Il y a environ 1300 ans

Une brise légère courait sur la steppe immense. Des troupeaux d'herbivores passaient paisiblement sous les fortifications d'une ville imposante faite de verre et de pierre quand, dans une bourrasque, un dragon venu d'un monde lointain fendit les cieux.

Il portait le nom d'Ugin et le but qu'il poursuivait était, comme toujours, inaccoutumé.

Dès qu'ils le virent, des groupes d'habitants se rassemblaient pour saluer son approche tout en le guidant vers le centre de la ville. Tous se réjouissaient de rencontrer Ugin, car l'Arbitre de la Loi les avait assurés qu'on pouvait faire confiance au dragon-esprit. Les ovations accompagnèrent donc Ugin alors qu'il traversait la ville pour retrouver son allié au sommet de l'escalier menant à ce que les habitants lui avaient présenté comme le Palais de Justice.

Le sphinx était un hiéromancien qui avait vécu 10 000 ans. Ses causes étaient louables, même si ses motivations l'étaient moins.

« Ugin, mon ami , lança Azor en déployant ses ailes et en inclinant le front. Sois le bienvenu dans ma nouvelle demeure. »

Le sphinx agita ses rémiges et une légère impulsion de magie de loi poussa la foule à faire demi-tour pour se disperser.

« Qu'est-ce qui t'amène sur ce plan ? » s'enquit Azor.

Le dragon esprit se tourna vers lui : « Lors de notre dernière rencontre, nous avons évoqué notre ennemi commun. »

« Et qu'en est-il de lui ? voulut savoir le sphinx en scrutant les alentours d'un regard nerveux. Ce monde est-il en danger ? »

L'exterminateur était apparu sans crier gare sur l'un des mondes placés sous la protection d'Azor et avait réduit à néant tout le fruit de son travail, avant de fonder un nouvel empire conçu pour servir ses sombres desseins.

Ugin rencontra le sphinx moins d'une décennie plus tard et lui révéla le nom de cet adversaire. Il ne manqua pas également de lui décrire ses méthodes et de revenir sur son passé déshonorant.

« Tant que notre ennemi est en liberté et indemne, tous les plans sont en danger. C'est d'ailleurs ce qui m'amène ici. J'ai ourdi un plan pour libérer le Multivers de son emprise, mais il ne pourra pas être mis à exécution sans ta participation. »

« J'ai instauré les lois sur d'innombrables mondes, rappela le sphinx. J'ai établi des structures là où il n'en existait pas. Je serais très honoré de faire profiter de l'immensité de mes talents, cher ami. »

La satisfaction se lisait sur le visage d'Ugin. « Ensemble, nous débarrasserons le Multivers de Nicol Bolas. »

Pour porter ses fruits, leur stratégie exigeait la réussite de deux étapes : d'abord trouver le moyen ainsi que l'occasion de jeter leur adversaire dans leur prison, puis disposer d'un verrou qui le retiendrait captif tout en neutralisant ses pouvoirs. Durant leur conversation, Azor évoqua avec animation la hiéromancie indispensable à la création d'un objet qui amplifierait la puissance de sa magie de loi, lui offrant la possibilité d'invoquer le dragon doré à partir de n'importe quel lieu dans le Multivers. Cela exigerait le sacrifice de son étincelle, mais, avec l'aide d'Ugin, il retrouverait celle-ci après que Nicol Bolas ait été détruit. « Il existe un plan sur lequel je veux établir l'ordre, un monde appelé Ixalan. C'est là-bas, sur le continent de Torrezon, que je créerai le Soleil immortel. »

Azor cesserait alors d'être un Planeswalker. Toutefois, le Soleil immortel accroîtrait sa hiéromancie grâce à la puissance de son étincelle brisée, lui permettant de disposer d'une énergie magique dont aucun sphinx mortel ne pouvait rêver. Incapable de résister, leur ennemi serait entraîné jusqu'à la cage, quel que soit le plan sur lequel il se trouvait. Le mécanisme devrait également faire office de verrou pour leur cellule afin de s'assurer que, bien qu'il soit capable de transplaner, leur adversaire ne parvienne pas à s'échapper. Ugin certifia à Azor qu'après avoir passé des siècles à fomenter ce plan, il avait gardé en secret un moyen de faire passer Nicol Bolas de vie à trépas une bonne fois pour toutes. Il leur suffisait de capturer le dragon doré et leur tâche serait accomplie.

« Tu vas devoir l'attirer vers un lieu déterminé, expliqua Azor. J'aurai besoin de savoir où viser avant de le faire venir jusqu'à la prison. »

Naturellement, étant d'une nature aussi rusée qu'intrigante, Ugin avait déjà réfléchi à ce point. « Je vais l'attirer jusqu'à Tarkir », révéla-t-il.


« Dis m'en davantage porteur de la Loi », ordonna avec calme Nicol Bolas alors qu'il arrachait nonchalamment le bras droit du bureaucrate subalterne qui se débattait entre ses serres, un elfe, chef de cet-endroit-sans-nom et brigadier de peu-importe-qui.

