Histoire précédente : Impact

Cinq Planeswalkers se sont transplanés sur Amonkhet pour y terrasser un puissant dragon, car ces Sentinelles se sont vouées à protéger le Multivers des menaces issues des Éternités aveugles, et le Planeswalker dragon Nicol Bolas représente peut-être la plus dangereuse de toutes. Forts de cette mission, les voici donc à présent sur Amonkhet, désert infini peuplé de monstres abjects, qui correspond en tous points au plan infernal qu’ils s’étaient figurés, du moins jusqu’à ce qu’une divinité leur apparaisse pour les sauver d’une attaque de guivres des sables, avant de leur indiquer le chemin d’une cité florissante. Mais quel genre de ville pourrait bien prospérer sous le règne du dragon ? Et quelle divinité pourrait même survivre sous son joug tyrannique ?


Des dieux, ici ?

Gideon s’était imaginé nombre de possibilités pour l’antre planaire de Nicol Bolas ; y découvrir des dieux et les voir évoluer parmi des monstres du désert n’en faisait en revanche pas partie. Étaient-ils des pions à la solde de Bolas, lui-même si puissant qu’il avait soumis des forces divines pour en faire ses agents ? À moins que ce panthéon d’immortels ne constituât une force de résistance contre Bolas et son emprise sur ce monde, et que ceux-ci ne fussent eux-mêmes pourchassés par les immondes séides du maître des lieux ? L’une comme l’autre hypothèse tendait cependant à corroborer la mise en garde d’Ajani contre la puissance du Planeswalker dragon.

Harassé par leur pénible marche à travers les dunes, Gideon s’arrêta pour se masser les tempes. Jace et Chandra papotaient, encouragés de temps à autre par une remarque sarcastique de Liliana, et le bruit de leur badinage s’insinuait progressivement derrière ses yeux, lui vrillant le cerveau — à moins que la chaleur torride et l’impitoyable éclat du soleil ne fussent la cause de sa migraine.

Lorsque Liliana passa près de lui, avec un petit sourire satisfait, fière d’avoir réussi à piquer Chandra au vif et à agacer le mage, Gideon la foudroya du regard, à la dérobée. Elle les avait certes tirés d’un mauvais pas, sur Innistrad, nul ne le lui contestait, mais elle s’ingéniait, depuis lors, à se montrer difficile et caustique ; totalement dénuée d’esprit d’équipe, elle semblait ne les avoir suivis qu’en vertu d’autres visées que les leurs.

Et qui le lui reprocherait ? songea-t-il. N’avons-nous pas chacun nos propres raisons d’être ici ? Tout est si compliqué : nous, nos émotions, nos motivations, nos objectifs !

Sentant une main apaisante se poser sur son bras, il prit une profonde inspiration pour trouver la force d’offrir un sourire à Nissa. Sa migraine se dissipa légèrement et, sans un mot, l’elfe et lui se remirent en marche.

Art by Volkan Baga
Illustration par Volkan Baga

Ils approchaient à présent du dôme étincelant qu’ils avaient repéré de loin. Chassé par le vent, du sable s’amoncelait tout le long de son périmètre ; pire encore, la paroi était bordée de…

« Encore des zombies ! » s’exclama Liliana, qui se réjouissait apparemment davantage de ce contretemps que Gideon. Plantées sur le sable, les créatures décharnées observaient, immobiles, la cité abritée sous la coupole d’énergie magique.

Pressant le pas pour rattraper ses compagnons, le hiéromancien intima : « Liliana, écarte les zombies de notre chemin. J’essaierai ensuite d’enfoncer le dôme. »

Jace le regarda en arquant un sourcil. « Euh, c’est ce que j’allais préconiser. Y a-t-il d’autres suggestions ? » demanda-t-il.

Gideon dut se rappeler qu’il n’était pas le général de cette petite armée de Planeswalkers. Jace, en tout cas, comptait, semblait-il, prendre part aux décisions importantes ; Liliana, quant à elle, n’en ferait de toute manière qu’à sa guise.

« Peut-être est-il possible que la force brute suffise, reprit Jace, mais, étant donné les dangers que nous avons rencontrés dans le désert, j’imagine cette barrière d’une grande solidité, du moins en admettant que sa fonction soit effectivement de repousser les guivres des sables et non de servir de prison. »

« Crois-tu trouver un moyen d’inhiber sa magie ? » demanda Gideon.

« Bien évidemment, mais seulement quand j’aurai eu l’occasion de l’étudier de plus près. » Le mage jeta un regard à Nissa, derrière lui, puis ses yeux émirent une lueur bleutée, révélant que tous deux venaient d’entamer une conversation télépathique, dont Gideon était exclu.

Tout est si compliqué, songea de nouveau le hiéromancien.

