Histoire précédente : Mers natales


Nissa a fait du chemin depuis qu’elle a quitté toute jeune son continent natal de Bala Ged. Elle a commis bien des erreurs dans le passé mais, depuis qu’elle s’est unie à l’âme de Zendikar, elle a appris à réprimer ses instincts les plus téméraires. Elle n’avait eu nul besoin d’accéder à l’essence sauvage qui vivait en elle tant qu’elle avait la formidable vigueur d’un monde de son côté. Mais, quand son lien avec Zendikar lui a été arraché, elle a été séparée de la puissance de la terre et de son ami Ashaya, la manifestation élémentaire de l’âme du monde. Incapable d’en faire son deuil et craignant pour l’avenir du monde, Nissa a écumé le continent de Tazeem à la recherche d’un signe de Zendikar, jusqu’à ce qu’elle comprenne enfin qu’elle avait tout le temps cherché au mauvais endroit. Une âme menacée par les Eldrazi aurait battu en retraite, et il n’existait qu’un seul lieu assez puissant pour offrir sa protection à quelque chose d’aussi précieux : la puissante fleur du Cœur de Khalni. Sans hésiter, Nissa s’est transplanée à l’endroit où l’on racontait qu’un nouveau bourgeon prenait forme. Il était temps qu’elle rentre chez elle.


Pour Zendikar.

Ces paroles n’étaient pas un cri de guerre, pas comme l’entendait Gideon ; elles évoquaient la partie la plus intime de la terre, l’âme du monde. Voilà pourquoi Nissa se battait. Elle se le rappela une fois de plus et ouvrit les yeux.

Dans la précipitation de son transplanement vers Bala Ged, elle n’avait pas réfléchi à ce qui l’attendrait en arrivant—à l’exception du Cœur de Khalni, dans lequel elle était persuadée que Zendikar l’attendait.

Sylves gangrenées | Illustration par Jason Felix

Mais le paysage qui l’accueillit, infiniment blafard et corrompu, l’avait conduite à brusquement fermer les yeux pour ne pas voir ce que le continent de sa naissance était devenu.

Bien entendu, elle avait su à quoi s’attendre. Bala Ged avait succombé aux Eldrazi. Le monde entier le savait. Mais, malgré tout ce qu’elle avait entendu, elle s’était imaginé une terre en ruines, de grandes étendues de corruption crayeuse, des arbres morts. Mais ces attentes se basaient sur ce qu’elle avait vu à Tazeem—un continent plus en déroute que totalement perdu.

Elle rouvrit les yeux.

Bala Ged était nu. Comment le monde, le monde, pouvait-il être si blafard, si vide, si mort ?

C’était impossible,

et pourtant, c’était la réalité.

Le pays n’était pas en ruines—il avait été entièrement consumé.

Tomber en poussière | Illustration par James Paick

Il n’y avait nul arbre mort, il n’en restait même pas les vestiges. Le paysage blanchâtre était totalement plat. Les arbres s’étaient tous désintégrés. Tout s’était désintégré. Et il n’y avait pas plus de lignes de corruption. Par définition, qu’il s’en fût trouvé eût impliqué la présence de zones, ou tout du moins de sillons, d’autre chose. Mais là, il n’y avait que corruption. Excepté le Cœur de Khalni, se rappela Nissa. Ici, seul subsistait le Cœur de Khalni.

Si les rumeurs étaient vraies—et elles l’étaient, il le fallait— le cœur du pouvoir de Zendikar s’y était réfugié pour raviver la terre, donner naissance à un nouveau bourgeon quelque part sur ce continent. Quel que fût l’endroit exact, c’était là qu’elle trouverait l’âme du monde. C’était là où Zendikar s’était certainement retranché. Elle s’intima de faire un pas, un autre puis un autre encore. L’infestation crayeuse craquait et crissait sous ses pas, ses empreintes devenant la première altération que le continent poussiéreux connut depuis sa chute.

Bienvenue chez toi, se dit-elle en commençant son exploration.


Il lui paraissait peu probable de pouvoir reconnaître un lieu particulier sur ces terres dévastées et uniformes—elle pourrait marcher toute une journée et avoir l’impression d’avoir fait du sur place, tant le paysage était monotone. Mais elle savait exactement où elle se trouvait quand elle fit halte au plus profond du continent.

Ses pas l’avaient conduite en ces lieux d’innombrables fois. À vrai dire, il avait été un temps où elle pensait que ce serait la seule terre qu’elle connaîtrait dans sa vie. Elle s’était imaginée arpenter les mêmes sentiers, se réchauffer aux mêmes feux, cueillir les fruits des mêmes arbres, jusqu’à ce qu’elle devienne une des doyennes de Joraga. Ceci avait été son village. L’imposant arbre jurworrel s’était dressé ici-même, et là-bas, la tente dans laquelle les Joraga avaient séché leurs viandes, leurs fruits et leurs délicats champignons forestiers. Et ici se trouvait le plus grand brasero du village, au-dessus duquel ils faisaient brûler la sangbruyère empoisonnée en automne pendant que le chef Numa dirigeait les chants.

