Bienvenue à la semaine Championnat du monde. Cette semaine se déroule le 21e Championnat du monde de Magic: The Gathering, qui a lieu à Nice, en France (vous pouvez y assister en direct ici). Au départ, j'avais pensé qu'il serait amusant de vous faire une visite guidée de tous les Championnats du Monde (ayant eu le plaisir d'assister à tous sauf un), mais j'ai réalisé que je l'avais déjà fait en 2009. En fouillant un peu plus, je me suis rendu compte que j'avais également écrit un article complet sur le premier Championnat du monde en 1994 et sur le deuxième en 1995. J'avais même déjà rédigé un article entier rempli de détails croustillants sur les Championnats du monde. Pour aujourd'hui, j'ai pensé qu'il serait amusant de se concentrer sur un autre aspect de ces championnats.

Voyez-vous, pendant des années je me suis rendu à tous les Pro Tours. À l'époque, je supervisais la zone des matchs vedettes, notamment la sélection et l'arbitrage des matchs. Mais le dimanche, j'étais le producteur vidéo chargé de superviser le composant vidéo des finales. Je choisissais les commentateurs et, avec le réalisateur, nous choisissions quel match diffuser et quand. Aujourd'hui, je vais commencer par le Championnat du monde où j'ai servi pour la première fois de producteur vidéo : 1996. Je vous raconterai ensuite une anecdote concernant chacun des trois suivants. Ceci vous donnera une occasion de découvrir les Championnats du monde de Magic: The Gathering sous un œil différent.

Championnat du monde 1996—Rediffusion instantanée

Le Championnat du monde 1996 a été spécial dans le sens où il a eu lieu à Renton, Washington, dans les bureaux de Wizards of the Coast. Je ne veux pas dire à côté ou dans un hôtel au coin de la rue. L'événement a littéralement eu lieu dans notre bâtiment. Tous les employés se sont arrêtés de travailler pour se concentrer pendant une semaine sur l'organisation du Championnat du monde.

C'était le premier Championnat du monde qui était aussi un Pro Tour et à l'époque, je m'occupais encore des commentaires de l'événement. Vous avez bien entendu, à mes débuts j'annonçais le déroulement des parties tour par tour et je faisais intervenir comme commentateurs auxiliaires des joueurs professionnels. Le premier Pro Tour avait été plutôt chaotique (J'ai enregistré un podcast complet à son sujet si vous voulez connaître tous les détails les plus gores). Le deuxième Pro Tour à Los Angeles avait été le premier sur lequel j'avais travaillé avec un commentateur joueur professionnel. C'était Mark Justice et la seule cabine son que l'équipe technique avait pu nous trouver à bord du Queen Mary était une cabine téléphonique. Elle était assez grande, mais Justice et moi avions passé douze heures à l'intérieur pendant le déroulement du Top 8. Nous avons vraiment failli commander une pizza en direct pendant la diffusion. (Nous avions vraiment faim.) Tous deux américains, Shawn « Hammer » Regnier avait vaincu Tom Guevin. « Hammer » avait ensuite contribué au commentaire du Pro Tour suivant, Pro Tour Columbus, où le nouveau venu Olle Råde de Suède avait vaincu Sean Fleischman des États-Unis.

Le Pro Tour suivant a eu lieu lors du Championnat du monde 1996 dans la charmante bourgade de Renton, dans l'état de Washington. Pour cet événement, j'avais demandé au joueur professionnel Mark Chalice de me donner la réplique dans mes commentaires. Chalice n'est probablement pas très connu historiquement. Il n'a eu qu'un Top 8, même s'il a souvent fini dans le Top 16. Il était célèbre pour réussir toutes les rondes suisses et perdre juste avant d'atteindre le Top 8. En fait, au Championnat du monde 1996, il avait terminé onzième. Chalice avait aussi été l'un des seize concurrents lors du premier Duelist Invitational à Hong Kong.