Tout en se servant du membre amputé pour faire pleuvoir les coups sur cet homme, Nicol Bolas regrettait presque de céder si facilement à la violence en réaction à l'imbécilité de ces mortels, surtout quand une fraction de ses pouvoirs télépathiques aurait suffi à obtenir l'information dont il avait besoin. Malgré cela, la rossée eut l'effet désiré et l'homme sortit de son hébétude assez longtemps pour balbutier une réponse. Bolas n'atteignait une certaine plénitude que lorsqu'il châtiait les imbéciles.

Alors que les collègues bureaucrates de cet elfe ainsi que tous les habitants de la ville avaient eu le bon sens de fuir pour sauver leurs vies, ce pitre misérable s'était campé au beau milieu de la place et avait entreprit d'agonir d'insultes un dragon ancestral affirmant au passage que le porteur de la Loi ferait son retour pour mettre une nouvelle fois un terme au mal qui régnait. Quelle menace minable, pensa Bolas tandis que l'elfe bafouillait en révélant tout ce qu'il savait... quand il ne le suppliait pas de lui laisser la vie sauve.

Le sphinx. Encore et toujours ce sphinx. C'était le troisième plan que Bolas visitait sur lequel la population vénérait un sphinx venu d'un monde lointain. Il avait pleinement conscience qu'il ne s'agissait pas d'une coïncidence car, quelle que soit leur origine, tous les témoignages présentaient trop de points communs. Ils faisaient toujours état d'un sphinx venu d'un lieu aussi inconnu que distant et qui imposait un système de justice à la population avant de disparaître à nouveau, laissant derrière lui des codes légaux ampoulés et, en ce qui concernait ce plan-ci, un statuaire prétentieux. Un planeswalker, forcément, en déduisit Bolas. Très certainement un hiéromancien et, de toute évidence, un ennemi..

La statue gigantesque avait été érigée (de façon trop ostentatoire au goût de Bolas...) au sommet du plus haut bâtiment de la ville, un édifice de marbre à l'aspect officiel qui dominait toute la place. Le dragon déposa le bureaucrate en sang sur la tête de la sculpture puis desserra son étreinte, attendant quelques instant que l'elfe ait trouvé son équilibre. « N'aie crainte, mortel, siffla Bolas en se préparant à partir. Si ce que tu m'a dit est vrai, je suis certain que ton porteur de la Loi va revenir à ton secours avant que tu ne saignes à mort. »

« Azor », murmura le bureaucrate meurtri. Tel était donc le nom du sphinx. Fermement résolu à apprendre tout ce qu'il fallait savoir sur cet Azor, Bolas laissa échapper un bref sourire satisfait alors que l'homme vacillait au sommet la statue puis il déplia alors ses ailes gigantesques et prit son envol.

Durant de nombreuses années, sur tous les plans qu'il visita, Nicol Bolas s'évertua à découvrir des indices concernant les projets du sphinx. Finalement, sur un plan ravagé par la guerre, il rencontra une mageloi qui observait d'un regard triste une statue brisée, autre monument vaniteux à la gloire du légendaire porteur de la Loi.

L'Arbitre de la Loi a dressé notre monde contre lui-même, pensa la mageloi. Un flot d'images déferla de son esprit dès que Nicol Bolas entra en liaison mentale avec elle afin de découvrir tous les détails de son existence. Dire que je l'ai idolâtré comme on le fait d'un sauveur alors que ce sont ses décisions qui ont conduit à la destruction d'un monde qui n'avait pas besoin d'être amélioré. Dire que le jour où, cachée dans les ombres du Palais de Justice, alors que je l'écoutais mettre sur pied un plan pour vaincre le Mal Véritable avec la complicité du dragon esprit, je m'étais sentie aussi proche du divin qu'un humain peut l'être . . .

Au moment où elle rendit l'âme, Nicol Bolas savoura les derniers instants de désespoir de la mageloi avec délectation. Le Mal Véritable, se répéta-t-il voilà qui est flatteur . . .


Azor se tenait sur le rivage de Torrezon, dans l’œil d'un maelström engendré par sa propre magie.

Il avait jeté un sort de hiéromancie tel que nul autre n'en avait jamais tenté et que personne ne serait plus jamais capable d'égaler dans le but de briser son étincelle afin de créer l'artefact auquel il donnait le nom de Soleil immortel. Le sphinx se tenait au sommet de son chef-d’œuvre, épuisé et animé d'une fierté sans bornes.