Nissa pouvait encore le voir, l’entendre. Elle sentait même l’odeur du ragoût de sa mère. Cela aurait dû être un souvenir réconfortant, mais son esprit lui faisait revivre cette nuit-là, la dernière, la seule à laquelle elle ne voulait plus jamais repenser. L’odeur du fricot l’avait arrachée à sa vision. . . il y avait aussi des voix. C’était elles qui l’avaient convaincue de partir. Et elle s’était enfuie dans la nuit.

Elle se vit disparaître dans les ténèbres. Elle détourna mentalement le regard. Elle n’avait pas pensé à cette elfe depuis longtemps. En vérité, elle avait fait tout son possible pour l’oublier. Elle avait commis tant d’erreurs—des erreurs terribles—après avoir quitté son village. Des erreurs qui la hantaient encore, qui la hanteraient à jamais.

Illustration par Izzy

Mais elle avait laissé cette elfe derrière elle. Et la seule raison à cela était l’âme de Zendikar. C’était son lien avec la terre qui l’avait changée, sauvée. C’était Zendikar qui entretenait sa concentration, son équilibre et son assurance, qui la guidait. Elle avait besoin de lui.

À cet instant, Nissa comprit qu’elle était revenue à Bala Ged pour sauver l’âme du monde, pas seulement pour la terre, le plan, le peuple ou encore le pouvoir : elle était ici pour sauver l’âme du monde et pouvoir se sauver elle-même. Sans Ashaya, elle redeviendrait l’elfe qu’elle avait été la dernière fois qu’elle s’était trouvée en ces lieux, farouche, téméraire et vouée aux faux pas.

Redevenir cette elfe était exclu. Nissa jura de ne pas quitter Bala Ged sans Zendikar.  


Toute la distance que Nissa mit entre elle et son village ne fit aucune différence. Bien qu’elle tentât de refouler ses souvenirs, elle ne pouvait rien faire. Elle avait l’impression de se faire traquer par cette elfe pied-tendre sans expérience. Pire, elle avait l’impression de se fondre dans ces souvenirs.

Tout lui était subitement familier. Même si le pays était un bloc solide de corruption blafarde et monotone, elle connaissait parfaitement le chemin qu’elle empruntait dans les Vallées Enchevêtrées. Elle y avait chassé bien des fois. Elle savait où marcher pour éviter les pièges que les humains posaient pour les gnarlides—et les évita bien qu’il n’y en eût plus aucun et qu’elle tentât d’empêcher ses pieds de réagir à ces souvenirs malvenus. Ses genoux se raidirent instinctivement pour gravir une colline qui n’existait pas. Et, quand elle eût fait assez de pas pour en atteindre le sommet, elle saliva et son estomac gronda, anticipant de goûter les champignons qui y poussaient comme elle l’avait toujours fait. Puis, quand elle entendit le jacassement suraigu d’un gomazoaire, elle se baissa vivement pour l’éviter—mémoire fantomatique d’un prédateur mortel.

Garde gomazoaire | Illustration par Rob Alexander

Elle le chassa de son esprit, mais le cri la suivit, raillant son incapacité à faire la part entre la réalité et les souvenirs. D’instinct, elle porta sa main à son épée. Idiote d’elfe. Il n’y avait rien—elle s’arrêta brutalement.

Ce qu’elle avait vu du coin de l’œil n’était pas un souvenir. Pas plus qu’un gomazoaire. Mais cela y ressemblait assez : l’Eldrazi tentaculaire, de taille moyenne, au corps souple et charnu, ressemblait au prédateur de son passé.

Nissa se précipitait sur lui, brandissant sa lame, avant que son esprit conscient ne lui intime d’agir. Cela lui était déjà arrivé. Ici-même. Plus de fois qu’elle n’en pouvait compter. Un coup de taille au centre, et un autre en pleine face. Elle débita la monstruosité si rapidement que l’écho de son râle persista une seconde après que la vie l’eût quittée.

Quelque chose remua en Nissa. Elle se leva, haletante, au-dessus de la dépouille de l’Eldrazi. Elle ne s’était pas battue de la sorte depuis ce qui paraissait une éternité. Elle avait oublié l’exaltation que suscitait en elle le fait de manier sa lame avec une telle puissance et une telle précision.

Il lui restait de la puissance. Plus qu’elle ne pourrait—non. Elle déglutit avec violence, refoulant la suite d’idées qui menaçait de lui faire perdre tout contrôle.

Elle n’avait rien à voir avec cette elfe-là. Ce n’était plus le Bala Ged du passé. Et la créature devant elle n’était pas un gomazoaire. C’était un Eldrazi.

Déferlante de glace | Illustration par Deruchenko Alexander

Un Eldrazi !