Pourtant, l’opération se déroula dans une grande simplicité et dans une parfaite coopération : après avoir atteint le halo protecteur, Liliana et Chandra dégagèrent un passage au milieu de la horde de zombies, Jace et Nissa combinèrent leurs pouvoirs psychiques pour jeter un sort, et une brèche à peine plus large que Jace, bras écartés, s’ouvrit devant eux. Gideon fut le premier à y pénétrer, posant le pied dans une cité, là encore aux antipodes de ce qu’il s’était figuré.

Art by Tyler Jacobson
Illustration par Tyler Jacobson

Il se trouvait en périphérie de la ville ; sur sa gauche, de vastes champs foisonnants jouxtaient un riche ensemble de majestueux édifices en pierre, de larges avenues et des obélisques effilés. Cependant, aucune trace de la divinité dont la piste les avait menés jusqu’ici, mais l’arrivée des Sentinelles n’avait pas manqué d’attirer l’attention : une dizaine d’autochtones les observaient attentivement, amassés en petits groupes, à distance respectueuse voire prudente.

« Bonjour ! » les salua Gideon en levant la main, paume ouverte, avant de s’approcher avec un grand sourire, en réfléchissant à toute allure à ce qu’il allait ou non leur dévoiler de ses compagnons et de lui-même. Sans parler de Liliana, pensa-t-il. Comment leur expliquer qu’elle soumet les zombies d’un simple geste ?

Les curieux restèrent cois, mais un battement d’ailes au-dessus de lui répondit à son salut : levant les yeux, il découvrit un homme ailé et ibiocéphale — un avemain, peut-être, bien qu’il ne possédât pas les traits d’un faucon ou d’un hibou, comme ceux que Gideon avait jadis connus sur Bant. Toutefois, au lieu d’atterrir pour l’aborder, celui-ci poursuivit son vol jusqu’au mur iridescent que les Sentinelles venaient de franchir.

Jace gardait toujours le passage ouvert pour Nissa, tandis que Liliana s’affairait encore à empêcher les momies de les suivre à l’intérieur. Tous trois sursautèrent quand l’avemain criailla : « Mais que faites-vous ?! » Se posant à côté de Jace, il poussa celui-ci du bout de son bâton, surmonté de deux cornes reproduisant celles que l’on voyait toujours à l’horizon, à côté du second soleil. « Écartez-vous, que je puisse réparer… »

Sans le laisser terminer sa phrase, Jace abaissa les mains, et la trouée se referma.

« … l’Hekma ! » acheva l’avemain. Il toisa Jace en clignant lentement des yeux, son long bec d’ibis allant et venant de haut en bas et de bas en haut tandis qu’il l’observait des pieds à la tête, de sa peau pâle parcourue de mystérieux tatouages céruléens jusqu’à ses bottes de la même couleur et tout aussi déconcertantes. L’homme-oiseau recula ensuite d’un pas, pour détailler ses compagnons de la même façon, l’un après l’autre, s’attardant particulièrement sur les cheveux roux de Chandra et les yeux verts luminescents de Nissa.

« Bonjour », répéta Gideon en redoublant d’efforts pour sourire, préoccupé qu’il était par la férule bicorne de l’avemain.

« Quels sont donc ces accoutrements ? » s’étonna ce dernier.

Art by Jakub Kasper
Illustration par Jakub Kasper

Liliana éclata de rire, s’attirant un regard désapprobateur du hiéromancien.

Laisse-moi faire, murmura Jace dans l’esprit du guerrier tout en s’approchant pour parler à l’indigène : « Tu peux me croire, dit-il, ces vêtements-là sont du dernier cri dans… » Il marqua une pause en fronçant les sourcils. « … Dans le quartier de Sef ? »

En règle générale, Gideon n’appréciait pas que Jace s’immisçât ainsi dans la tête d’autrui, mais, en l’occurrence, c’était une véritable bénédiction, qui lui permettait ici de donner exactement la réponse attendue et, dans le cas présent, d’adopter un tutoiement apparemment de rigueur.

« Que faisiez-vous dans le désert ? questionna l’avemain. Et qu’avez-vous fait à l’Hekma ? »

Jace pivota pour regarder la barrière nacrée. « Comment, tu ignores cette technique, toi, le vizir de… la Garde de l’Hekma ? Mais bien entendu ! Et c’est d’ailleurs pour cette raison que je suis ici, dans le quartier… de Nitin, pour te l’enseigner. Avec Kefnet. Naturellement. »

« P… peut-être devrais-je… », bredouilla l’avemain.

« Peut-être devrais-tu mander Temmet, confirma Jace. Lui saura quoi faire. »

Le vizir opina vivement du chef, puis déploya ses ailes pour s’envoler vers le cœur de la cité.

« Qui est ce Temmet ? » demanda Chandra.

« Un quelconque notable. Je suis certain que tu vas l’adorer. »

La jeune femme pouffa.

