Imaginez ceci.

En Standard, vous êtes bloqué dans un match miroir Midrange. Vous jouez blanc-noir-vert et votre adversaire, quelque chose qui paraît au moins très similaire.

Vous avez joué une longue partie d’allers-retours, en échangeant quasiment au même rythme des ressources avec votre adversaire. Vos deux mains sont vides, vous campez tous deux à six points de vie avec plein de terrains de base sur le champ de bataille.

Vous arrivez à votre étape de pioche, prenez la carte du dessus de votre bibliothèque en main et vous voyez ceci :

Comme cible la plus attractive, vous avez un Partisan sylvestre amélioré dans votre cimetière, que le Rallieur pourrait faire revenir. Qu'allez-vous faire ?

Parlons-en.

Trouver de la valeur

Le Rallieur renégat n’est que l’une des nombreuses cartes qui nécessitent une autre condition à remplir pour en retirer toute la « valeur ».

Bien sûr, c’est toujours une 3/2, mais ce n’est pas pour cela que vous mettez le Ralieur rénégat dans votre deck Construit. Vous le jouez à cause de l’effet de révolte.

Il existe des tonnes d’exemples de perte de valeur dans Magic. Lancer Ishkhana sans le délire. Un Échange sanglant avec une seule créature. Et même sacrifier un jeton Indice alors qu’on a toujours la Traqueuse infatigable en main. Vous choisissez alors d’utiliser votre carte avant le moment où elle pourrait vous offrir tout son potentiel.

Et pourtant, c’est parfois la bonne chose à faire. Même si ça brise le cœur de Marshall Sutcliffe (et à vrai dire aussi le mien), attendre pour avoir la valeur maximale n’est pas toujours la bonne façon de jouer.

Rappelez-vous : la seul valeur — le seul type d’avantage — qui importe vraiment dans Magic, ce n’est pas qui a pioché le plus de cartes ou qui avait l’avantage de tempo ou encore qui a pu deviner la main de son adversaire, carte par carte, pour toute la partie. C’est l’avantage de jeu, ni plus, ni moins. Tout le reste n’est qu’un moyen pour arriver à ses fins. Si vous voulez gagner, remportez la partie.

J’ai gagné des parties en tuant quatre de mes propres créatures avec le Pyroclasme, en faisant un chump block avec mon unique Rat de meute, et en contrant mes propres sorts. Si cela vous rapproche de la victoire (et si ce n’est pas illégal, bien sûr), alors faites-le.

D’accord. Donc. La question qui se pose : devriez-vous lancer le Rallieur maintenant et menacer le total de points de vie de votre adversaire, ou devriez-vous plutôt attendre et essayer d’avoir la révolte pour ramener ce gros Partisan au front ?

Il y a trois facteurs principaux que j’examine en général dans toute situation comme celle-ci. Voyons-ça de plus près !

Risque et récompense

La première question que je dois me poser dans tous ces scénarios est celle des risques face aux récompenses. Vous avez tous deux six points de vie. Quel est le risque dans les deux cas ?

Si vous jouez le Rallieur ici, la récompense est que votre adversaire pourrait piocher des terrains pendant deux tours et que vous remportiez la partie — aussi simple que ça.

Peut-être que vous infligerez trois blessures, puis il trouvera une créature, et dans ce cas aussi cela aura été efficace. Cela signifie également qu’il ne peut pas jouer lentement : s’il se retrouve dans une position similaire, il ne peut pas garder son Rallieur. Il doit le jouer pour bloquer le vôtre.

Mais il y a un risque. S’il pioche quelque chose que votre Rallieur ne peut pas affronter, ou un sort d’anti-créature contre lui, vous venez en quelque sorte de « jeter » ce futur Partisan sylvestre. Et il se peut très bien que vous aurez besoin de ce Partisan pour avoir une chance. S’il pioche par exemple lui-même un Partisan, le Rallieur ne sera rien d’autre qu’un petit ralentissement sur son chemin vers la victoire !

Puis il y a l’autre face de la médaille.

Game of Chaos
Jeu du chaos | Illustration par Drew Tucker

La récompense pour avoir le Partisan est énorme. Si la partie continue à s’étirer avec des allers-retours comme elle l’a fait jusqu’ici, il y a de bonnes chances que vous finissiez par pouvoir utiliser le Rallieur avec sa capacité. C’est ce type d’inévitabilité qui pourrait être décisif dans cette partie qui se prolonge.

Le désavantage est bien sûr qu’il n’y a aucune garantie que vous trouviez ce facilitateur de révolte. Il se pourrait que vous ne piochiez que des terrains lors des prochains tours.

Pire encore, votre total de points de vie est également très bas — alors si votre adversaire pioche une menace, il se pourrait que vous deviez jouer le Rallieur même si ce n’est que pour la défense. Cela vous place en position désavantageuse. Au lieu d’offrir des échanges de manière proactive, votre adversaire pourrait trouver un sort d’anti-créature avant que vous ne puissiez bloquer, et ainsi de suite.

