pour décapiter un autre Eldrazi qui s'était glissé derrière elle. Ce dernier ne réalisa même pas qu'il était mort. Il mutila un mortel sidéré, l'aspirant et l'éviscérant d'un seul mouvement ondoyant. Deux autres Zendikari, terrifiés, fuirent avant de se faire abattre par des Eldrazi plus pressants. Drana en coupa un en deux avec son épée et virevolta pour en transpercer un autre. Ce faisant, elle grogna, un sourire animal et possédé sur les lèvres. Mais aucun Eldrazi ne prit la fuite en panique. L'élan d'une bataille reposait énormément sur la peur et l'intimidation que l'on inspirait à ses adversaires. Une fois que l'esprit cédait, le corps suivait. Face aux Eldrazi, cette approche ne servait à rien. La seule tactique viable consistait à tuer tout ce qui bougeait.

Les monstruosités enfoncèrent les premières lignes, pénétrant plus profond dans leurs rangs. Des renforts leur emboîtèrent le pas, suivis d'autres vagues d'assaut encore, progressant sans cesse. Ils étaient trop nombreux. Tuer ne suffirait pas. Pour l'emporter, Drana devait suivre son plan de réserve.

Illustration par Todd Lockwood

Elle prit beaucoup d'altitude, là où Enkindi et ses troupes piquaient, planaient et taillaient des Eldrazi volants en pièces à l'aide de leurs épées et de leurs crochets acérés. Drana admira l'efficacité des voiles volantes kor. Ceux qui les maniaient avaient de toute évidence pour habitude de tuer des Eldrazi. La vampire espérait qu'ils feraient preuve d'assez de compétence.

« Kan ! hurla-t-elle à son brigadier, qu'elle avait gardé à proximité des forces d'Enkindi. Mobilise la Brigade des orphelins. Envoie-la sur le père ! » Kan s'envola sans un mot. Enkindi était lui aussi assez proche pour entendre. Sa voile volante décrivit une large boucle et il se retrouva face à elle. « Monstre ! » La colère et l'incrédulité déformaient ses traits. Il transperça de son épée un Eldrazi qui l'attaquait, répandant des gouttelettes de gélatine meurtrie sur le sol, sans jamais la quitter des yeux.

« Tu as envoyé ces enfants à la mort ! » Il aurait voulu que ses cris la réduisent en poussière, mais nulle main divine ne vint faire justice en son nom. Drana se serait réjouie d'une telle intervention, si les Eldrazi pouvaient eux aussi en pâtir.

« Nous allons tous mourir. Et mieux vaut mourir en visant la victoire. Il faut qu'on tue ce père géniteur, ou nous n'avons aucune chance. Par nécessité, les enfants serviront d'appâts afin de le faire venir là où nous avons besoin qu'il soit. » Elle était calme, paisible. Elle n'avait dit que la vérité. Les mensonges les plus faciles étaient aussi les plus francs.

Quinze mètres sous eux, la troupe d'enfants se rapprochait des lignes de front, précédée de ses gardes vampires. Ils n'avaient jamais connu volontairement le combat, même si tous avaient fait l'expérience de la bataille. Comme chaque rescapé. Mais pour les Eldrazi, qu'un combattant soit volontaire ou non n'avait aucune importance.

Enkindi tangua dans les airs, se balançant d'avant en arrière. Le plus gros de son peuple s'était réuni autour de lui, partageant son dégoût, sa peur et sa haine. Il regarda la créature géante, trente mètres de haut, ses membres donnant naissance à d'autres membres, encore et encore : une forteresse impénétrable en forme d'Eldrazi géant. Drana se figura les calculs qui traversaient l'esprit du kor. Il était sûrement conscient de leurs maigres chances face à un être comme celui-là. Ils l'étaient tous.

La haine et le désespoir se mêlèrent sur son visage quand il prit sa décision. Elle loua sa haine. Il méritait mieux. Sa voix rugueuse retentit dans le vent. « Que ta mort soit longue et douloureuse. Que ta mort ne t'apporte ni la paix, ni la rédemption. » Il se retourna vers son groupe. « À moi ! Nous devons abattre le père ! » Ils se déployèrent, prenant de plus en plus d'altitude sur leurs voiles pour engager le père eldrazi.

Drana les suivit, pas trop près, se préparant. Elle n'avait commencé à reprendre espoir que lorsqu'elle avait vu les voiles volantes à l'horizon pour la première fois, plus tôt dans la journée. Elles représentaient une chance, un espoir, qu'elle avait perdus à l'issue de la toute première bataille d'envergure face aux Eldrazi, quelques semaines plus tôt près de Malakir. Ses vampires étaient intrépides, forts, implacables et féroces au combat—mais des milliers d'entre eux ne sauraient envisager d'entreprendre ce à quoi cent kor pensaient peut-être : se sacrifier pour le bien d'autrui.