Ses paroles allaient de plan en plan car, à l'époque, les Planeswalkers possédaient la puissance des dieux. « Ugin, grâce à ma création, ma force a décuplé. Je suis prêt à capturer notre prisonnier. »

Ugin entendit son complice et lui répondit de la même manière. Sa voix traversa les Éternités Aveugles avant de résonner avec clarté dans l'esprit d'Azor. « L’œuvre de notre vie sera bientôt achevée, mon ami. » En disant cela, Ugin donnait au mot « ami » des accents de fraternité auxquels Azor n'avait jamais pu résister. « Je n'ai plus qu'à mettre en place l'appât et à attendre que le destructeur tombe dans mon piège. »

Ugin survolait les montagnes escarpées de Tarkir, tellement absorbé dans ses préparatifs qu'il ne put retenir une réaction surprise quand son ennemi juré apparut face à lui.

De ses ailes largement déployées comme une cape claquant au vent, Bolas lui bloquait le passage et ses écailles étincelaient dans la clarté de la tempête qui l'entourait.

« Ton chat stupide apprécie trop qu'on élève des statues à sa gloire, susurra le dragon doré. S'il n'avait pas semé autant d'indices sur son passage, je n'aurais peut-être jamais écouté vos charmantes conversations à distance. »

Ugin se hérissa. « Le Soleil immortel aura tôt fait de te confiner à ta geôle, Planeswalker. »

Nicol Bolas éclata d'un rire sonore qui se mua en un rugissement furieux dès qu'il fondit sur son ennemi.

Les deux s'affrontèrent avec frénésie à travers les cieux, tels des titans pris dans une tempête.

Mais Bolas leva une griffe et des centaines de paires d'yeux de dragon regardèrent Ugin à l'unisson. Ils cambrèrent leurs corps gigantesques et plongèrent pour attaquer. Le dragon esprit tenta de leur échapper, mais il fut pris dans une tornade de feu et de serres acérées.

L'assaut le précipita au sol. Sans l'intervention d'un homme hors du temps, il est probable qu'il serait mort. Son sauveur enveloppa le corps d'Ugin dans un cocon de pierre pour le préserver avant de disparaître.

De son côté, Nicol Bolas transplana et ne revint jamais puisqu'il avait gagné.

Azor attendit une année entière.

Debout au sommet du Soleil immortel, il concentrait toute son attention sur les cieux, espérant un signal de son ami.

Hélas, rien ne vint et au moment où il comprit que quelque chose était arrivé à Ugin, il n'y avait plus de dragon à invoquer, aucun ennemi à emprisonner dans son piège et aucun sacrifice colossal dont s'acquitter dans cette lutte contre le mal.

Azor se retrouvait désormais sans étincelle et sa prison ne renfermait aucun prisonnier.

Il patienta durant des décennies avant de se résoudre à l'idée qu'il ne lui restait plus qu'une tâche à accomplir, celle dans laquelle il excellait, à savoir établir un autre système de lois sur Torrezon.

Il offrit le Soleil immortel à un monastère qui donnerait plus tard naissance à la Légion du crépuscule. Mais, constatant leur bêtise, il reprit son don avant que ces conquérants de pacotille n'aient l'idée de s'en servir.

Il le remit alors à l'Empire du Soleil et, durant quelque temps, leurs royaumes prospérèrent. Hélas, la paranoïa s'empara de leurs chefs et ceux-ci lancèrent des attaques impromptues contre leurs voisins. Azor récupéra alors son chef-d’œuvre et, cette fois-ci, il se retira entre les murailles d'Orazca en chargeant les Hérauts de l'onde, seuls sages présents sur Ixalan, de s'assurer que personne ne pourrait le retrouver ou éveiller le pouvoir qu'il détenait.

Durant d'innombrables années, Azor broya du noir, assis sur son gigantesque trône surplombant une cité déserte, en maudissant le nom de l'ami qui l'avait abandonné.

Et pendant tout ce temps, à l'insu d'Azor, Ugin sommeillait.

VRASKA

Jace révéla à Vraska tout ce qu'il savait au sujet de Nicol Bolas.

La tentative infructueuse pour s'emparer du Pont planaire, l'armée d'Éternels sur Amonkhet.

Vraska lui rendit la pareille en dévoilant tout ce qu'elle avait appris sur Nicol Bolas. Elle lui parla du Plan de méditation et de la Clé de sort qui lui en avait offert l'accès avant de lui confier à quel point elle était effrayée à l'idée que Bolas puisse la tuer en cas d'échec. Plus Vraska en apprenait à Jace, plus ils commençaient à entrevoir l'ampleur du plan de Bolas. Vraska se sentait autant coupable que terrifiée, comme si le poids du Multivers en entier pesait sur ses épaules.

Elle prit sa tête entre ses mains et déclara : « Je suis censée prendre contact avec l'un des alliés de Bolas. Ils cherchent à s'emparer du Soleil immortel... »

« ... en se servant du Pont planaire, ajouta Jace dans un mouvement de tête dépité. Tezzeret. C'est lui que tu es censée appeler. »

Vraska acquiesça. Il était évident qu'elle ignorait de qui il s'agissait. Jace fit une moue inquiète et lui expliqua : « C'est l'homme avec . . . le bras, celui que j'ai rencontré quand j'étais plus jeune. »

Dans une réaction révulsée, Vraska lâcha un juron.