De sa vie, Nissa n’avait jamais été aussi ravie de voir une de ces horreurs. Ce n’était pas qu’elle souhaitât en voir, mais à cet instant, sur ce continent ravagé, sa présence ne pouvait signifier qu’une chose : il y avait de la vie quelque part.

Cette abomination devait bien avoir un moyen de se sustenter. Autrement, elle ne se trouverait pas ici.

Nissa n’en savait pas beaucoup sur ces monstruosités d’outre-monde qui s’étaient abattues sur Zendikar. Pour la plupart, elles se révélaient impénétrables. Mais elle savait une chose : elles étaient insatiables, progressant sans fin un chemin de destruction dévorante. Elles ne visitaient que des lieux où il existait des choses à consumer et pour eux, cela voulait dire la vie.

Quelque part en Bala Ged, il y avait encore de la vie.

Le Cœur de Khalni.

Il ne pouvait s’agir que du Cœur de Khalni.

Le cœur cognant fort contre ses côtes et les yeux rivés sur la piste alvéolée que l’Eldrazi déchaîné avait laissé derrière lui, Nissa fila. D’où que sortait cette atrocité, quoi qu’elle eût délaissé pour la pourchasser et la dévorer, c’était ici qu’elle espérait trouver la vie qu’elle recherchait.

Ce genre de traque ne lui imposait aucun effort—la ranger elfe qu’elle avait été avait pisté des centaines de créatures. Un œil moins exercé aurait peut-être été bien en mal de repérer les traces de l’Eldrazi sur le sol grêlé par la corruption, mais Nissa les voyait comme un phare dans la nuit. Elle les suivit sur le lit qu’occupait autrefois le fleuve Umung—ce n’était plus qu’une étendue supplémentaire d’infestation calcaire. Elle traversa les terres sauvages de Guum—elle n’aurait jamais osé le faire avec un tel abandon dans ce qui avait autrefois été la partie la plus dense et la plus toxique de la jungle, et elle se dirigea tout droit sur les grottes où les surrakars avaient autrefois leurs nids.

Quand elle comprit quelle était sa destination, elle ralentit légèrement. Un frisson lui parcourut l’échine à la pensée de ces reptiles qui défendaient âprement leur territoire.

Maraudeur surrakar | Illustration par Kev Walker

Elle repensa au réseau de profondes galeries qui s’étendaient sous Bala Ged. Avaient-elles été infectées, elles aussi ? Les Eldrazi s’étaient-ils aventurés sous la surface, ou bien avaient-ils négligé les tunnels, épargnant ainsi la vie des créatures qui s’y terraient pour survivre ?

Nissa ne savait pas bien ce qu’elle espérait. Que préférerait-elle affronter, une meute de surrakars affamés ou le spectacle d’encore plus de terres profanées ?

Elle l’ignorait, du moins n’avait-elle aucune réponse susceptible de la satisfaire, et elle ne disposait pas de beaucoup de temps pour y réfléchir. Ce fut à l’entrée d’un tunnel de surrakar éboulé et corrompu, où les traces de l’Eldrazi semblaient s’arrêter, qu’elle décela le premier signe de vie.

Une délicate couche de mousse vert pâle, parvenant à peine à rester accrochée, tapissait l’ouverture croulante.

Nissa se mit à genoux et fit courir ses doigts sur la mousse. Elle était douce, fragile et un peu tiède.

Zendikar.

Elle laissa échapper son esprit, qui pénétra impulsivement dans la terre, en quête d’un signe de l’âme du monde—mais il se rétracta aussitôt, se retirant du grand vide parcouru d’échos. Cela devait être le bon endroit, mais où donc était Zendikar ? Ne devrait-elle pas être en mesure de percevoir le Cœur de Khalni, à présent ? Elle refoula les doutes et l’inquiétude qui s’insinuaient en elle. Elle allait le trouver.

La fine pellicule verte s’étendait plus avant dans la galerie. Nissa ignorait si c’était réel ou si les ténèbres et son espoir flattaient son optimisme, mais la mousse paraissait s’étoffer et gagner en vigueur plus loin dans le tunnel. Quoi qu’il en fût, elle poussait, telle une piste qui la conduirait chez elle.

Son désir la rendait fébrile. Elle rampa dans la galerie aussi rapidement que possible dans le boyau étriqué. Ses yeux ne l’avaient pas trompée : plus elle avançait, plus la mousse s’épaississait sous ses doigts et ses paumes—plus drue... mais plus fragile ? Un infime doute s’insinua une fois de plus en elle. Quelque chose clochait. Quelque chose la perturbait.

Tandis qu’elle avançait, ses perceptions s’accrurent, mises en alerte sans qu’elle sût pourquoi.