Il y avait trois raisons pour lesquelles je lui avais demandé de commenter avec moi. La première, il était un excellent joueur et je pensais qu'il aurait beaucoup de choses intéressantes à dire. La deuxième, il était un ami de longue date, de l'époque où j'habitais à Los Angeles, et nous avions une bonne relation. Et troisièmement, il était également ami avec Mark Justice, qui était l'un des finalistes, et je savais qu'il aurait beaucoup à raconter sur ce qu'il avait fait pour se préparer au tournoi.

Mark Justice, pour ceux qui ne le sauraient pas, a été le premier grand nom du monde professionnel de Magic. En 1995, il avait terminé 2e pour la région Sud-Ouest (en 1995, chaque région avait son propre tournoi et les meilleurs étaient invités aux Championnats des États-Unis. Justice avait fini par vaincre Henry Stern et devenir le Champion des États-Unis. Puis, lors du Championnat du monde, il avait terminé 3e et fait partie de l'équipe nationale gagnante (l'équipe américaine composée de Justice, Stern, Mike Long et Peter Lieher avait été la première à gagner le Championnat du monde par équipe... j'en parle en détail dans l'article pour lequel vous trouverez le lien plus haut).

Mark Justice (à droite) jouant contre Blumke (à gauche) lors du Championnat du monde 1995

Justice avait ensuite atteint le Top 8 du premier Pro Tour. À l'époque, si vous aviez demandé à des joueurs de Magic choisis au hasard qui était le meilleur joueur de Magic au monde, la plupart d'entre eux auraient répondu Mark Justice. Et le Championnat du monde 1996 n'avait fait que confirmer cette opinion, puisqu'il jouait en finale. Son adversaire était Tom Chanpheng d'Australie. C'était son premier Pro Tour et il était totalement inconnu. Au début du match, tout le monde avait supposé que Justice, le « meilleur joueur au monde », serait couronné Champion du monde de Magic.

De la façon dont les choses étaient organisées à l'époque, le tournoi était au rez-de-chaussée, et Chalice et moi étions au premier étage, dans une petite salle. Nous suivions la partie grâce aux caméras qui étaient utilisées pour la diffusion au public, dans une troisième salle. Je souhaiterais pouvoir dire que nous avons été fantastiques, mais ça n'a pas été le cas. Je connaissais bien le Pro Tour, mais ma capacité à résumer rapidement tout ce qui se passait était loin d'être bonne. Comme vous le verrez avec l'année suivante, mon règne de commentateur a été plutôt court.

Notre plus grosse erreur est arrivée pendant la deuxième partie. Alors que Justice était clairement le joueur le plus connu, Chanpheng avait l'avantage du deck. Justice jouait un Nécrodeck mono-noir (autrement dit, un deck construit à partir de la carte Nécropuissanced'Ère glaciaire ) alors que Chanpheng jouait un deck Weenie blanc conçu pour battre les Nécrodecks.

En dehors d'une carte morte à cause d'une erreur de liste de deck, l'Australien avait l'avantage du deck. Justice a perdu la première partie. Au milieu de la deuxième partie, Chalice a juré que les arbitres avaient fait une erreur. Il en était si sûr qu'il nous a fait arrêter la partie pour qu'on vérifie l'enregistrement. Dans l'histoire du Pro Tour, interrompre une partie pour examiner son enregistrement a été très rare. En fait, c'est probablement la seule fois où c'est arrivé. Alors après une demi-heure pendant laquelle les arbitres ont revu en détail la vidéo, il s'est avéré que Chalice... avait eu tort. On m'a foudroyé du regard et tout le monde a repris la finale.

Pour ceux qui ignoreraient l'histoire de la finale du Championnat du monde 1996, c'est une double Consultation démoniaque lancé par Justice qui lui a coûté la victoire. Il n'a jamais rattrapé le coup et il a perdu face à Chanpheng. L'Australien a reçu un trophée contenant une carte unique (je n'exagère pas, nous l'avons imprimé sur une feuille de cartes complète et nous avons diffusé une vidéo dans laquelle nous détruisions tous les autres exemplaires).

Pendant ce temps, dans l'événement par équipes, la jeune équipe de république Tchèque a failli vaincre l'équipe US qui avait fini par l'emporter pour la deuxième année de suite.