Songeur, Jace se caressa le bas du visage. « Bolas a dépêché Tezzeret sur Kaladesh pour qu'il se saisisse d'un portail qui téléporte les objets. Ensuite, il t'a chargé de lui ramener quelque chose capable de bloquer les Planeswalkers sur un plan... »

« Après quoi il est allé à Amonkhet pour détruire sa manufacture de cadavres. Qu'envisage-t-il de faire avec des zombies coincés sur un plan mort ? »

Soudain, le visage de Jace devint blanc comme un linge. Vraska le vit écarquiller les yeux. Quand il baissa les paupières, ce fut pour lancer dans un grognement : « Ce ne sont plus de simples cadavres. Ils ont été traités au lazotèpe, c'est-à-dire l'élément minéral qui recouvrait la matière organique des Éternels... »

« ... pour les rendre capables de survivre aux voyages interplanaires, conclut Vraska en secouant la tête. Il s'est créé une armée qu'il peut déplacer dans tous le Multivers et il se servira du Soleil immortel pour s'assurer que personne ne puisse s'enfuir une fois que ses troupes arriveront. Jace... Y'a-t-il le moindre indice qui puisse nous permettre de comprendre quel est son but final ? »

Le mage marqua une pause. « Il faut que je vérifie. Un instant, je te prie. »

Il ferma les yeux et Vraska attendit en silence.

La température de la pièce était devenue étouffante. Des grains de poussière voletaient dans les rayons de lumière qui filtraient de l'extérieur. Vraska sentit son cœur battre au rythme d'une inquiétude montante alors que Jace resta entièrement immobile durant deux minutes pleines.

I finit par rouvrir les paupières et la regarda en affichant l'expression la plus triste qu'elle n'avait jamais vue.

« Montre-moi », exigea Vraska.

Et Jace s'exécuta.

L'air ondula alors sous les signes annonciateurs d'une illusion qu'elle reconnaissait désormais sans peine et Vraska put voir ce que voyaient les yeux de Jace.

Des écailles d'or. Du grès. Une chaleur intense. Du sable sur ses lèvres, dans ses yeux et dans sa gorge. Des amis brisés et condamnés Il tentait de pénétrer dans l'esprit de Nicol Bolas, d'appréhender son but, de l'empêcher de nuire et, pendant un bref instant, il y était parvenu, il vit l'objectif et, face à cette révélation, son cœur se pétrifia dans sa poitrine...

Ravnica occupait l'ambition habitant l'esprit de Nicol Bolas de manière omniprésente.

La cité n'était pas exposée de manière précise, comme l'aurait été l'appât d'un piège mental, mais plutôt tissée dans la trame des intentions du dragon et marquait tout son subconscient.

Nicol Bolas remarqua alors la présence de Jace et contre-attaqua en frappant l'esprit du mage d'un coup de boutoir psychique. Mais quand il fit cela et quand le dragon entreprit de passer ses entrailles au peigne fin, Vraska sentit une sorte de piège se déclencher et, même si Bolas parvint à bousculer les souvenirs de Jace, une part de l'esprit de celui-ci le propulsa d'Amonkhet jusqu'à Ixalan.

Ravnica était bien la cible de Nicol Bolas.

Tout conduisait à cette conclusion.

Vraska rouvrit les yeux et la projection de Jace prit fin.

Elle constata alors qu'elle ne pouvait empêcher ses mains de trembler.

« Il envisage de lâcher une armée. surnotre monde et cela grâce à mon aide. »

Ils conservèrent un silence impénétrable. Tout cela les dépassait. C'était monumental et inouï. L'objet que Vraska n'avait trouvé qu'après des mois d'investigation pendait au-dessus d'eux.

Elle se leva brusquement et se mit à déambuler d'un pas nerveux en lâchant des salves de jurons. Pour finir, elle ramassa une pierre et la lança en direction du Soleil immortel.

« Si je ne livre pas le Soleil Immortel, je resterai prisonnière ici ! Mais si je lui amène, Nicol Bolas détruira Ravnica ! Ravnica, c'est notre ville ! »

Jace demeurait silencieux.

« Et il y a toi ! l'interpella Vraska. Il lui suffira de fouiller dans mon esprit pour voir que je t'ai rencontré ! Il saura qu'on se connaît et il apprendra tout ce qu'il s'est passé. Il va nous tuer ! Tous les deux ! »

Elle se rassit et tenta de dompter sa panique en prenant quelques profondes inspirations. Qu'importe ce qu'il s'était passé, le reste des Golgari allait souffrir et qu'importe ce qu'elle avait fait, elle allait mourir.