« Écoutez, nous sommes dans une situation assez délicate, poursuivit Jace. Eknet, ce vizir dont nous venons de faire connaissance, n’envisageait même pas qu’il existât, sur ce plan, d’autre cité que la sienne, raison pour laquelle je nous ai fait passer pour originaires d’un autre quartier. Tenez-vous donc pour dit que nous ne venons pas d’ailleurs, de l’autre côté du désert : pour ces gens, il n’y a pas d’ailleurs, sans même parler d'une infinité d’autres mondes. »

« Eh bien, peut-être est-il temps de leur dessiller les yeux », suggéra la pyromancienne.

« Non, rétorqua Gideon en hochant la tête. Il ne faut pas attirer outre mesure l’attention, du moins pas tant que nous ne saurons pas à quoi nous avons affaire. Venir bouleverser leur conception du monde ne nous aidera pas à débusquer et combattre Bolas. »

« Et notre ami Eknet se défie déjà de nous, souligna Jace, même si je n’ai pas fureté assez pour découvrir avec certitude pourquoi il se méfie. »

« Qu’en est-il de Bolas ? » s’enquit Liliana.

« Je n’ai rien décelé à son sujet dans les pensées immédiates du vizir. »

Soudain, Nissa tendit le doigt dans la direction qu’avait prise l’avemain. « Ce doit être le fameux Temmet », hasarda-t-elle.

« Non, je ne crois pas objecta Chandra, incrédule. Il a l’air d’avoir à peine quatorze ans ! »

« Chut ! » souffla Gideon en se tournant face au nouvel arrivant.

Jeune, certes — sans doute plus proche des seize ans, estima le hiéromancien —, il avait cependant un port altier et assuré. Et l’aplomb d’un soldat rompu au combat, observa le hoplite en fin connaisseur, ou peut-être celui d’un danseur.

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Illustration par Anna Steinbauer

« Salut à toi ! » lui lança Gideon en rassemblant le peu de cordialité qui lui restait.

Et, pour la troisième fois, l’on fit à peine attention à lui : comme c’était souvent le cas avec les jouvenceaux, le jeune homme n’avait d’yeux que pour Liliana. « Bonjour, dit-il en s’inclinant brièvement. Je m’appelle Temmet. Eknet m’a dit… Eh bien, ce qu’il a dit n’avait pas grand sens. »

Gideon et Jace échangèrent un regard. J’ai fait de mon mieux, s’excusa Jace dans l’esprit de Gideon.

Ce n’était apparemment pas suffisant, grogna Gideon, bien qu’il ne fût pas certain que Jace l’écoutât encore. Ce premier contact va mal se terminer !

Liliana rendit son salut à Temmet, puis déploya sur lui ses talents d’enjôleuse : « Ce n’est guère étonnant. Nous avons éprouvé quelque difficulté à lui expliquer la nature singulière de notre situation, aussi te suis-je reconnaissante d’être venu régler la question. »

Le jeune homme gonfla imperceptiblement la poitrine, mais, malgré la flatterie de Liliana, sa voix resta empreinte de défiance quand il lui répondit : « Naturellement. Quel est donc le problème ? »

« Nous avons parcouru le désert pendant un certain temps, en mission spéciale pour le Maître cornu », expliqua-t-elle en désignant de la tête les immenses spires, qui dominaient l’horizon.

Les yeux écarquillés, Temmet se retourna pour les regarder, avant de murmurer, comme par automatisme : « Puisse-t-il nous revenir bientôt. »

Revenir ? s’étonna silencieusement Gideon. Il n’est donc pas ici ! Liliana nous aurait-elle menti ?

« Il semblerait que la situation ait quelque peu évolué en notre absence, poursuivit la nécromancienne. Aurais-tu l’amabilité de nous guider jusqu’en ville ? »

« Et puisse-t-il nous juger valeureux », répliqua Temmet en fronçant les sourcils.

À cet apparent coq-à-l’âne, Liliana tiqua, mais Jace intervint en répétant les mots du jeune homme, puis ajouta : « Je te prie de nous excuser. Le soleil nous a brouillé l’esprit.

C’est le répons que l’on prononce à chaque fois que l’on mentionne Bolas, murmura Jace dans l’esprit de Gideon. Jouez le jeu.

« En effet, se reprit Liliana. C’est pourquoi nous aurions grand besoin que nous aide à nous orienter un jeune homme de ton savoir et de ton importance. »

Gideon lut la méfiance dans les yeux de Temmet. Tout cela va mal finir, pensa-t-il. Il va ordonner notre arrestation d’une seconde à l’autre…

L’adolescent finit enfin par acquiescer. « Bien sûr, mais je pense que vous découvrirez que les choses n’ont pas à ce point changé. Tout reste en effet réglé exactement comme le Dieu-Pharaon, puisse-t-il nous revenir bientôt… » Il répéta cette fois la formule avec insistance, en s’interrompant pour s’assurer qu’ils la compléteraient.