L’étroite galerie débouchait sur une caverne baignée d’une lueur bleuâtre. Étrange. Elle plissa les yeux, s’efforçant de voir plus loin, et ses oreilles se dressèrent, s’orientant d’un côté puis de l’autre. Cependant, elle ne put rien établir de plus quant à la nature de la lueur bleue et rampa donc jusqu’à la cavité plus grande avant de se relever.

Elle eut le souffle coupé et la tête lui tourna, son esprit tentant de faire sens du spectacle qui s’étalait devant elle. La lueur bleue émanait d’un cercle d’hèdrons serrés, reliés les uns aux autres par un écheveau de lignes ley irradiant la puissance. Jamais elle n’avait vu une telle configuration de lignes ley auparavant–elle n’était pas naturelle.

Vignes assainissantes | Illustration par Bastien L. Deharme

Pourquoi ? Que—qui—avait fait ça ?

Sûrement pas un surrakar. Elle était plutôt sûre qu’ils ne s’intéressaient nullement à la manipulation des hèdrons.

Un Eldrazi, alors ?

Elle eut la chair de poule.

Elle contourna lentement le cercle, aux aguets, chacun de ses poils dressé sur ses bras. Rien n’était normal ici, rien ne l’avait été depuis qu’elle était entrée dans la grotte.

La puissance qui s’était agitée en elle quand elle avait abattu l’Eldrazi bouillonna de nouveau, prête à tout ce qui pourrait se présenter devant elle—ce qui signifiait qu’il lui fallait la contenir. Le moment était mal choisi, il y avait trop en jeu. Elle apaisa cette agitation intérieure et concentra son attention sur les hèdrons.

La base de chaque bloc était calée dans un monticule de terre qui paraissait avoir été intentionnellement ratissé. On discernait clairement les traces de doigts—ou de griffes.

De prime abord, le cercle avait l’air complet, mais en le contournant, Nissa y découvrit un vide de la taille exacte d’un hèdron.

Ce fut par cette brèche que Nissa le vit : le Cœur de Khalni.

Zendikar.

Son cœur bondit—pour cesser de battre aussitôt. La jeune fleur reposait sur une dalle de pierre, ses pétales presque fanés drapés sur un rebord et ses racines, en partie couvertes de bouts de terre desséchée, pendant mollement de l’autre.

À la vue des racines nues, un souvenir insoutenable lui traversa l’esprit. La douleur, la déchirure. Soudain, elle était de retour à Tazeem, sur le sommet qui dominait l’orée de la forêt de Vastebois. Le lien qui l’unissait à Zendikar se déchirait une fois de plus.

L’âme du monde ne s’était pas retirée de son plein chef dans le Cœur de Khalni. Cela lui avait été imposé. Alors même que les Eldrazi dévastaient la région, quelqu’un avait déraciné l’âme du monde avant de l’emprisonner ici pour qu’elle y meure. Qui donc pouvait être aussi cruel ?

Plus forts que la stupéfaction qui menaçait de la paralyser, les instincts de Nissa prirent le contrôle de ses actes. Ses jambes s’animèrent, l’emportant vers la fleur, et elle tendit ses bras pour offrir sa protection. Mais, avant qu’elle pût pénétrer dans la prison d’hèdrons, elle sentit une rafale de vent sur sa peau et quelque chose de dur et de chaud lui percuta le flanc. Elle fut projetée à l’autre bout de la caverne par la force de l’impact.

Hors d’haleine et luttant pour reprendre son souffle, elle parvint à se mettre à quatre pattes mais se fit à nouveau frapper.

Elle roula sur le sol de la grotte, terminant sur le dos—son regard croisant soudain celui d’un démon.

Ob Nixilis ravivé | Illustration par Jason Chan

« Que viens-tu faire ici ? » La voix de basse du démon semblait étrangement à la fois sourde et sonore. Il la dominait de toute sa hauteur. Ses ailes à moitié déployées occupaient toute la largeur de la grotte, l’empêchant de distinguer la prison d’hèdrons et la fleur. Ses bras et ses jambes étaient recouverts de barbillons acérés, et cinq cornes épaisses ornaient son crâne. « Qui t’a envoyée ? »

Ce démon était responsable de tout. Plongeant son regard dans ses orbites rougeoyantes, Nissa le sut sans l’ombre d’un doute. C’était lui qui avait déraciné Zendikar. Il lui avait dérobé son ami, lui avait causé une souffrance incommensurable et avait blessé l’âme du monde. Nissa le détesta.

« Réponds-moi », enragea-t-il. Des veines de magie incandescente naquirent sur sa poitrine et le long de ses bras. « Comment m’as tu trouvé ? »

Il fondit sur elle. D’un geste fluide, Nissa tira son épée, mais le démon était rapide, lui aussi. Il lui immobilisa le poignet, le tordant vers l’arrière et détachant brutalement ses doigts de son arme.