« Tout cela n'a été qu'une mascarade, murmura Jace d'une voix faible. Que ce soit Kaladesh, Amnonkhet ou ici, les Sentinelles ne protégeaient rien. Pas vraiment. J'ai failli envers tout le monde. »

Vraska tenait à nouveau sa tête entre ses mains et bredouillait en tentant de comprendre le plan de leur adversaire. « Nicol Bolas a donc l'intention de piéger les Planeswalkers. Mais ensuite ? Envisage-t-il d'exterminer le reste des habitants de Ravnica ? Va-t-il les museler afin de pouvoir piéger les ennemis qui l'inquiètent et aller détruire un autre lieu ? Ces hypothèses me semblent ridicules. S'il voulait tuer des Planewalkers, il lui suffirait de le faire. Je ne comprends pas ses intentions. »

Le fait de survivre avait toujours motivé toutes les décisions que Vraska avait prises. Cette fois, pourtant, elle n'entrevoyait aucune issue. Son choix se résumait à rester coincée sur Ixalan tandis que Ravnica brûlait ou y retourner pour y être immédiatement exécutée par le dragon pour avoir frayé avec ses ennemis. Quelle que soit l'option pour laquelle elle opterait, tant que Nicol Bolas serait capable de sonder son esprit, son monde risquait la destruction.

Mais... Et s'il la sondait sans rien trouver ?

Une idée effarante germa dans son esprit. Effarante, certes... mais aussi géniale.

Vraska ferma les yeux et laisse échapper une longue expiration hachée. C'était l'idée la plus effrayante qu'elle avait eu de toute sa vie. Si Nicol la sondait sans rien trouver, continuait de lui faire confiance et lui donnait le pouvoir qu'il lui avait promis en échange de ses services . . . elle serait alors en mesure de lui porter un coup dévastateur. Ils seraient en mesure de lui porter un coup dévastateur.

« Jace. »

Le mage tourna vers elle un regard désespéré.

« J'ai une idée, mais elle ne va pas te plaire. »

Jace secoua la tête, l'impuissance se lisait sur tous les traits de son visage. « Je ne sais absolument pas ce que je pourrais faire pour aider. »

Vraska dut rassembler tout son courage avant d'oser laisser sa requête passer ses lèvres. Ce qu'elle s'apprêtait à dire était terrifiant, aussi radical que dangereux et absolument indispensable à leur survie commune.

« J'ai besoin que tu effaces temporairement de mon esprit tous les souvenirs te concernant. »

Jace eut un sursaut de dégoût. « Jamais je ne ferais pareille chose. »

« Ce ne sera que temporaire, Jace, et c'est la seule solution pour que Nicol Bolas ne nous tue pas », expliqua Vraska, la gorge nouée. Elle savait combien sa demande pouvait sembler abominable, mais plus elle soupesait cette idée, plus elle était convaincue d'avoir fait le bon choix, le seul qui soit envisageable.

Jace secoua la tête, incrédule. « Il n'est pas question que je te fasse souffrir à ce point... »

« Tu ne me ferais aucun mal. Tu ne ferais que nous protéger, lui opposa-t-elle avec détermination. Tu extrais de mon esprit tous les souvenirs que j'ai de toi et tu les gardes. Tu les mets en sécurité, hors de portée de la vue du dragon. Ainsi, quand je le rejoindrai, il pensera que la mission s'est déroulée sans la moindre anicroche. Ensuite, une fois sur Ravnica et au moment opportun, tu me rends mes souvenirs. »

Jace s'immobilisa. Vraska pouvait presque sentir qu'il réfléchissait à tous les aspects de ce plan. Il prit alors la parole avec calme et détermination, d'un ton où se mêlaient la peur et un soupçon de curiosité malsaine. « Tu es donc bien décidée à trahir Nicol Bolas. »

Vraska acquiesça. Elle sentit monter la colère, ses tentacules ondulant avec colère. « Si cette canaille s'imagine que je vais le regarder pendant qu'il s'empare de mon monde grâce à l'aide que je lui ai apportée, il va en être pour une sacrée surprise. Je le trahirais sans hésiter un millier de fois pour l'empêcher de faire à Ravnica ce qu'il a fait à Amonkhet. »

Sur le visage de Jace, la répulsion avait cédé la place à la perplexité. Il regarda Vraska avec un air de curiosité complice. « De quelle sorte de trahison parlons-nous ? »

Contre toute attente, un soupçon de l'esprit criminel dont il avait fait preuve du temps de la lame de mana subsistait en lui. Vraska offrit au mage un regard approbateur et commença à lui exposer les bases de son plan.

« Il m'a promis le titre de dirigeante de guilde. La magie de loi était omniprésente à Ravnica avant même la venue d'Azor. La métaphysique de ce plan est construite autour de la hiérarchie et les dirigeants de guilde ont accès à ce pouvoir, surtout s'ils agissent de conserve. Je vais accepter la position qu'il me propose et je continuerai à le servir pendant que, conformément à votre Pacte des Guildes, vous échafauderez un plan. Le dragon ne pourra rien soupçonner car je ne me battrai pas à vos côtés jusqu'au moment où tu me rappelleras que je suis dans votre camp. Quand vous serez prêts et quand le moment sera venu de porter un coup décisif à Nicol Bolas, rends-moi mes souvenirs et nous suivrons le plan que vous aurez ourdi. Même s'il comprend ce que vous faites, il restera persuadé que vous échouerez car il pensera que je lui suis encore loyale. »

Exposé ainsi à haute voix, ce plan paraissait démentiel. Toutefois, Vraska savait qu'il allait fonctionner. Jace avait probablement été le deuxième télépathe le plus puissant du Multivers jusqu'au moment où il s'était rappelé les enseignements de son mentor. Mais aujourd'hui ? Il avait recouvré son intégrité. La fracture n'existait plus. S'il avait pu briser un sphinx quand il n'était qu'un enfant, qui sait ce qu'il pourrait accomplir en tant qu'adulte ?