« Et puisse-t-il nous juger valeureux », marmonna Jace, imité par ses compagnons.

« … L’a ordonné avant son départ. Nous serons donc prêts. »

« Je m’en réjouis », commenta Liliana avec un sourire.

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Illustration par Jonas De Ro

Guidés par Temmet, ils empruntèrent de grandes avenues rectilignes qui les firent passer devant des maisons carrées, de hauts obélisques et d’imposants monuments qui défiaient souvent la loi de la gravité. De larges canaux charriaient les eaux d’un immense fleuve que Gideon aperçut au loin, et des parcs verdoyants s’épanouissaient au mépris du désert qui s’arrêtait à la barrière magique. L’atmosphère de la métropole évoquait celle d’un jardin, dégageant ce même parfum d’eau fraîche et de pierre chauffée au soleil. Toujours dressées à l’horizon, le plus petit des deux soleils ancré à leur gauche, les deux cornes incurvées de Nicol Bolas — ce prétendu Dieu-Pharaon — rappelaient constamment à Gideon la raison de sa venue ici.

La population locale était, quant à elle, des plus hétéroclites : outre des humains et d’autres avemains, le hiéromancien distingua des criocéphales comparables aux minotaures de Theros, des cynocéphales à tête de chacal, ainsi que des ophiocéphales à tête de cobra et apodes. Néanmoins, Gideon fut davantage frappé par leurs occupations : il n’apercevait aucun atelier, pas le moindre artisan à l’ouvrage, personne qui se serait livré de près ou de loin à une quelconque tâche manuelle. Non, ils étaient au contraire tous occupés à s’entraîner au corps-à-corps, à s’exercer dans diverses disciplines athlétiques ou à observer d’autres le faire, pour apparemment apprendre d’eux, tels des soldats, et toujours par groupes de dix. Tous semblaient en outre à l’acmé de leur forme physique.

Est-ce ce à quoi Temmet faisait allusion lorsqu’il se disait prêt pour le retour du Dieu-Pharaon ? se demanda Gideon.

« Dans quel but s’entraînent-ils ? » lâcha Chandra tandis qu’ils passaient devant un groupe où l’on s’affrontait par paires à la lutte.

Temmet suivit son regard. « Il me semble que ces adeptes se préparent à l’Épreuve de force, répondit-il avec un hochement de tête approbateur. J’ai le sentiment que Rhonas trouvera la plupart d’entre eux valeureux. »

Gideon adressa à Chandra un regard sourcilleux afin de la dissuader de poursuivre son interrogatoire, car la réponse de Temmet laissait clairement entendre que la situation aurait dû se comprendre d’elle-même.

Alors, enfin, le hoplite repéra des ouvriers — ou tout du moins ce qui en tenait lieu. Temmet leur parlait du monument majestueux que ceux-ci étaient en train de bâtir, mais toute l’attention du hiéromancien était fixée sur ces individus, qui traînaient un bloc de grès rouge massif vers le chantier en question : emmaillotés des pieds à la tête de lin blanc, ils étaient si étiques que Gideon se convainquit qu’ils ne pouvaient être vivants.

Encore des zombies ? s’étonna-t-il en imaginant le plaisir que Liliana en éprouverait. Des momies, embaumées et racornies ?

De fait, cette dernière ne put cacher sa joie lorsqu’elle souligna : « J’ai toujours été très impressionnée par ce judicieux emploi des morts. »

« Effectivement ! s’exclama Temmet. Les Consacrés exécutent toutes les tâches ici, afin que les vivants puissent se consacrer pleinement à leur entraînement. Quoi de plus admirable ? »

« Je ne puis, en effet, imaginer mieux », renchérit Liliana en adressant un grand sourire à Gideon, par-dessus son épaule.

Art by Florian de Gesincourt
Illustration par Florian de Gesincourt

Lorsqu’ils bifurquèrent dans une autre avenue, Gideon se retrouva de nouveau en présence d’une divinité, dont il s’avisa avant même de la voir : son malaise et son anxiété s’estompèrent, son cœur s’apaisa et une onde de chaleur sourdit de sa colonne vertébrale pour lui aviver chaque nerf.

Comparée aux dieux qui arpentaient l’horizon sur Theros, ou même aux titans eldrazi quasi divins, et même si ceux qui l’entouraient ne lui arrivaient qu’à peine aux genoux, cette déesse à tête de chat était de petite taille. Vêtue de blanc et d’or, elle tenait à la main un immense arc vermeil. Le guerrier prit d’abord son visage de félin pour un masque d’or, puis vit les yeux bleu clair cligner et les lèvres esquisser un sourire chaleureux. Ensuite, la déesse s’agenouilla.

Une déesse qui s’abaissait à plier le genou !