Tandis que sa lame chutait bruyamment sur la roche, le démon écrasa l’elfe de tout son poids comme s’il voulait l’enterrer en l’enfonçant dans le sol. « Grâce à Nahiri ? »

Nissa lutta pour se dégager. Il était presque trois fois plus massif qu’elle, et il aurait donc l’avantage—du moins pourrait-il s’en persuader. Les elfes figuraient parmi les races les plus légères de Zendikar mais, avec de l’expérience, ils étaient capables d’abattre n’importe quel adversaire plus grand qu’eux. Or, Nissa était fort aguerrie. Du moins l’avait-elle été. L’elfe qu’elle était autrefois, celle qui avait vécu ici, à Bala Ged, avait déjà affronté un baloth à piquants et en était ressortie victorieuse.

Baloth à piquants | Illustration par Daarken

Ce démon n’était pas différent du baloth. C’était une créature, un animal, et elle pouvait le vaincre. Nissa observa ses mouvements pendant qu’ils luttaient et il ne lui fallut pas longtemps pour localiser son centre de gravité. Prenant davantage le dessus à chaque manœuvre, elle se positionna pour tenter de le déséquilibrer. Quand elle eut assez d’appui, elle replia les jambes et projeta ses pieds avec précision sur sa poitrine, le repoussant violemment.

Le démon vacilla vers l’arrière, se rattrapant en plein élan d’un puissant coup de ses ailes de cuir.

Il voulut se précipiter une fois de plus sur elle mais, cette fois-ci, Nissa fut plus rapide. Les gestes et les instincts du combat lui revenaient. Ayant récupéré son épée, elle lui en donna un grand coup, touchant le côté de sa jambe comme il esquivait, faisant couler le sang.

Ses pupilles se contractèrent et il mugit, mais Nissa ne broncha pas.

Il plana au-dessus d’elle, une expression qu’elle ne put tout à fait déchiffrer sur le visage. Cet être démoniaque respirait la haine, cela au moins ne faisait aucun doute, mais ce n’était pas tout. Il avait aussi quelque chose de déconcertant. Il cracha. « Si Nahiri pense pouvoir m’arrêter maintenant, elle se trompe grossièrement. »

Nissa ignorait de quoi il parlait et s’en moquait totalement. Elle se jeta une fois de plus sur lui, épée en main, mais sa contre-attaque la prit par surprise. Le démon se retourna sur elle, la puissance incendiaire qui l’habitait s’accumulant jusqu’à surgir de sa paume, percutant sa poitrine. C’était un pouvoir qui puisait l’essence même de Nissa—tout en alimentant la noirceur du démon.

Même si il lui était devenu plus aisé d’ignorer le pouvoir qui dormait en elle, voire de le réprimer, il n’avait pas faibli et, à présent qu’il était menacé, qu’on le lui arrachait, une profonde et déchirante vague de douleur déferla sur elle.

Elle hoqueta et tituba, terrassée par ce sentiment nauséeux de faiblesse. Si elle n’agissait pas, cela serait la fin. Le démon la viderait de son énergie et Zendikar suivrait.

Elle savait ce qu’elle avait à faire. Le démon ne lui avait laissé aucun choix. Elle n’en utiliserait qu’une fraction, rien qu’un instant.

Au départ, cette puissance ne fut pas facile à manier. Bien que cette force ne demandait qu’à se déchaîner, Nissa n’avait plus l’habitude de s’en servir et devait rétablir des connexions avec elle. Elle échoua plusieurs fois avant de parvenir à la canaliser dans sa poitrine puis dans son bras.

Brandir son épée lui donna l’impression de soulever un tronc de jaddi à bout de bras, mais elle maintint fermement la lame dressée et contraignit son essence à y pénétrer. Plus son pouvoir affluait, plus elle l’accepta. Une chose en elle s’éveillait et était ravie de voir ce moment enfin arriver.

Elle orienta son épée débordante de pouvoir entre sa poitrine et la rafale d’énergie absorbante du démon, et poussa de toutes ses forces. Soudain, la pleine puissance de son essence l’envahit de nouveau—et avec elle tous les souvenirs, toutes les horreurs, les maladresses, les erreurs. Combien de fois n’avait-elle manié ce pouvoir que pour tout gâcher ? Combien de fois avait-elle fait plus de mal que de bien ? Elle ne pouvait pas se faire confiance.

Mais il était trop tard pour y penser. Le pouvoir contenu dans sa lame renvoya l’attaque du démon droit sur lui. La force du coup les projeta tous les deux en arrière, et ils s’écrasèrent chacun contre des parois opposées de la grotte.

La tête de Nissa lui tourna et ses doigts la picotèrent, imbus d’une puissance impatiente. Elle se releva d’un bond alors que le démon avançait sur elle.

« Impressionnant, dit-il. Les apparences sont trompeuses. Tes habits sont ceux d’une simple Joraga. » Il renifla l’air autour d’elle. « Mais tu portes l’odeur des Éternités aveugles, petite Planeswalker. »

Nissa se crispa. Était-il un Planeswalker, lui aussi ? C’était fort probable. Elle concentra ses perceptions sur lui pour jauger son énergie. Quelque chose d’anormal flottait aux frontières de son être, mais elle ne put en identifier la cause.