Vraska s'aperçut que Jace commençait à comprendre. Il hésita avant de la regarder à nouveau. « Me ferais-tu confiance au point de me confier tes souvenirs ? »

« Je te fais une confiance absolue », répondit-elle d'un ton résolu.

D'ailleurs, comment aurait-il pu en être autrement, puisqu'il lui était semblable en tous points ? Vraska ressentit pour la première fois qu'il y avait entre eux une vraie connivence, ce qui renforça ses convictions. Placer sa confiance en quelqu'un et qu'il vous fasse confiance en retour était pour elle un sentiment très étrange.

L'air qu'affichait Jace fit comprendre à la gorgone que jamais personne ne lui avait demandé ce qu'elle venait de lui proposer. Il lui adressa un regard chargé à la fois d'émerveillement et de tristesse, ferma les yeux un instant avant de les rouvrir.

« Il existe une technique que m'a enseignée Alhammarret », annonça Jace avec empressement. Toujours assis, il se pencha en avant, ses coudes appuyés sur les genoux. Son attitude corporelle venait de passer d'une terreur contenue à une concentration susceptible de résoudre tous les problèmes. « Elle s'appelle la Manœuvre d'Oubevir et c'est une façon de camoufler les preuves d'une manipulation mentale. Je peux disséquer et réutiliser le sort qu'Ugin m'a lancé pour dissimuler les vides qu'un tel traitement laisserait derrière lui. Bolas ne devrait pas être capable de déceler que quelque chose a été enlevé. »

« En es-tu certain ? »

« Disons qu'il ne pourrait pas remarquer l'absence de quelque chose qu'il n'aura même pas l'idée de chercher. Sa fierté est insondable et il ne sait pas que je suis ici. »

Vraska sentait l'espoir germer en elle. « Qui sur Ravnica pourrait aider à l'aboutissement d'un plan de cet ordre ? »

Jace réfléchit un instant avant de hocher la tête. « Niv-Mizzet. Il pourrait tenir tête à Nicol Bolas tant au niveau physique que mental. De plus, il sera furieux d'apprendre qu'il existe un dragon plus malin que lui. »

« Nous savons donc ce qu'il nous reste à faire. »

Vraska tendit une main dont Jace s'empara pour la serrer avec force.

« Es-tu certaine que nous n'avons pas le temps d'étudier ce plan plus avant ? », demanda-t-il.

Vraska secoua la tête négativement. « Ravnica est en danger et tu es parti depuis des mois. »

Jace laissa échapper une longue expiration. « Alors faisons-le avant que je me persuade que c'est une mauvaise idée. »

Le mage observa Vraska avec une détermination calme. « En tant que Pacte des Guildes vivant, je te donne ma parole que tes souvenirs seront en sécurité et qu'ils te seront rendus intacts. Je jure de trouver une stratégie que nous pourrons utiliser contre Nicol Bolas. Je te jure également que j'assumerai ma responsabilité de protéger Ravnica, mon monde. »

Vraska s'adressa alors à lui d'un ton confiant. « En tant que capitaine du Belligérant, je te donne ma parole que je ferai tout ce qu'il faudra pour porter atteinte à Nicol Bolas à l'instant où j'aurai recouvré toute ma mémoire. Je jure de me consacrer corps et âme à sa destruction. »

Vraska serra à son tour la main de Jace, puis ils se lâchèrent. Le pacte était scellé.

Un sourire naquit à l'un des coins de la bouche de Jace. « Faisons mordre la poussière à cette ordure. »

Vraska sourit.

Elle se sentait tout à la fois impatiente, terrifiée et rassurée. Quoiqu'il arrive, Jace protégerait une partie d'elle-même. Ensemble, ils parviendraient à sauver Ravnica.

« Où vas-tu te rendre une fois qu'il ne sera plus là ? » demanda-t-elle en désignant le Soleil immortel d'un mouvement de tête.

Jace se leva. « Je dois retrouver mes amis sur Dominaria. »

« Pour les recruter en renfort ? »

« Ce sera surtout pour leur présenter mes excuses pour mon retard démentiel. »

« Au moins, tu as une raison valable » commenta Vraska en haussant les épaules.