Un groupe d’enfants, dont le plus âgé n’avait guère plus de dix ans, s’était rassemblé autour d’elle : chacun tenait à deux mains un bâton et avait adopté une posture de combat. La déesse tapota tout doucement le pied de l’un d’eux, car, effectivement, ses jambes étaient trop écartées.

« Oketra saura quoi faire de vous », affirma Temmet en s’engageant sur l’avenue pour rejoindre la déesse. Bien que sa phrase eût résonné comme un sinistre présage, Gideon ne ressentait au contraire aucune menace en présence de la déité.

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Illustration par Chase Stone

Un jour, alors qu’il était tout jeune homme, le hoplite avait croisé le dieu du Soleil, Héliode, qui lui avait posé une main sur l’épaule et l’avait invité à devenir son champion. Cependant, ce dieu ne lui était pas apparu sous sa forme véritable, dissimulant son aura divine et réduisant sa stature. Gideon ne l’avait d’ailleurs même pas reconnu avant de comparer son visage à celui d’une statue à son effigie.

Or cette déesse-là était différente, car, à supposer que son corps massif ne fût qu’un déguisement, elle ne dissimulait toutefois d’aucune manière sa nature divine. Gideon percevait celle-ci de toutes les fibres de son corps : elle chatoyait à la limite de son champ de vision quand il regardait la déesse et tintait à ses oreilles lorsqu’elle parlait. Tandis que Temmet les menait auprès d’elle, Gideon remarqua la fervente adoration gravée sur les visages de son entourage : les enfants qui s’entraînaient, leurs aînés qui supervisaient l’exercice et les autres qui semblaient s’être attroupés dans le seul but de baigner dans sa divine présence.

Si seulement je pouvais retrouver pareille dévotion… se dit-il en secouant la tête. Mais comment faire pour, de nouveau, me fier à une divinité ?

La tâche qu’Héliode lui avait confiée n’avait-elle pas causé la mort des plus proches amis du hiéromancien, ses Irréguliers ? Le dieu des Morts, Érébos, les avait en effet anéantis d’un simple geste, afin de punir Gideon pour son orgueil. L’idée même de refaire un jour confiance à un être divin reviendrait donc à trahir leur mémoire.

C’est alors que la déesse le regarda. Sans réfléchir, il s’ouvrit à elle, de bon gré, et elle l’appréhenda tout entier. Un genou toujours à terre, elle tendit la main et lui posa un doigt sur le torse.

« Tu es l’un des miens, Kytheon Iora », déclara-t-elle. Subjugué par son regard, il sentit son esprit s’embraser, s’illuminer : plus rien d’autre n’existait, plus rien ni personne ne subsistait dans toute l’infinité des plans du Multivers, en cet instant, que lui et la déesse… Oketra. Il connaissait en effet son nom de la même façon qu’elle savait le sien, celui qu’il avait à sa naissance. Elle représentait l’ordre, la solidarité ; une légion de cœurs unis en un même but, et une armée de corps œuvrant de concert. Rien chez elle ne semblait compliqué ; elle était exactement ce qu’elle devait être, et il était bon et juste qu’elle fût là, à cet instant, avec lui.

Puis elle détourna le regard, et il faillit perdre l’équilibre. Elle observa ses camarades, son front lisse et flavescent se plissant très légèrement, avant de décréter : « Quant à vous, votre destin n’est pas encore scellé, mais il le sera. »

Elle en avait terminé. Lorsqu’elle se releva avec une grâce infinie, Gideon et tous les autres autour d’elle tombèrent aussitôt à genoux pour la vénérer — non par crainte ni par devoir, mais parce que leur cœur se gonflait d’amour pour elle.

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Illustration par Cliff Childs

Elle se retira alors, et l’air parut subitement glacial, en dépit du soleil qui le surchauffait. Se levant, Gideon la suivit des yeux jusqu’à ce qu’elle disparût au coin d’une rue. Il contempla ensuite avec émerveillement un immense temple sculpté à sa divine effigie, qu’il n’avait pas remarqué auparavant. Chandra, pourtant, le poussa bientôt, pour le tirer de sa rêverie.

Temmet s’était détourné de Liliana pour s’adresser à lui et, pour la première fois, l’adolescent lui souriait. Gideon tenta de se rappeler ce que l’adolescent venait de lui dire, mais ce dernier poursuivit sans sembler remarquer son désarroi : « … Deux chambres à quelques pas d’ici qui viennent tout juste de se libérer. Je suis navré de ne pas disposer de plus de place pour l’instant. Veuillez me suivre. »

Gideon avait la tête qui lui tournait. Ils étaient venus occire un dragon, mais c’était une déesse qu’ils avaient trouvée ! Jace, Liliana et Ajani avaient décrit Nicol Bolas comme le plus vil des scélérats, et ils se trouvaient à présent sur le plan dont il était prétendument le créateur, mais Gideon ne pouvait pas croire que le dragon l’eût créée, elle, pas s’il était aussi malfaisant qu’on le lui avait décrit.