L'évènement s'est bien passé, même si la couverture vidéo (réservée aux personnes qui se trouvaient dans le bâtiment, car il n'y avait à l'époque aucun endroit de diffusion et la vidéo en streaming n'apparaîtrait que vingt ans plus tard) n'avait pas été vraiment le top du top.

Championnat du monde 1997—Le début du programme

Pour la troisième année consécutive en 1997, le Championnat du monde avait lieu à Seattle, mais cette fois, pour attirer l'attention sur notre nouvelle chaîne de magasins de jeux, nous l'avons organisé dans le magasin Wizards of the Coast pilote du quartier universitaire de Seattle (l'« université » en question étant l'Université de Washington, que les autochtones surnomment « U Dub »).

Nous essayions aussi de donner au Pro Tour plus de publicité, alors Wizards avait fait un deal avec ESPN2 pour produire des programmes sur Magic. Chacun d'eux durait une demi-heure et se concentrait sur un Pro Tour différent. Et le premier était le Championnat du monde 1997. Ce qui voulait dire que mon rôle de producteur vidéo était devenu plus important. Pour commencer, avant le début de l'événement, je devais compiler une liste des Pros avec lesquels nous voulions faire des interviews. L'objectif était d'avoir quelques joueurs du Top 8 à l'image au début du tournoi. Bien sûr, comme nous ne savions pas quels seraient les joueurs du Top 8, il fallait disposer de bons talents de déduction.

L'un des joueurs que j'avais choisi d'interviewer était un jeune Tchèque appelé Jakub Slemr. Il avait bien joué l'année précédente dans l'événement par équipes, mais n'avait pas encore atteint le peloton de tête en match individuel. On m'avait demandé pourquoi je l'avais choisi pour une interview et tout ce que j'avais pu répondre, c'est que j'avais le sentiment qu'il se débrouillerait bien. Et ça a été le cas. Jakub est devenu le Champion du monde 1997 et nous avions une interview de lui avant l'événement.

Jakub Slemr, champion du monde 1997

Pour ceux qui adorent les références obscures du Pro Tour, le présentateur de ce programme sur le Championnat du monde 1997 n'était autre que le futur présentateur de l'émission Survivor , Jeff Probst. La finale avait été filmée dans le sous-sol du Centre de tournois de Wizards of the Coast, et ce n'était pas vraiment assez grand. La flèche, la caméra à levier qu'on pouvait élever pour montrer la table du dessus, n'avait pas beaucoup de place pour manœuvrer. Et comme le sous-sol n'était pas bien ventilé, l'éclairage chauffait un peu trop la pièce.

Dans l'année qui avait suivi le précédent Championnat du monde, il était devenu clair que je n'étais pas doué comme commentateur. Alors nous avons expérimenté avec plusieurs présentateurs, et les deux que nous avions pour le Championnat du monde 1997 formaient un couple étrange. L'action était toujours commentée par un créateur de Magic, mais ce n'était plus moi. Pour cet événement, nous avions demandé à Mike Elliott (le numéro 2 de la direction créative pour Magic). Pour l'ambiance, j'avais contacté un certain Jeff Donais. Il a fini par travailler pour Wizards et même par gérer le Pro Tour pendant un certain nombre d'années. À l'époque, il était juste joueur (et organisateur de tournoi) et il participait également au Championnat du monde 1997. En fait, j'ai même failli le perdre parce qu'il se dirigeait droit vers le Top 8. Jeff n'a pas été vaincu une seule fois pendant le Jour Un, et il s'est bien débrouillé pendant le Jour Deux. Il lui aurait fallu un 2-4-1 pendant le Jour Trois et il aurait été dans le Top 8. Mais Donais n'a pas eu de chance, et il a terminé avec 1-5-1.

Autre anecdote amusante, on avait décidé que l'équipe américaine avait sérieusement besoin d'un nouveau look. Bon nombre d'équipes nationales étaient venues avec des uniformes, qui rendaient vraiment super à la caméra. L'équipe américaine, elle, n'en avait pas. N'oublions pas que c'était la troisième année qu'un événement par équipes avait lieu pendant le Championnat du monde et que durant les deux années précédentes, l'équipe américaine avait remporté le titre. Nous avons donc envoyé du monde dans Seattle acheter des chemises avec le drapeau américain. Cependant, l'équipe américaine n'est jamais arrivée en finale. Au bout du compte, c'est l'équipe du Canada qui a remporté le titre pour l'Amérique du Nord, face à l'équipe de Suède. Dans cette équipe se trouvait Mike Donais, le frère de Jeff. Il finira par travailler pour le service R&D.