Enkindi dirigea la charge droit sur la tête du père eldrazi. Drana comprit son plan. La tête et le cou de la créature, du moins les appendices qui s’y apparentaient le plus, paraissaient être plus vulnérables aux lames et aux entailles. Mais si Enkindi et son groupe se déplaçaient rapidement, l'Eldrazi fut plus vif encore. Un grand tentacule surgit de son crâne et s’enroula autour du chef kor, pendant qu’un autre, plus petit, s’entortillait autour de sa tête et serra. Le corps décapité d'Enkindi, encore suspendu à sa voile volante brisée, s'abîma vers le sol. Les kor se faisaient massacrer par les nombreux tentacules du père eldrazi .

Illustration par Karl Kopinski

Drana s'empara d'un des kor en perdition avant qu'il n'atteigne son ultime destination. Il était encore en vie, bien qu'inconscient et près de mourir. Elle mordit profondément dans son cou et il ouvrit brutalement les yeux avant de les refermer presque aussitôt. C'était une des saveurs les plus exquises qu'elle eût jamais goûtées, appropriée pour son dernier repas. Elle le vida entièrement, laissant son enveloppe de peau desséchée flotter doucement au sol. Pour l'épreuve qui l'attendait, elle aurait besoin de chaque parcelle d'énergie. Elle puisa dans ses dernières réserves et lança un sort tandis qu'elle prenait de la vitesse en direction du père eldrazi. Seuls quelques kor évoluaient encore librement dans les airs. Les autres étaient morts ou à la merci du monstre. Le géant, même distrait par la nuée, pouvait encore réagir à une allure foudroyante. Mais cette fois-ci, Drana fut plus rapide.

Elle fondit droit sur l'abdomen de la créature, déchiquetant chairs, muscles et gélatine jusqu'au cœur, et son monde explosa.


Le sort qu'elle lança lui permit d'en voir davantage, de discerner des motifs énergétiques normalement invisibles, même à des individus comme elle. Cette énergie était insolite, étrangère, souillée d'un écœurant magenta, mais elle était immanente. Je suis le chasseur. Je suis le prédateur. Tout est une proie. Tout m'appartient. Elle avait eu si soif. Elle planta ses crocs dans le cœur magenta palpitant du monstrueux Eldrazi et s'abreuva. Goulûment. Tout se clarifia.

Au début, tout début, il y avait la faim. Il n'y avait que cela : cette faim, ce désir, ce besoin. Notre but était de tout dévorer. Il nous fallait des jambes et des yeux pour dénicher nos proies. Des bras et des crocs pour nous en emparer. Des esprits et de la force pour les subjuguer. Nous avons tout dévoré et nous sommes servis de l'énergie ainsi obtenue pour dévorer encore.

La mission était claire. Mais ce n'étaient pas les mots qui la définissaient. Les mots naquirent plus tard, médiocres adaptations que le cerveau impose à la vérité. Les mots sont les messagers imparfaits du besoin. Tout cela était limpide, au plus profond d'elle. Tu dévoreras. Tu écumeras et il ne restera rien. Les dépouilles des malades doivent être dévorées et purifiées.

Elle ignorait ce que malades insinuait, sans parler de ce que les Eldrazi entendaient par sains pour pouvoir faire la comparaison. Peut-être ces monstruosités considéraient-elles que tout ce qui était réel, ce qui composait le monde, était malade.

Elle s'abreuva encore et encore. L'énergie du formidable Eldrazi jaillit en elle, baignant chacun des pores affamés de sa maigre carcasse. Le père arborait une énorme cavité dans sa poitrine, là où elle avait creusé, mais il était toujours debout, il tuait encore et marchait encore sur son peuple. Elle avait besoin de plus.

Prendre conscience, avoir la sensation d'un moi séparé de la faim, m'a pris des années. Voire des siècles, mais comment aurais-je pu savoir ? Cette prise de conscience m'est arrivée par vagues, par touches successives de perspicacité me séparant de ma faim, de mon despote. Je n'étais plus une extension de la puissance dévorante que l'on nomme Ulamog. J'étais moi. Drana.

Mais, avant la séparation, il y avait eu un . . . malaise. Un malaise qui faisait partie d'elle car il n'y avait pas de « elle », rien que la totalité d'Ulamog sous différentes formes. Un malaise qu'elle ne comprit que plus tard, dans ces instants où elle vacillait entre Eldrazi et Drana, avant de l'oublier totalement, telle une lueur fugitive et onirique.