Temmet les conduisit à un bâtiment, non loin de là. À l’intérieur, il leur indiqua une sorte de réfectoire, en les encourageant à y prendre leurs repas en compagnie des autres résidents, puis il leur fit gravir un long escalier extérieur en pierre, dont le sommet débouchait sur un balcon qui courait tout le long de la façade. Il ouvrit deux portes en esquissant un geste vers les chambres confortables qu’elles recélaient. « Je ne doute pas que vous serez à vos aises, ici. »

Liliana s’engouffra dans l’une d’elles, avant d’en refermer la porte sans un mot. Jace, Nissa et Chandra pénétrèrent dans la seconde, non sans de vives protestations de la part du mage. Encore quelque peu abasourdi par sa récente rencontre, Gideon s’attarda sur le balcon pour contempler la cité. Son cœur bondit lorsqu’il aperçut Oketra dans la rue. Les passants s’écartaient sur son chemin, mais certains jetaient des fleurs à ses pieds tandis que d’autres scandaient son nom. Pour la seconde fois, le hiéromancien la suivit du regard jusqu’à son temple, dont les grandes portes se refermèrent sur elle, la dérobant finalement à sa vue.

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Illustration par Wesley Burt

Il demeura quelques instants encore sur le balcon, à contempler la vue qu’il en avait de la cité, la lumière des deux soleils qui se réverbérait sur le fleuve ainsi que les canaux et le halo irisé du dôme protecteur, l’Hekma. Si les deux cornes titanesques, à l’horizon, constituaient l’évocation visuelle la plus notable de Nicol Bolas en son absence, Gideon n’en apercevait pas moins, depuis ce point d’observation, d’autres représentations de ce même symbole : en bas-relief au sommet d’un obélisque, dans l’espace vide formé par les deux moitiés d’un immense monument et jusque dans une rangée complète de mascarons, sous la balustrade sur laquelle il s’appuyait. Il ne parvenait pas à concilier la dévotion évidente de la population locale envers son Dieu-Pharaon, ni ce qu’il avait décelé chez Oketra, et le portrait qu’on lui avait dressé du Planeswalker dragon.

« Coucou, Gid ! » Chandra sortit de la chambre pour venir près de lui, contre la rambarde.

Il l’accueillit avec un sourire, en lui plaçant une main sur l’épaule, puis ils observèrent ensemble la cité.

Au bout d’un moment, son équipière s’écarta pour le regarder, narquoise : « Donc… Comment t’a-t-elle appelé ? »

« Kytheon. Kytheon Iora. » En le prononçant, ce nom lui parut étrange. « C’est ainsi que je m’appelais, sur Theros, à une autre époque. »

« Kytheon, Gideon : il n’y a pas grande différence. »

« Effectivement. J’ignore si les gens de Bant ont mal compris mon nom ou s’ils ne parvenaient pas à le prononcer correctement, mais leur version a fini par s’imposer et, désormais, je me nomme Gideon. »

« Pour moi, ce sera toujours Gid. »

Le guerrier s’esclaffa en secouant la tête, avant de reporter son attention sur la cité.

Le ton de Chandra se fit plus sérieux lorsqu’elle reprit : « Alors, c’est quoi, un dieu, exactement ? » Le voyant cligner des yeux, elle s’empressa d’élaborer : « Je veux dire, s’agit-il de sortes d’anges, ou bien des espèces d’Eldrazi ou encore simplement des géants ? D’après Liliana, Bolas et elle étaient presque des dieux, jadis ; est-ce que ce sont forcément des Planeswalkers ? »

Gideon fronça les sourcils. Il n’avait repéré aucune trace de dieux sur Kaladesh, ou alors, s’il en existait, ils ne ressemblaient pas à ceux de Theros ; il n’était donc finalement guère surprenant que Chandra s’interrogeât, elle qui n’en avait jamais vu, ce qui rendait sa question d’autant plus délicate. Il prit donc le temps de réfléchir à sa réponse en s’appuyant sur le garde-corps et en se grattant l’un de ses favoris.

« Nissa évoquait naguère l’âme de Zendikar », expliqua-t-il pensivement.