« Je n’en attendais pas moins de l’émissaire de Nahiri, déclara-t-il. Mais il faut que je te demande : pourquoi t’a-t-elle envoyée ? Pourquoi n’est-elle pas venue elle-même ? »

« J’ignore de quoi tu parles. » Nissa eut de la peine à réfréner l’envie de se jeter sur lui. La réserve de pouvoir qu’elle abritait la rendait euphorique, et elle ne pourrait pas la contenir bien longtemps.

« Peut-être parce que Nahiri avait peur de m’affronter, craignant qu’une fois cette tâche accomplie, je ne dispose de plus de puissance que n’importe quel Planeswalker depuis très longtemps. » Le démon porta une fois de plus son regard sur la fleur et Nissa l’imita, son cœur battant pour Zendikar. « Toute la puissance d’un monde m’appartiendra. »

Ob Nixilis, libéré de ses chaînes | Illustration par Karl Kopinski

« Ce pouvoir ne t’est pas destiné. » Nissa proféra ces paroles, sûre d’elle et soutenue par la puissance qui courait dans ses veines. « Le Cœur de Khalni appartient à la terre. »

« Ne sois pas naïve, rétorqua sèchement le démon. Le pouvoir appartient à ceux qui le prennent. Moi, je l’ai pris. Par conséquent, il m’appartient. »

« Alors, je vais te le reprendre. » Nissa ne pouvait plus se retenir. Exaltée par son essence sauvage, elle plongea vers l’ouverture entre les hèdrons. Elle était venue pour Zendikar et elle ne partirait pas sans lui, mais le démon lui envoya une autre décharge, qu’elle fut contrainte d’esquiver.

« Tu ne veux pas mourir ici, petite elfe, dit-il. Ça n’en vaut pas la peine. Quoi que t’ait promis Nahiri. »

« J’ignore qui est cette Nahiri », rétorqua Nissa. Le démon avait cependant raison. Elle n’avait aucune envie de mourir ici. Qu’était-elle en train de faire ? Elle faisait montre d’un mépris flagrant à l’égard de son existence, de celle du Cœur de Khalni, lequel se trouvait juste sous ses yeux, vulnérable et défaillant. C’était l’énergie volatile qui l’habitait qui dirigeait ses actions. Cela n’aurait pas dû se produire. Elle était censée n’y puiser qu’un instant. Elle se l’était juré. Elle n’était plus cette elfe-là. Elle était la maîtresse de la situation, qui faisait taire les pulsions erratiques et instables qui montaient en elle. Elle, qui dépendait de son rapport avec la terre pour puiser le pouvoir dont elle avait besoin, celui auquel elle pouvait se fier, celui qui ne commettait pas d’erreur.

Cette elfe fiable était celle qui était venue ici pour sauver Zendikar, et elle était la seule à pouvoir réussir. Laborieusement, elle fit refluer son essence bouillonnante, insistante, résistant à l’envie de se précipiter à nouveau sur le démon. Cela ne fonctionnerait pas. La force brute n’était pas le seul moyen de franchir l’obstacle que ce démon représentait. Elle devait réfléchir. Se concentrer.

Il n’y avait qu’une entrée au cercle d’hèdrons. Par conséquent, le démon saurait toujours quelle direction elle prendrait. Mais s’il y avait une autre brèche . . . oui ! Voilà de quel bois cette elfe était faite.

« Si ce n’est pas Nahiri qui t’a envoyée, que fais-tu donc ici ? » demanda le démon en la lorgnant d’un sale œil.

Nissa indiqua de la tête le Cœur de Khalni, mais ce n’était qu’un prétexte pour examiner le cercle d’hèdrons. « Je suis ici pour sauver cette fleur. Je suis ici pour Zendikar. »

« Pour Zendikar ? » Le démon éclata de rire. « Soit tu mens, soit tu n’as pas toute ta tête. As-tu vu Zendikar, dernièrement ? Il ne reste plus rien à sauver. Bientôt, les Eldrazi dévoreront tout. »

« Oh que non. » Nissa fixa un hèdron situé sur la gauche du démon.

« Tu me parais bien sûre de toi. »

« Effectivement. » Nissa se raidit, prête à se mettre à courir.

« Qui va arrêter les Eldrazi, alors ? demanda le démon. Toi ? »

« Oui, répondit Nissa. Moi. » Elle chargea.

Nissa Revane | Illustration par Jaime Jones

Le démon voulut lui bloquer l’accès aux hèdrons, mais ce n’était pas son objectif.

D’un saut périlleux, elle bondit dans les airs vers l’hèdron situé à gauche de son adversaire. Elle positionna sa lame pour frapper.