« Toutefois, je ne resterai pas sur Dominaria après leur avoir parlé », ajouta-t-il avant de plonger dans un silence étrange. Une petite ride s'était creusée entre ses sourcils. « Le Pacte des Guildes doit rester sur Ravnica. Je ne veux pas marcher dans les pas d'Azor. »

Avec le titre qui était le sien, Vraska comprenait pourquoi Jace ressentait cette crainte. Elle hocha de la tête et laissa ses pensées vagabonder tandis que le mage gardait le silence.

Après quelques instants, elle laissa échapper un rire léger. « Je viens de me rendre compte que je ne manquerai pas de te reconnaître la prochaine fois que je te croiserai, mais que je n'aurai qu'une idée en tête . . . te tuer. »

« Je sais », répondit-il avec douceur.

À cette pensée, Vraska ne put s'empêcher de sourire. Jace s'engageait là à garder un bien étrange secret.

Elle se demanda alors quel sentiment ferait naître en elle le souvenir d'Ixalan une fois que tout serait terminé. Se souviendrait-elle du Belligérant ? Et qu'en serait-il de ses amis ? « Peux-tu percevoir où se trouve mon équipage ? » s'enquit-elle.

Jace s'immobilisa un instant, prêtant l'oreille à quelque chose qu'elle ne pouvait entendre. Il eut un petit mouvement de tête. « Oui, ils sont dans la pièce au-dessus de celle-ci. Si tu le désires, je peux passer un message à Malcolm ou à Grègues. »

Se sentant coupable, Vraska soupira. « Dis-leur que nous avons été capturés. Demande-leur de retourner au navire. Dis-leur également que c'est Amélia qui commande et que cet équipage est la meilleure chose qui me soit jamais arrivée. Il n'y a rien de plus vrai. »

Un bref éclat bleu illumina les yeux de Jace au moment où il utilisa sa magie. « Voilà qui est fait, annonça -t-il d'une voix morne. Ils me manqueront, à moi aussi. »

« Nous les reverrons, promit Vraska avec détermination. Je ne veux pas les oublier. »

« Ce ne sera pas le cas, la rassura Jace. Je te promets d'y veiller. »

Vraska fit rouler ses épaules et se lança dans quelques mouvements d'échauffement. Il était temps d'en finir. « Comment cela va-t-il se passer ? Devrais-je tout d'abord appeler Tezzeret ? »

« Je dois avant tout identifier tous les souvenirs que tu as de moi, lui répondit Jace. Tu entreras en contact avec Tezzeret une fois que j'en aurai terminé. J'imagine qu'il a réparé le Pont planaire. Il pourra donc s'en servir pour déplacer le Soleil immortel. Ce n'est qu'ensuite que nous pourrons transplaner loin d'ici. »

« Attends ! s'exclama Vraska, soudainement inquiète. Comment saurai-je que mes souvenirs sont authentiques quand je les récupèrerai ? »

Jace se posta juste devant elle et déclara : « La prochaine fois que je te rencontrerai, je t'appellerai par ton titre avant de te rendre la mémoire. »

« Tu veux dire que tu m'appelleras Dirigeante de la Guilde ? »

Le regard du mage se fit malicieux. « Non, je t'appellerai capitaine. »

La gorgone plissa les yeux de bonheur. « Ce sera parfait. »

Il tendit alors les mains vers elle, paume vers le haut, et demanda simplement : « Puis-je ? » Vraska lui donna son autorisation d'un signe de tête et il plaça ses doigts de chaque côté de son visage.

Vraska sourit. « Une fois que tout cela sera terminé . . . pourrai-je te faire visiter le Marché de la rue d'étain sur Ravnica ? »

Jace lui retourna un petit sourire triste. « Je me rappelle où se trouve le Marché de la rue d'étain. »

« J'entends bien. Toutefois . . . je voudrais que nous nous y rendions ensemble, que nous prenions un café... Je connais une librairie fabuleuse. »

« Ainsi, tu aimes les livres ? », demanda Jace, un éclair de joie dans le regard.

Vraska acquiesça. « Je me prendrai un livre d'histoire et tu pourras choisir ... des schémas ou quoi que ce soit que tu aimes lire », lui dit-elle pour le taquiner.

Jace éclata de rire. « J'aime les mémoires, ces ouvrages où l'auteur nous fait partager ses souvenirs. »

« Vraiment ? Toi ?Tu aimes les mémoires ? »

« Les personnes intéressantes me passionnent », lui confia-t-il dans un sourire doux et timide.

Vraska lui rendit la pareille au moment de déclarer : « Rendez-vous est pris. »

Elle hocha une dernière fois la tête et ferma les yeux. « Adresse-toi à Niv-Mizzet. Prépare un plan qui a besoin des dirigeants de guide pour être mené à bien et veille à me faire participer en dernier. Ne laisse pas l'autre dragon remarquer quoi que ce soit. Puis, dès que l'occasion se présentera . . . »

« Trahison ! » conclut Jace avec fougue.