« Elle lui parlait, même, et je crois que ces conversations lui manquent. S’agissait-il d’un dieu ? Peut-être, en quelque sorte. Je n’en suis pas certain. En revanche, je pense que les dieux font partie intégrante du plan auquel ils appartiennent, mais chacun en incarne un aspect précis, par exemple le soleil ou la moisson, sauf que ce sont également des personnes : ils pensent, parlent… » Il s’interrompit un instant en repensant de nouveau à des démêlés avec Héliode. « Et, du moins sur Theros, ils peuvent se montrer tout aussi mesquins, vindicatifs et capricieux que les humains. Ils se soucient ainsi fort peu des vies humaines. »

« Tu crois que ta déesse à tête de chat est différente ? »

« Oui, j’en suis convaincu. »

La jeune femme éclata de rire et le taquina : « Pourtant, les dieux de Theros m’ont l’air de ressembler beaucoup à des chats ! »

« Oketra représente… Elle incarne un idéal, pas un élément comme le soleil : elle personnifie la solidarité : tout en elle est tourné vers la coopération, la mutualité, vers la participation à un dessein plus vaste que soi-même. »

Chandra se retourna pour s’accouder à la balustrade, faisant face aux chambres où leurs compagnons se disputaient quant à la question du couchage. « D’accord, cette partie-là, au moins, je la comprends. »

Gideon opina : il venait de décrire ce qui unissait les Sentinelles, à savoir admettre que leur nature de Planeswalkers impliquait davantage que d’user sans discrimination de leurs pouvoirs en parcourant le Multivers, au gré de leur fantaisie.

« Mais si des dieux font partie d’un plan, poursuivit-elle, et que Bolas a créé celui-ci, comme Liliana l’affirme, je ne comprends donc toujours pas ton emballement pour cette déesse féline. »

« N’as-tu donc rien ressenti quand nous l’avons rencontrée ? » interrogea-t-il.

« J’ai bien vu qu’il s’agissait d’un instant privilégié entre vous deux. »

Leurs regards se croisèrent, puis la jeune femme détourna le sien, et Gideon fut de nouveau frappé par la complexité de la nature humaine.

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Illustration par Grzegorz Rutkowski

Des cris dans la rue captèrent son attention ; il scruta les environs à la recherche de l’origine de cette agitation, si incongrue dans cette cité idyllique. Les autres Planeswalkers les rejoignirent, Chandra et lui, sur le balcon.

Ce fut Nissa qui leur désigna enfin l’origine du chahut : une femme seule, visiblement humaine, fendait la foule dans leur direction, écartant de son passage les gens et ceux que Temmet avait appelés les Consacrés, en causant le plus de désordre possible. Derrière elle, une escouade de soldats — qui comptait un énorme minotaure — la poursuivait, gagnant du terrain. La majorité des cris provenaient de la femme, mais, à cette distance, Gideon ne parvenaient pas à discerner ce qu’elle hurlait.

Chandra descendait déjà l’escalier. « Nous devons lui venir en aide ! » s’écria-t-elle.

Gideon bondit pour lui bloquer le passage et l’apostropha : « Une minute, tête brûlée ! » Mais elle n’attendit pas, passant sous l’un de ses bras écartés ; il virevolta aussitôt pour l’attraper par la taille. « Tu te rappelles ce que j’ai dit ? Nous ne devons pas nous faire remarquer ! »

Elle lui répondit d’un coup de pied au tibia, qui l’incita à la reposer délicatement. « Mais enfin, elle a des ennuis ! » s’indigna-t-elle.

« Sans doute sont-ils justifiés : nous n’en savons rien. Nous n’allons tout de même pas mettre en péril notre mission alors que nous ignorons totalement de quoi il retourne. »

La femme n’était plus très loin, mais ses poursuivants la rattrapaient. « Tout n’est que mensonge ! vociférait-elle en courant. Les épreuves ! Les dieux ! Les Âges ! Libérez-vous ! »

Gideon plaqua une main sur l’épaule de Chandra afin de l’empêcher de s’élancer de nouveau dans l’escalier, mais la retira très vite quand l’épaule en question devint subitement brûlante.

« Ne l’entends-tu pas ? s’insurgea la pyromancienne. C’est une résistante ! »

« Nous ne sommes plus sur Kaladesh », la raisonna-t-il calmement.

« Je ne te le fais pas dire ! Nous sommes dans l’antre infernal de Nicol Bolas. »

L’un des poursuivants réussit enfin, de sa houlette, à faire trébucher la fuyarde, et celle-ci s’étala de tout son long. En un instant, les soldats se jetèrent sur elle, lui saisissant les bras pour la relever.

« Vous verrez ! clama-t-elle. Le retour n’apportera que ruine et dévastation ! » Puis le minotaure lui plaqua une main sur la bouche, et ses cris s’étouffèrent.

Art by Aleksi Briclot
Illustration par Aleksi Briclot

Au moins Chandra était-elle restée dans l’escalier, bien que Gideon sentît l’ardeur de sa colère émaner d’elle par vagues. « Nous aurions dû lui porter secours », grommela-t-elle.