Dans toute situation comme celle-ci, essayez d’évaluer les risques et les récompenses de vos options. Qu’est-ce qui vous rapproche le plus de la victoire ?

En utilisant cette méthode, la réponse est parfois plus évidente que vous pourriez le croire. Parfois c’est aussi simple que « si je ne joue pas Ishkhana tout de suite pour bloquer, je vais perdre ». Et si cette créature unique est tout aussi précieuse que trois, je suis content de faire un Échange sanglant — surtout si l’adversaire pense que j’ai l’Échange et oriente son jeu en conséquence.

D’accord — vous pouvez apercevoir le côté positif et le négatif de chaque option. Parlons maintenant du contexte.

Votre contexte

Pour prendre une décision éclairée, vous devriez réfléchir à ce que vous savez sur votre propre deck et sur l’état de jeu.

Prenez un moment. Examinez votre cimetière. Pensez à ce que vous avez — et à ce qu’il vous reste.

Contemplation
Contemplation | Illustration par Brom

Dans cette situation, vous allez normalement vouloir lancer le Rallieur si vous avez peu de chances de trouver un autre moyen de le déclencher. S’il ne reste par exemple que trois moyens de le faire dans 30 cartes, alors — à moins de penser que la partie s’éternisera — je ne prendrais pas cette chance sur 10.

L’inverse est tout aussi vrai. Si vous avez de grandes chances de trouver un facilitateur, alors il est plus censé d’attendre.

Combien de terrains reste-t-il à piocher dans votre deck ?

Quelles autres menaces pourriez-vous piocher ?

Si vous ne réussissez qu’à infliger trois blessures avant que votre adversaire n’élimine votre menace, disposez-vous d’autre chose (comme un sort de brûlure ou une créature avec la célérité) qui pourrait facilement infliger trois blessures et vous fournir l’inévitabilité, ou devez-vous espérer piocher vous aussi plus de créatures ?

C’est le type de questions que vous devez vous poser au sujet de votre propre deck.

Et bien sûr, si les totaux de points de vie étaient différents, alors cette situation ne se présenterait pas de la même manière. Si votre adversaire est à trois, je le menacerais bien sûr en une attaque. S’il était à vingt, je garderais mon Rallieur.

Le contexte est important…

Le contexte de l’adversaire

… Et la question ne se pose pas uniquement pour votre deck : ça compte aussi pour celui de votre adversaire !

Que savez-vous sur ce qu’il pourrait avoir ? C’est à ce moment que j’ai tendance à réexaminer le cimetière de l’adversaire ou à réfléchir à ce qu’il a joué lors de la partie.

Dispose-t-il d’une quelconque inévitabilité dans son deck qui pourrait vous faire perdre s’il la piochait ? Si vous savez qu’il a par exemple des planeswalkers comme Sorin, alors il vous incombe d’essayer de rapidement finir la partie en attaquant (ou le cas inverse, dans lequel vous n’auriez pas de problème pour faire durer la partie quelques tours de plus).

Dispose-t-il de défausse dans son deck ? Si c’est le cas, garder des cartes dans votre main est moins puissant.

Quelles cartes a-t-il déjà jouées dans cette partie ? De quoi n’a-t-il pas encore beaucoup pioché ? Si vous savez qu’il dispose d’habitude de beaucoup d’anti-créatures et que vous n’avez vu qu’une seule carte, alors il est très probable que l’anti-créature va faire son apparition.

Il est tout aussi important de savoir ce que pourrait vouloir faire votre adversaire que de savoir ce que vous pourriez piocher ou vouloir faire vous-même. Connaître l’urgence avec laquelle vous devriez conclure cette partie aura une grande influence sur vos décisions.

Valeur appropriée

Agressif ou défensif ? Optimiste ou pessimiste ? Sécurité ou témérité ? Avez-vous déjà décidé de ce que vous feriez ?

Eh bien, comme démontré dans les deux paragraphes ci-dessus, nous ne disposons pas de toutes les informations. Cela peut faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

Moi ? J’aurais tendance à jouer le Rallieur. C’est un jeu plus agressif — mais fondamentalement il signifie que si vous pouvez passer à travers deux pioches de votre adversaire, vous gagnez. De plus, vous pouvez toujours piocher plein de choses pour vous aider, même si votre adversaire pioche bien. Il pourrait piocher une créature et vous un sort d’anti-créature — et ainsi de suite.

Mais qu’en pensez-vous ? Que feriez-vous ? Faites-le moi savoir en envoyant un tweet, en m’envoyant un message sur mon Tumblr, en postant sur Reddit, en mettant des panneaux sur une voie rapide de Seattle ou par tout autre moyen par lequel vous voudriez attirer mon attention.

Je serai de retour la semaine prochaine. Je vous souhaite de trouver de la valeur aux bons endroits — et de vous amuser avec La révolte éthérique !

Gavin
@GavinVerhey
GavInsight