Ils n'étaient pas censés se trouver ici. Ils étaient censés se trouver ailleurs. Oui, il existait un ailleurs, tant d'ailleurs loin de Zendikar, et les Eldrazi savaient, à supposer qu'ils soient capables d'appréhender les choses, qu'ils feraient mieux de se trouver là-bas plutôt qu'ici.

Mais eux étaient ici, leur but était de tout dévorer et ils s'y employaient.

Elle se remémora fugacement ces premiers instants, les brumes confuses d'une personnalité en éveil, et la volonté qui l'avait animée il y avait des millénaires. Ce dessein la submergeait, lame de fond s'écrasant sur elle et l'engloutissant totalement.

Tu dévoreras. Tu écumeras et il ne restera rien.

Elle ne se souvenait plus. Elle évoluait. L'énergie magenta étrangère qu'elle tirait du père eldrazi courait dans ses veines et ne lui obéissait plus. Elle ne la dévorait pas. C'était l'inverse.

Illustration par Clint Cearley

Tu dévoreras. Tu écumeras et il ne restera rien.

Des tentacules naquirent brutalement dans son dos et sur ses épaules, matière vivante instantanément créée à l'image de ses maîtres, de ses géniteurs. Nous avons été créés dans l'ombre de nos créateurs.

Tu dévoreras. Tu écumeras et il ne restera rien.

L'étrange créature qui occupait le cœur du père eldrazi, figure difforme au bord du précipice de la transformation totale, hurla. Ce fut un cri dénué de paix, sans aucune rédemption. Un cri qui annonçait la fin d'un monde.

Quelque part, l'ombre d'une pensée plus brève qu'un battement de cœur, on l'appelait autrefois Drana, s'accrocha à un infime souvenir, qui lui déclara : Je ne sers personne.

Il en émana une lumière fuligineuse, fière et grave, qui attira d'autres images du passé.

Tu dévoreras. Tu écumeras et il ne restera rien.

Une explosion d'énergie frappa les souvenirs, les renversant et les éparpillant.

Je ne sers personne. Les souvenirs se reformèrent, fusionnèrent et prirent forme. Cette forme naquit de la guerre entre la lueur magenta et son homologue noire. La voix retentit de toutes parts.

Je ne sers personne.

Tu dévor—

Je ne sers personne ! Je veux être libre ! Drana se reforma dans la matrice de l'Eldrazi.

Elle absorba tout, chaque particule de l'énergie eldrazi flottant autour d'elle. Elle l'oblitéra, la dévora et s'y ébroua. Les chairs vides qui l'entouraient explosèrent, ne laissant plus rien qu'elle flottant dans l'espace, observant le massacre qui se déroulait en bas. Son armée était en déroute et, malgré la perte du père, le triomphe des Eldrazi était presque complet.

Voilà à quoi être un dieu ressemble. Chaque fibre de son être était baignée d'énergie. Elle pouvait oblitérer des armées, détruire le soleil. Avec un tel pouvoir, tout serait à ma portée. Sa vue était dix fois plus performante. Elle pouvait distinguer chaque visage, chaque détail en bas. Elle vit la Brigade des orphelins, le cercle extérieur composé d'enfants, se faire attaquer par les Eldrazi, tandis que certains luttaient, d'autres fuyaient et d'autres encore, mouraient.

Elle ferait mieux de tous les abandonner. Ils ne pouvaient pas l'aider. Elle pouvait directement aller voir Ulamog et se confronter à lui, le détruire. Ou bien elle pouvait quitter Zendikar avec une destination précise. Pourquoi se contenter de dominer un monde, quand il en existait une infinité à posséder ? En elle, l'énergie rua et frémit. Des veines cédèrent, trop riches d'une puissance trop importante pour être contenue par quelque forme physique que ce fût.

Son peuple se faisait détruire. Pouvait-elle le sauver ? Quelle importance avaient ces mortels, et même ses vampires, quand des mondes et des dieux attendaient son avènement ?

Je n'appartiens à personne.

Elle vit Melindra se ruer sur une engeance eldrazi et lui planter sa lame dans le crâne en hurlant. L'engeance hoqueta, prise de spasmes, mais parvint tout de même à enrouler fermement un tentacule. Drana comprit que ce coup avait pour intention de décapiter son assaillant.

Je n'appartiens à personne. Melindra ne vit pas la réaction de l'engeance ni le tentacule qui se jetait sur elle pour mettre fin à son existence.

Je n'appartiens à personne . . . Mais eux m'appartiennent.

Drana hurla comme elle libérait l'énergie qu'elle avait emmagasinée, éclipsant d'un éclatant magenta l'astre du jour. Des rayons violets s'abattirent sur son peuple, vampires et mortels, soignant leurs blessures et les rendant plus forts, plus rapides, invulnérables.