Mais alors que l’hèdron était à sa portée, elle sut qu’elle échouerait. Les échos d’un souvenir lointain envahirent son esprit. Elle avait déjà fracassé un hèdron. Dans un grotte très similaire à celle-ci. Toutefois, cela avait nécessité le pouvoir de son essence. Si elle frappait le rocher seulement avec sa lame, elle aurait de la chance d’y faire une égratignure.

Il lui fallait plus de pouvoir, plus de son être.

Elle ne fut pas certaine d’en avoir fait le choix conscient, mais quand son arme s’abattit sur l’hèdron, l’essence qu’elle avait en elle explosa. Puis le démon la plaqua.

Ils roulèrent sur le sol, luttant, à armes égales. Nissa ne quittait pas l’hèdron des yeux. Elle attendait qu’il se craquelle, que n’explosent les inéluctables cataractes de chaos qui s’ensuivraient. Espérant qu’elle avait agi à temps.

Un battement de cœur plus tard, une fissure de puissance apparut à la surface de l’hèdron, lézardant ses facettes et, l’instant d’après, l’énorme bloc de pierre vola en éclats. Le réseau de lignes ley qui y avaient été connectées commença à frémir avant de vaciller. Les réverbérations firent chavirer violemment les autres hèdrons. La prison perdait de son intégrité. Elle s’effondrerait bientôt totalement et emporterait très probablement le reste de la grotte avec elle.

Pour Nissa, c’était maintenant ou jamais. Elle puisa de nouveau dans son pouvoir. Cette fois-ci, elle l’utilisa pour se libérer brutalement du démon. Elle se releva vivement et courut vers le Cœur de Khalni.

« Non ! rugit le démon. Je ne te laisserai pas faire ! »

Il se précipita à sa suite, mais hésita entre l’elfe et les hèdrons vacillants. Elle vit le doute dans ses yeux. Puis il finit par se lancer sur le monolithe le plus proche, l’enveloppant de ses bras robustes, luttant pour le maintenir en place.

Expédition du Cœur de Khalni | Illustration par Jason Chan

Nissa tendit la main pour saisir le Cœur de Khalni.

Au moment où elle toucha la fleur—tout afflua en elle.

Zendikar.

Le verbe, la présence, l’âme retentirent en elle.

Puis, la main du démon se referma sur la sienne, serrant si fort qu’elle crût qu’elle allait écraser la fleur. « Tu as été stupide, dit-il, le feu faisant rage en lui. Plus que stupide. »

Mais il ne soutenait plus les hèdrons chancelants. Les lignes ley s’écartèrent tandis que les rochers s’écrasaient en cascade autour d’eux.

Le démon gratifia Nissa d’un regard de ruine, une haine incandescente dans les yeux. « Et pour cela, tu vas payer. » Il projeta une furieuse rafale d’énergie sur Nissa qui la cloua sur place telle une camisole. Elle voulut se libérer, mais à chaque souffle, il puisait plus de ses forces.

Il n’avait qu’une idée en tête : la tuer, la détruire. Elle le sentait. Elle le voyait dans ses yeux.

« Peu importe à quel point tu le veux... », continua le démon, levant leurs mains unies et le Cœur de Khalni. « ... Mon envie est plus forte. Et je l’aurai. »

Sa rage grandissait à mesure que les battements du cœur de Nissa faiblissaient. « Si tu veux vivre, il est temps pour toi de te transplaner. »

Nissa paniqua. Sa vision périphérique s’obscurcit. Elle reposa vivement les yeux sur le Cœur de Khalni. Son essence déclinante cherchait à atteindre le pouvoir de Zendikar, le pouvoir qui se trouvait juste au creux de ses mains. Avec lui, elle pouvait écraser le démon, elle pouvait gagner—il lui suffisait de s’en emparer.

Non. Nissa se réfréna, maîtrisant son désespoir. Zendikar ne pouvait pas se permettre de lui donner son pouvoir, pas tant qu’il était déraciné et séparé de la terre. Si elle y puisait, elle le tarirait d’un coup, détruirait la fleur et entraînerait la mort de Zendikar.

Elle n’était plus cette elfe-là, celle qui agissait sans se soucier des conséquences. Elle n’allait plus refaire ce genre d’erreur.

Alors que faire ? Succomber aux mains du démon ?

Non. Elle n’était pas cette elfe-là non plus.

Elle se trouvait quelque part à mi-chemin entre celle qu’elle avait été autrefois et celle qu’elle pensait être devenue. Aucune de ces deux définitions n’était entièrement exacte. Refouler aussi longtemps sa force intérieure avait été une erreur—elle était puissante, bien plus encore que ce démon, et elle n’aurait jamais dû le cacher. Toutefois, elle n’avait pas eu tort d’apprendre la prudence et le contrôle de soi. Jamais le pouvoir ni la passion n’avaient été dans l’erreur. Elle avait toujours agi pour les bonnes raisons, avec les bonnes intentions. Pourtant, elle avait commis des erreurs car elle n’avait pas eu conscience du monde qui l’entourait, de la compréhension plus profonde nécessaire pour agir en conséquence.