Il établit alors un lien entre leurs esprits. Soudain, Vraska eut l'impression qu'elle se tenait sur une scène, derrière le rideau qu'on levait doucement. La présence de Jace était discrète, mais elle le sentait bien se promener dans son esprit à pas de loup.

Si j'approche de quelque chose que tu ne veux pas que je voie, préviens-moi et je m'en écarterai.

De la tête, Vraska signifia qu'elle avait compris.

Je vais également laisser quelques souvenir afin de Nicol Bolas ne puisse trouver aucun espace vide. Cela te convient-il ?

Tout à fait, répondit la gorgone. Elle se sentait coupable d'avoir pu apercevoir une si grande part du passé de Jace.

Ce n'était pas de ta faute, lui dit le mage en ôtant le souvenir de la rivière afin qu'ils l'examinent tous les deux. Elle avait l'impression qu'en regardant à travers ses yeux, Jace pouvait constater à quel point les choses s'étaient enlisées et perdues dans le flot de son propre passé. La présence du Planeswalker dans son esprit était étrangement réconfortante. Elle avait l'impression d'assister à la représentation d'une pièce en compagnie d'un ami cher. Ensemble, ils passaient en revue les moments vécus en commun puis les détachaient du reste avant de les mettre de côté. Jace laissa échapper un long sifflement mental quand il vit le premier regard qu'il avait posé sur cette île couverte de guano. Les deux complices sourirent en se revoyant combattre côte à côte durant le raid. Vraska fut ébranlée en assistant à la conversation qu'ils avaient eu dans la coquerie du Belligérant.

Ton histoire mériterait d'être racontée, commenta Jace.

Il marqua un temps d'arrêt en atteignant la conclusion du souvenir se déroulant sur la berge de la rivière, en se voyant éperdu de chagrin alors que Vraska le tenait dans ses bras. Leurs esprits étaient en symbiose. Ainsi, Vraska ressentit ce que Jace venait de réaliser, à savoir que c'était lors de cette étreinte qu'elle s'était autorisée à toucher quelqu'un pour la première fois depuis des années.

La gorgone eut alors l'impression de dégringoler. La berge disparut. Autour d'elle, tout fut recouvert d'une obscurité brumeuse, puis elle se trouva en présence de quelque chose qu'elle ne connaissait pas : un puits fait d'ardoise vieillie dont les parois étaient tapissés des textures d'innombrables souvenirs. Vraska vit alors ceux qu'elle avait de Jace, liés entre eux comme un paquet et placés dans une boite fermée par une protection inviolable. Elle perçut l'instant où Jace dissimula la boite dans le puit dont il camoufla l'existence à l'aide d'un sort.

Les voilà mis en sécurité, lui promit le mage.

Nous nous reverrons bientôt, lui rappela Vraska.

Au Marché de la rue de l'étain, comme convenu, pour y prendre un café et s'offrir un peu de lecture ? demanda-t-il avec entrain.

Un café et un peu de lecture, répondit-elle, enjouée. Son visage était inondé de chaleur et Vraska sourit.

Elle aurait juré qu'elle entendait le bruit rythmé de la pluie.

Induced Amnesia
Amnésie induite | Illustration par Chris Rallis

Ses pensées étaient calmes et paisible, son corps, détendu.

Elle avait l'impression de se tenir en plein air, sous une averse printanière.

C'était une sensation à la fois plaisante et rafraîchissante.

Elle rouvrit les yeux.

La lumière la fit cligner des paupières brièvement puis, une fois accoutumée, elle scruta la salle vide autour d'elle.

Comment suis-je arrivée ici ?

L'air était torride et un trône étrange se trouvait à l'autre bout de la pièce. Vraska eut le sentiment que cet endroit n'était pas conçu pour que le public puisse y accès. Des bruits lui parvinrent de la pièce située au-dessus d'elle. En levant le regard, elle remarqua un large disque enchâssé dans le plafond de la salle. D'un geste décidé, elle sortit le compas thaumaturgique et, comme elle s'y attendait, son aiguille pointa vers le haut.

Je l'ai enfin trouvé !

Vraska leva alors les mains et lança le sort que son commanditaire lui avait appris des mois auparavant.

La manipulation se révéla ardue, exigea une concentration sans faille et réclama bien plus d'énergie qu'elle ne l'avait imaginé. Le sort surgit de ses mains comme l'aurait fait un éclair.

Vraska attendit alors toute une minute, incertaine. Elle commençait à se demander si cela avait fonctionné quand, à sa grande surprise, un cercle violet s'ouvrit juste sous le Soleil immortel.

À l'instant où le Soleil était emporté vers un autre plan, elle ressentit en elle comme une étrange fluctuation. Tandis que le portail se refermait, Vraska quitta les lieux en transplanant.


Rivals of Ixalan Story Archive
Profil du Planeswalker : Nicol Bolas
Profil du Planeswalker : Ugin, le dragon esprit
Profil du Planeswalker : Jace Beleren
Profil du Planeswalker : Vraska
Profil du plan : Ixalan