Jakub Slemr a vaincu l'Allemand Janusch Kuhn en finale. Le Canadien Paul McCabe a fini troisième, ce qui a fait de lui le deuxième Pro Player of the Year. Notre couverture était bien meilleure en 1997 qu'en 1996, principalement grâce à toutes les ressources supplémentaires associées au programme ESPN2. Jeff Donais était un bon commentateur, mais je l'ai perdu plus tard quand il a commencé à travailler pour Wizards et qu'il est devenu le directeur des tournois du Pro Tour.

Championnat du monde 1998—Deux cérémonies

Le Championnat du monde 1998 s'est aussi déroulé à Seattle, mais au lieu du centre de tournois de Wizards of the Coast, il avait lieu à quelques pâtés de maison de là, à l'Université de Washington. Cette saison avait été principalement dominée par les États-Unis, qui avaient gagné tous les Pro Tours de l'année. La grande question, c'était de savoir s'ils pourraient faire le grand chelem de la saison en remportant le dernier événement, le Championnat du monde de Magic 1998.

Tout comme en 1997, le Championnat 1998 allait être diffusé dans le cadre d'un programme sur ESPN2. En tant que producteur vidéo du Pro Tour, cela voulait dire que j'allais à nouveau être très occupé. L'une de mes responsabilités était la sélection des commentateurs pour le Top 8. Après bon nombre d'essais, j'ai trouvé à mon humble avis le meilleur duo possible : Brian Weissman pour le commentaire de l'action, et Chris Pikula pour l'ambiance. Brian Weissman est plus connu historiquement comme le créateur de « The Deck », le premier deck de Magic devenu célèbre et largement diffusé au public. Je me souviens, quand je vivais à Los Angeles avant de travailler chez Wizards, m'être rendu à San Francisco pour un tournoi en apportant avec moi des Moats pour les échanger. Tout simplement parce qu'ils avaient leur place dans The Deck, et que celui-ci commençait à devenir populaire dans la ville de Weissman. Lui et moi étions devenus amis et j'avais toujours été fasciné par son approche du jeu.

Un regard sur la couverture d'ESPN2, dans les débuts

J'avais fait la connaissance de Chris pendant le Pro Tour. Non seulement c'était un excellent joueur, mais aussi un étonnant conteur qui pouvait transformer n'importe quel événement en histoire mémorable. Chris était très drôle et charmant. Quand je cherchais des commentateurs, Weissman et Pikula me sont venus à l'esprit. J'ai fait des essais avec eux et ils étaient chacun excellents. Je les ai réunis et c'était la perfection. Pour la majeure partie de notre époque ESPN2, ils ont été mes commentateurs fétiches.

Il y a un autre revers à cette histoire. Le Championnat du monde 1998 avait lieu du mercredi 12 au dimanche 16 août, à Seattle, dans l'état de Washington. Le samedi 15 août, ma sœur, Alysse, se mariait... À Cleveland, dans l'Ohio, d el'autre côté du continent. Ma famille avait toujours été très unie, alors il était hors de question que je manque le mariage de ma sœur. Mais je devais aussi garantir la couverture nécessaire des finales pour le programme d'ESPN2. Voilà comment j'ai fait les deux.

Je suis allé au Championnat le mercredi et le jeudi. Ma femme et moi avons ensuite sauté dans un avion le vendredi matin, arrivant à Cleveland à temps pour le dîner de répétition du vendredi soir. Le samedi, je me suis concentré sur le mariage. Nous sommes allés à la cérémonie (où j'aidais à l'organisation) et à la réception après ça. Lora et moi avons ensuite pris le premier vol le dimanche matin, parvenant grâce au décalage horaire à revenir à Seattle pour 10h00. Je suis arrivé dans la cabine des commentateurs pendant les quarts de finale.