Ce n’était plus le cas.

Elle l’avait appris de Zendikar. Elle voyait les signes et les connexions, elle avait une vision globale des choses. Cette grotte, ces hèdrons, le pouvoir du Cœur de Khalni, l’essence dévorante du démon. Elle voyait aussi Zendikar dans son ensemble, les Eldrazi, les autres Planeswalkers, le camp des réfugiés. Elle contemplait le Multivers et ses myriades de mondes.

Nexus des Scintimites | Illustration par Sam Burley

Elle avait sa place dans tout cela, et le pouvoir qu’elle possédait également. Elle était destinée à l’utiliser—aujourd’hui, instamment, pour sauver Zendikar.

Ce qu’elle était sur le point de faire était périlleux, peut-être la chose la plus dangereuse de sa vie, mais ce n’était pas un risque. Elle savait parfaitement ce qui allait se produire. Et elle était prête.

Elle concentra toute la puissance qui subsistait en elle, tout ce que le démon n’avait pas encore absorbé, et le lui arracha. Elle sentit le démon résister, lutter pour la contrer, mais elle canalisa l’énergie dans ses bras, au bout de ses doigts et dans le Cœur de Khalni.

Son essence emplit la fleur, qui prit vie. Ses pétales se redressèrent, ses feuilles se déployèrent et elle s’illumina. Enfin, ses racines se mirent à croître et à se diriger vers le sol.

« Que fais-tu ? » Le démon tira violemment. Elle vit la confusion qui habitait son regard.

Nissa se sentit comme une branche de saule, tirée vers le bas par le démon et vers le haut par l’énergie de son propre plexus. Les racines du Cœur de Khalni avaient presque gagné le sol. Elle projeta une ultime salve dans l’âme de Zendikar, puis sa vue s’obscurcit et son corps se relâcha.

Le démon arracha la fleur de ses doigts sans vigueur et elle tomba à genoux.

« Ce monde est à moi ! gronda-t-il. Ce pouvoir m’appartient. »

Le monstre se trompait.

Les racines avaient atteint le sol. L’âme du monde avait rejoint la terre. Zendikar n’appartenait à personne. La terre se souleva, projetant des blocs de roche dans les airs comme elle cherchait à retourner au Cœur de Khalni. Puis, elle arracha la fleur des mains du démon et l’enveloppa délicatement pour la protéger.

« Non ! » Le démon tomba à genoux, fourrageant le sol de ses griffes extravagantes. Mais il était trop tard. La terre s’était déjà refermée sur le cœur de puissance. La fleur avait disparu. Elle était en sécurité.

La grotte entière se mit à trembler tandis que la force de Zendikar s'engouffrait par les paumes de Nissa, comblant le vide en elle, se mélangeant aux dernières traces de son essence.

Le démon fut violemment propulsé en arrière. Il voulut s’appuyer pour reprendre l’équilibre, mais la paroi vola en éclats. Il se lança dans les airs, évitant les débris. « Qu’as tu fait ? »

Nissa se releva et se retourna pour lui faire face. « Si tu veux vivre, il est temps pour toi de te transplaner. » Elle renoua son lien avec Zendikar, puisant à la fois le pouvoir qui l’habitait et celui du monde, invoquant une extension de son être, une perfection de son enveloppe. Quand elle frappa le démon, la terre et les débris accompagnèrent son geste, abattant un poing minéral sur son poitrail. Le démon s’écrasa sur la paroi croulante de la caverne.

Nissa bondit d’un bloc de terre délabré au suivant, chaque fragment de Zendikar tour-à-tour amortissant ses arrivées et lui conférant la force nécessaire pour sauter. Pendant que le monde s’écroulait sur le démon, Nissa s’éleva, imitée par l’âme du monde, son ami.

Ashaya.

Quand elle regagna la surface, ses pieds touchèrent un doux et épais tapis de mousse et elle huma l’éclatant parfum de la vie. À ses côtés, l’imposant élémental, composé des restes du tunnel et de la terre éboulée, fit de même.

Nissa regarda son ami. Ashaya lui envoya une bouffée de ferveur, et elle fit de même avec son essence. Ils ne faisaient qu’un, mais ils étaient également des individus, plus forts que le pouvoir qu’ils partageaient. Il était maintenant temps d’utiliser cette puissance pour sauver Zendikar.

Ashaya, le Monde éveillé | Illustration par Raymond Swanland

Nissa et Ashaya retourneraient à Porte des Mers, se joindraient à l’armée de Gideon et pousseraient le même cri de guerre, car ces mots avaient de nouveau une signification.

« Pour Zendikar ! »

Ensemble, ils partirent traverser le continent, marchant du même pas.


La bataille de Zendikar Histoires archivées

Profil du Planeswalker : Nissa Revane

Profil du plan : Zendikar