Illustration par Mike Bierek

Le tentacule de l'Eldrazi toucha Melindra à l'épaule et vola en éclats. L'enfant rit comme elle arrachait la tête du monstre et courait tuer le prochain qu'elle croiserait. Le cours de la bataille bascula en quelques secondes, et ce qui restait de l'armée de Drana entreprit d'oblitérer les forces eldrazi.

Drana, elle, continuait de décharger l'énergie. Elle avait déjà usé plus de la moitié des forces qu'elle avait usurpées, mais elle se sentait toujours sans égal sur ce monde. Néanmoins, il en fallait davantage à son peuple, et elle l'exauça. Les blessures se refermèrent, les maladies disparurent, les forces furent rendues.

L'énergie faiblissait, les vagues se faisant moindre, chacune de ses pulsations plus lente et plus faible que la précédente. Chaque cycle la rapprochait davantage du sol, involontairement, mais son vol ne put pas l'emporter plus loin que son épuisement. Il n'y avait plus aucun Eldrazi en vue, et son armée aux forces accrues avait tout ravagé. Au sol, les silhouettes de craie desséchée se rapprochaient. Ils sont beaux. Ils sont horribles. Puis, elle heurta le sol et trouva l'oubli.

Illustration par Jonas De Ro


« On peut reprendre Guul Draz. » Depuis un millénaire qu’elle le connaissait, elle n’avait encore jamais vu Kan aussi excité. L'excitation était d'ailleurs le sentiment dominant chez les rescapés, les deux mille qu'il restait. Ils étaient revigorés et en pleine santé, résultat de l'association entre la magie de Drana et la première victoire à laquelle ils goûtaient depuis des semaines. Drana ne voulait pas dissiper leur euphorie, mais elle savait que sa tactique ne fonctionnerait pas deux fois. Elle ne risquerait pas de retourner directement au combat de sitôt avec quelque Eldrazi que ce fût. Cette fois-ci, elle était parvenue à préserver son identité, sa personnalité même. Mais la prochaine pourrait très bien avoir une toute autre issue.

« Des survivants, chez les émissaires ? » Kan secoua la tête. Enkindi et ses congénères s'étaient bien acquittés de leur office. Elle n'avait aucun besoin d'honorer leur sacrifice, pas plus qu'elle ne se sentait coupable de les avoir manipulés. C'était ainsi que l'on traitait avec les proies. Mais quand même. . .

« Préparez-vous. On part pour Porte des Mers. » Kan leva brièvement un sourcil avant de se retourner et d'aboyer des ordres. Puis, plusieurs autres brigadiers l'imitèrent, et personne ne discuta. Tout désir de reprendre Guul Draz disparut face à leur fervente obéissance à Drana. Elle les avait secourus aux heures les plus sombres.

Elle marcha parmi son peuple et tous, vampires et mortels, s’inclinèrent sur son passage. Ils relevaient la tête, cependant, cherchant son regard, leur plaisir et leur gratitude évidents. Elle ne baissa pas les yeux et continua de marcher jusqu'à trouver ce qu'elle cherchait.

Melindra était avec les autres enfants survivants de la brigade, affûtant sa dague à l'aide d'une pierre à aiguiser. L'enfant, bien que toujours vêtue de haillons, n'avait plus rien de la gamine des rues affamée qu'elle avait été. Elle paraissait forte, robuste, une vraie guerrière.

Elle leva les yeux, son visage innocent de tout artifice. Ce qu'elle vit dans l'expression de Drana la fit sourire, et elle se concentra de nouveau sur son arme et son outil.

Drana avait pris la décision avant de perdre conscience à l'issue de la bataille. Elle avait débusqué le père eldrazi, avait cherché son énergie pour libérer ses anciens souvenirs. Et elle avait trouvé ce qu'elle était venue chercher. Les Eldrazi n'était pas d'ici. Peut-être ne voulaient-ils même pas l'être, quoi que vouloir signifiât pour eux. Mais le plus important était qu'il existait un ailleurs où les Eldrazi pouvaient retourner.

Elle médita sur ce qu'elle allait trouver à Porte des Mers. Elle avait hâte de voir ce guerrier magique appelé Gideon, un homme curieux vêtu curieusement, et dont personne sur Zendikar n'avait entendu parler avant. Peut-être venait-il de cet ailleurs, lui aussi.

Ils ont un endroit où aller. On peut les envoyer ailleurs. Ou bien on peut aller ailleurs nous-mêmes.

Elle caressa la tête de l'enfant et sourit.

Illustration par James Paick


La bataille de Zendikar Histoires archivées

Profil du plan : Zendikar