Pour être sûr qu'il n'allait pas y avoir de problème, j'avais bien préparé la mise en place de l'événement. Weissman et Pikula étaient prévus comme commentateurs, mais ils jouaient aussi, alors j'avais une solution de rechange au cas où l'un d'eux se retrouverait au Top 8. En arrivant à Cleveland, j'ai appris que ça avait été justement le cas pour Pikula. Mon remplaçant était un certain Randy Buehler. Nous étions également devenus amis sur le Pro Tour. Plus tard, je l'avais recommandé pour un poste au service R&D. Au bout du compte, il a fini par devenir mon patron. Tout comme Weissman, j'aimais la manière dont Randy parlait du jeu et j'avais pensé qu'il y avait des chances qu'il fasse un bon commentateur.

Quelques instants après être revenu dans la cabine, j'ai vu Pikula perdre son match de quart de finale. C'est alors que j'ai pris une décision inhabituelle. Le programme d'ESPN2 ne faisait qu'une demi-heure. Sauf en cas d'un match hyper rapide (comme celui du Championnat 1999, j'y reviendrai dans une minute), nous n'avions généralement que le temps de montrer la finale. Cela voulait dire que j'avais la possibilité de faire revenir Pikula. Buehler avait fait du bon travail (et il aurait plus tard bien d'autres occasions de le montrer), mais je pensais vraiment que Weissman et Pikula étaient mes deux meilleurs commentateurs. Alors j'ai demandé à Chris s'il voulait faire les commentaires sur les demi-finales et la finale. Il a accepté et il est devenu le premier, sinon le seul joueur à couvrir le Pro Tour pendant un top 8 auquel il avait participé. Il était génial et la couverture d'ESPN2 a été fantastique.

Avant que j'oublie, Brian Seldon a battu Ben Rubin en finale pour devenir le Champion du monde de Magic 1998. Seldon et Rubin étaient américains, donnant aux USA le seul grand chelem de la saison du Pro Tour. L'équipe américaine a aussi remporté la finale par équipes face à l'équipe de France.

Championnat du monde 1999—Trop rapide

Le Championnat du monde de Magic 1999 a eu lieu à Yokohama, au Japon. Yokohama, juste pour info, est une ville proche de Tokyo. C'est une des rares villes à avoir reçu deux Championnats du monde (l'autre a eu lieu en 2005). Le Championnat 1999 est célèbre pour beaucoup de raisons, mais la plus importante reste certainement le fait que c'est le premier Pro Tour à avoir été remporté par Kai Budde.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas leur historique du Pro Tour, Kai Budde est un joueur professionnel d'Allemagne qui détient avec sept victoires le record du nombre de Pro Tours gagnés. C'est aussi l'un des deux seuls joueurs à avoir gagné un Championnat du monde, un Championnat du monde par équipe et un Magic Invitational. (L'autre personne à avoir accompli ce petit miracle est Jon Finkel.) Kai Budde fait partie du Magic Pro Tour Hall of Fame, élu quasiment à l'unanimité. Mais à l'époque du Championnat du monde 1999, il n'était pas encore si célèbre. Cela ne veut pas dire que c'était un inconnu. Cette année-là, il avait réussi à gagner trois Grand Prix européens de suite, sans compter une deuxième place. Mais sur la scène du Pro Tour, il était encore une nouvelle tête.

Kai Budde

Le Championnat était toujours diffusé sur ESPN2, alors j'avais sélectionné mes commentateurs et je les avais envoyés au Japon. Ni Weissman ni Pikula ne participaient au Championnat cette année alors, contrairement à l'année précédente, il n'y avait aucune raison de craindre un changement de dernière minute. Cependant, le travail avait obligé Pikula à prendre l’avion de nuit à la dernière minute et il était exténué.

Le dernier jour a été très représentatif de toute la saison. Les États-Unis étaient toujours en tête, mais un nouveau pays commençait à faire parler de lui : l'Allemagne. Les événements en individuel et par équipes se sont résumés par un affrontement entre les États-Unis et l'Allemagne.