« Écoute, dit Gideon en la forçant à le regarder, nous irons poser quelques questions, discrètement. Nous allons découvrir ce qui se trame, de quels mensonges elle parlait, et nous lui porterons secours si cela se justifie, je te le promets. »

« Et si nous découvrons que c’est ta chère déesse féline, la menteuse ? »

« Ce n’est pas le cas. »

« Dans ce cas, à quoi bon poser des questions puisque que tu connais déjà la vérité ?! »

« Pour cette femme, ces épreuves ou ces “Âges”, je ne sais pas, mais il n’y a nulle tromperie chez Oketra. »

« Tu sembles bien sûr de toi », intervint Jace en arrivant lui aussi dans l’escalier.

« N’es-tu pas de cet avis ? s’étonna Gideon. J’aurais cru que tu lirais dans son esprit tout du long. »

Jace hocha la tête en signe de dénégation, puis s’expliqua : « J’ai pour habitude d’éviter de m’insinuer dans des esprits, disons plus grands que le mien, sauf en cas de nécessité. »

« Chandra a raison, ô Chef intrépide, renchérit Liliana avec un petit sourire narquois. Les seuls dieux que j’aie jamais connus étaient des Planeswalkers qui se prenaient pour des divinités et qui mentaient comme des arracheurs de dents. »

Gideon remonta les escaliers en bousculant ses amis et en maugréant : « Vous ne savez pas de quoi vous parlez, vous n’en avez pas la moindre idée ! »

Il s’arrêta net en haut des marches lorsqu’il se retrouva face à face avec le jeune Temmet.

« Veuillez excuser ce tapage, dit ce dernier. Il s’agit d’un regrettable incident. »

Chandra fut à son côté en un éclair, l’agrippa par l’épaule pour le tourner violemment vers elle et protesta : « Un regrettable incident, vraiment ? Que s’est-il passé ? De quoi cette femme est-elle coupable ? »

Voilà qui nous fait perdre toute chance d’une enquête discrète, récrimina Gideon.

Temmet répondit avec un haussement d’épaules : « Elle s’est révélée indigne de vivre parmi nous. »

« Que veux-tu dire ? » s’impatienta la pyromancienne.

Temmet étrécit les yeux avec une méfiance renouvelée. Manifestement, Chandra aurait dû comprendre la situation ; il ne s’agissait donc pas d’un cas isolé.

« Je crains de ne pas connaître la nature exacte de son crime, mais ses poursuivants étaient des vizirs de Bontu et, si je ne m’abuse, sa moisson devait subir, aujourd’hui même, l’épreuve correspondante. Peut-être s’est-il produit un incident au temple. » Il secoua la tête en signe de déception. « Une moisson pourtant si prometteuse », conclut-il.

Gideon éloigna prudemment Chandra du jeune homme. « Merci, dit-il à l’adolescent. Je crois qu’il vaudrait mieux nous reposer. »

« En effet », opina son interlocuteur.

Gideon mena Chandra dans leur chambre, et les autres leur emboîtèrent le pas.

« Et maintenant ? s’enquit Nissa. Je ne sais trop que penser de toute cette histoire. »

« Il faut tirer cet incident au clair », reconnut Gideon.

« Sa “moisson”, répéta Liliana, comme s’ils devaient faire l’objet d’une “récolte” ? »

Jace acquiesça : « Il avait en tête un groupe d’une dizaine de personnes qui travaillent ensemble depuis longtemps. Ils ont déjà affronté trois épreuves, mais j’ignore lesquelles et pourquoi. »

Chandra s’affala, tête la première, sur l’un des trois lits de la chambre.

« Je pense qu’un peu de repos nous ferait effectivement le plus grand bien », affirma l’elfe, déjà assise sur un autre lit.

« Oui, nous verrons tout cela au matin », décréta Gideon.

« À vos ordres, général, ironisa la nécromancienne avant de s’éclipser par la porte pour gagner la chambre voisine.

« Suis-je le seul à me demander pourquoi Liliana a droit à une chambre particulière ? » demanda Jace.

Gideon haussa les épaules, puis s’assit dans un coin, lui laissant le troisième lit.

Art by Noah Bradley
Illustration par Noah Bradley

Le hiéromancien se révéla cependant incapable de trouver le sommeil, trop occupé qu’il était à tenter de démêler cet imbroglio : la révolte sur Kaladesh, Tezzeret et son pont planaire, Nicol Bolas et le plan qu’il avait prétendument créé, le retour du Dieu-Pharaon, les mensonges sur ces “Âges”. Marcher l’avait toujours aidé à réfléchir, aussi quitta-t-il la chambre, sans un bruit, pour déambuler en ville, dans l’étrange pénombre dispensée par le second soleil.

Il trouva Oketra devant son temple, à l’heure où l’autre astre perçait à l’horizon.

« Que cherches-tu, Kytheon Iora ? » lui demanda-t-elle en s’agenouillant de nouveau.

Des réponses, pensa-t-il. Un sens à tout cela, une stabilité retrouvée, une foi renouvelée.

« C’est toi que je cherchais », répondit-il.


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Profil du Planeswalker : Chandra Nalaàr
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