La finale par équipe s'est déroulée en premier. L'équipe US était composée de son capitaine et champion US Kyle Rose, ainsi que de John Hunka, Zvi Mowshowitz et Charles Kornblith. L'équipe allemande consistait du capitaine et champion d'Allemagne Marco Blume, ainsi que de Rosario Maij, David Brucker et Patrick Mello. Les deux équipes débordaient de joueurs professionnels. Zvi Mowshowitz, futur membre du Hall of Fame, était le plus connu des Américains, et Patrick Mello était probablement le plus célèbre des Allemands. Marco Blume est devenu plus tard célèbre pour sa collaboration avec Kai Budde et Dirk Baberowski dans le cadre de l'équipe Phoenix Foundation, gagnante de deux Pro Tours par équipes, ce qui fait de lui l'un des rares joueurs professionnels à avoir gagné au moins deux Pro Tours.

Les Allemands avaient l'air plus forts sur le papier, mais les Américains n'avaient perdu le Championnat par équipe qu'une seule fois (en 1997) depuis le début des événements par équipe. Au final, les Américains l'ont remporté. Malheureusement pour Marco Blume, l'action la plus mémorable de toute la finale avait été son Dragon avide joué sans artefact sur le champ de bataille, le forçant à le sacrifier. (Pour sa défense, au moment où le deck lui permettait de jouer le Dragon avide il y avait des artefacts en jeu, presque tout le temps en fait.) En dehors de cet acte malheureux, l'équipe allemande avait bien joué, mais pas aussi bien que les Américains.

Dans les coulisses, nous avions décidé d'avoir un programme ESPN2 sur l'événement par équipe et un autre sur la finale en individuel. Quand il a été révélé que la finale se jouerait entre l'Américain Mark LePine et l'Allemand Kai Budde, il y a eu quelques inquiétudes parce qu'aucun des joueurs n'était vraiment très connu. LePine avait connu un certain succès dans les Pro Tours, mais c'était le premier Top 8 au Pro Tour pour Kai Budde. Ayant vu jouer Budde lors du Grand Prix Barcelone (c'était là que l'Invitational avait eu lieu) et connaissant ses résultats de Grand Prix, j'ai assuré tout le monde que Kai était tout à fait digne du titre de champion du monde.

Les deux joueurs jouaient des decks mono-rouges. Celui de Mark penchait plus vers la destruction de terrains, et Kai jouait un deck d'artefacts rouge (le même que Marco Blume avait joué lors de l'événement par équipe). Les deux decks étaient exceptionnellement rapides. La première partie a duré moins de quatre minutes. La deuxième, moins de trois minutes. La victoire était allée à l'Allemand dans les deux cas. Je me souviens être allé sur la scène avant la troisième partie. « Vous pouvez prendre tout votre temps, ai-je dit. Inutile de vous presser. »

Je leur ai dit ça parce qu'on avait un programme de 30 minutes à remplir et les deux premières parties avait duré un total de sept minutes. Il a ensuite fallu cinq minutes à Budde pour gagner la troisième partie. Ce qui veut dire que la finale, au total, n'avait duré que douze minutes. Même en montrant le match dans sa totalité, y compris une discussion pré-duel, la finale ne contenait pas assez de matière pour remplir une émission. Nous avons fini par devoir ajouter des images des demi-finales pour compléter la demi-heure.

Les USA et l'Allemagne ont fini par se partager les deux gros événements, mais l'Allemagne avait clairement démontré que c'était un pays à surveiller de près. Pendant les années qui ont suivi, l'Allemagne, et plus particulièrement Budde, est devenue dominante comme on ne l'avait jamais vu dans le jeu.

Partout dans le monde

Nous sommes à court de temps, alors les histoires futures des Championnats du monde devront attendre une autre semaine sur le sujet. J'espère que vous aurez apprécié les anecdotes d'aujourd'hui et je suis très intéressé par votre feedback. Vous pouvez me contacter par email ou contactez-moi par n’importe lequel de mes médias sociaux (Twitter, Tumblr, Google+, Instagram).

Rejoignez-moi la semaine prochaine quand je consulterai mon courrier.

En attendant, que vos parties de Magic soient tout aussi mémorables.


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